Parité: y aura-t-il de la meuf à Noël ? 1 message « L » par Libération <newsletter@newsletter.liberation.fr> sam. 19 déc. 2020 à 11:17 Répondre à : « L » par Libération <liberation_rsknp-dxfrdr@newsletter.liberation.fr> À : maximemichelet@live.fr Une fois par mois, L (Elle, Lui, L'autre, Liberté, LGBTQIA+), la newsletter Idées de Libération sur le féminisme, le genre et les sexualités Parité: y aura-t-il de la meuf à Noël? Ils étaient douze convives mercredi soir à l'Elysée, douze hommes à table dont le président Emmanuel Macron: Jean Castex, Premier ministre, Alexis Kohler, secrétaire général de l'Elysée, Richard Ferrand, président de l'Assemblée nationale, Stanislas Guerini, patron de LREM, François Bayrou, chef du Modem, Christophe Castaner, chef de file des députés LREM, Patrick Mignola, chef de file des députés Modem, l'eurodéputé Stéphane Séjourné, le député Thierry Solère, le conseiller politique Maxance Barré et l'ancien conseiller spécial du Président Philippe Grangeon. Au menu: l'avenir du pays, les élections régionales de juin, le programme des réformes pour les six prochains mois. Douze hommes à table dans la grande salle des fêtes de l'Elysée pour un «dîner politique» reflet du dans la grande salle des fêtes de l Elysée pour un «dîner politique», reflet du pouvoir républicain dans sa réalité nue, sans parité de façade, sans effet de diversité, révélée par accident et à la suite de la contamination du Président. Hors des «dîners» du mercredi, dans le quotidien du pouvoir présidentiel, ils sont douze hommes au cabinet de Macron, du secrétaire général Alexis Kohler (toujours lui, surnommé le deuxième cerveau du Président) à l’amiral Jean-Philippe Rolland. Une seule femme, la cheffe de cabinet adjointe Cécile Geneste (pas le poste le plus politique de l'équipe), fait partie du premier cercle présidentiel. Elles sont onze femmes, onze cadres à la mairie de Paris, à avoir bénéficié d’un poste de direction en 2018 contre cinq hommes. Excès de parité, a décrété le ministère de la Fonction publique qui vient d’infliger à la municipalité une amende, prévue par le décret du 30 avril 2012: une somme forfaitaire de 90000 euros pour les grandes villes qui ne respectent pas l’obligation de prévoir, dans les nominations, «au moins 40% de personnes de chaque sexe». Le texte avait été pensé pour propulser les femmes toujours à la traîne dans les postes de direction. Le ministère en a eu une autre lecture. Anne Hidalgo a dénoncé une mesure «absurde, injuste, irresponsable, dangereuse». Elle ira porter le chèque en personne, accompagnée de ses adjointes, ses directrices et l’ensemble des femmes du secrétariat général de la mairie de Paris. Ils étaient environ 13 conseillers et 4 directeurs de cabinet, hommes et femmes, au cabinet de l’ex-pasionaria féministe du gouvernement Edouard Philippe, Marlène Schiappa. Tous sont partis entre 2017 et 2019, dont des «expertes, juristes, cheffes de cab. chevronnées, hautes fonctionnaires. Toutes féministes engagées», énumère sur Twitter la sénatrice PS Laurence Rossignol. Brutalité managériale, accusent les sortants, caractère éruptif de la ministre, répond son entourage. Ils étaient deux à Marseille. Elle maire de la cité, lui premier adjoint. Pour la première fois dans l'histoire, la deuxième ville de France était dirigée par une femme. Au bout de six mois, l’écologiste Michèle Rubirola, venue de la société civile, a annoncé sa démission pour raisons de santé, laissant son siège à Benoît Payan, professionnel de la politique. La parité n’aura pas passé l’hiver. Cécile Daumas Photo Philippe Lucchese Harcelé en ligne, un couple lesbien décroche la une Il suffit parfois d’une image pour bouleverser stéréotypes et lois ancestrales. Publiée en une de l’édition britannique du magazine Elle début décembre, la mannequin sud-soudanaise Aweng Ade-Chuol embrasse sa femme, Alexus. Une réponse à la haine lesbophobe que la jeune femme subit depuis l’annonce de son mariage en décembre 2019. Celle qui, à 22 ans, a déjà collaboré avec les marques Fenty, Burberry, Ralph Lauren mais aussi avec Beyoncé pour son film Black is King, a évoqué sur Instagram «un chef-d’œuvre intemporel». Aweng Ade-Chuol a été repérée à 16 ans alors qu’elle vivait à Sydney avec sa mère et ses 11 frères et sœurs. Fuyant le conflit sud-soudanais, la famille a vécu plusieurs années dans un camp de réfugiés au Kenya avant de partir pour l’Australie. Mais la photo à l’aura lumineuse du Elle UK cache une histoire bien sombre. «Nous nous sommes mariées et le monde entier, littéralement toute ma communauté, souhaitait que je meure, en quelque sorte… Quelques mois plus tard, j’ai tenté [de me suicider]. C’était vraiment absurde, car inconsciemment, je me sentais peut-être épuisée par le fait que nous nous étions mariées», confie-t-elle au magazine, notant aussi les conséquences de la crise sanitaire sur sa santé mentale. Au Soudan du Sud, le mariage homosexuel est interdit par la Constitution depuis 2011. «C’est toujours un sujet aujourd’hui: “Comment ose-t-elle épouser une femme?” Vous ne pouvez pas contrôler ce que les gens disent.» Cette une est un symbole fort. «Les magazines sur papier glacé ont traditionnellement mis les couples hétérosexuels en couverture, j’ai rarement vu des couples de même sexe embrassés et célébrés de la même manière», explique la rédactrice en chef, p q Farrah Storr, à Yahoo Life. L’enjeu? Montrer un «jeune couple amoureux à la fin d’une année très difficile: Aweng et Lexy semblaient être le choix le plus naturel au monde». Marlène Thomas Photo Elle Ecarts de salaire : ces hommes vexés pour un sou Comment se sentent un homme et une femme en couple quand l’un gagne plus que l’autre? Une récente étude de la City University of London, dirigée par la sociologue Vanessa Gash, a mesuré «les implications des écarts de la sociologue Vanessa Gash, a mesuré les implications des écarts de rémunération» auprès de 40000 ménages britanniques. Et le constat est sans appel: «Les hommes souffrent lorsqu’ils gagnent moins que leurs épouses.» Et les femmes sont moins affectées si elles sont moins bien rémunérées. Scénario inverse, les hommes apprécient «le coup de pouce psychologique lorsqu’ils gagnent plus que leurs femmes». Au lieu de rechercher un idéal d’égalité vers lequel semble tendre la société, la vision de l’homme comme pilier financier du couple et de la famille semble avoir encore une longue vie devant elle. Preuve de la persistance de ces normes de genre, les femmes gagnant plus que leur conjoint n’en retirent aucun bénéfice. Les hommes gagnant plus sont, eux, incités à maintenir «une division traditionnelle du travail rémunéré et non rémunéré», laissant majoritairement à la femme la charge des tâches domestiques et parentales. La fameuse «double journée», couplée à une charge mentale. L’ensemble de ces réactions psychologiques pourrait contribuer à la persistance des inégalités de revenus au sein des couples. Les hommes souffrant de gagner moins peuvent être plus réticents à donner la priorité à l’emploi de leur femme, à partager un congé parental ou à prendre toute autre décision professionnelle susceptible de les mettre dans une situation de revenus moins avantageuse, relève l’étude. En attendant, les inégalités persistent. Selon les dernières données d’Eurostat publiées en mars, l’écart salarial entre les femmes et hommes est de 15,5% en France et de 19,9% au Royaume-Uni. M.T. Photo Getty Images Le jeu vidéo varie en genre Femme? Homme? Ne se prononce pas? Le choix qui s’offre après la scène d’introduction trépidante d’Assassin’s Creed Valhalla, dernier épisode en date de la série d’Ubisoft qui se déroule au temps des Vikings, a de quoi surprendre. Pendant quelques minutes, nous avons incarné un enfant de neuf ans, Eivor, et nous devons maintenant, avant de passer à l’âge adulte, choisir son sexe. Il est même possible de laisser le jeu alterner à sa guise les avatars féminin et masculin d’Eivor. Une fluidité de genre singulière qui n’a rien d’anecdotique. S’il est un mythe qui fut tenace, dans l’industrie du jeu vidéo, c’est celui qu’un personnage principal féminin est synonyme de moins bonnes ventes. Pendant longtemps, le biais viriliste de ce milieu poussait ses acteurs à considérer le succès de nombreuses héroïnes (Tomb Raider, Metroid, Bayonetta…) comme une exception, et les déconvenues (Beyond Good and Evil, Mirror’s Edge…) comme des confirmations implacables de cette règle pour le moins bancale. Avec le temps, ça a fini par se voir. Cette idée reçue semble aujourd’hui appartenir à un autre temps, avec de plus en plus de superproductions qui n’hésitent pas à mettre en avant des héroïnes puissantes (The Last of Us, Horizon Zero Dawn, Control…). Et s’il fallait dater la bascule, ce serait peut-être en juin 2014, quand Ubisoft fut sommé de se justifier sur l’absence de personnages féminins jouables dans son jeu Assassin’s Creed Unity. S’il était acceptable d’avoir un héros masculin pour arpenter les rues du Paris de la Révolution française, rien ne pouvait justifier l’absence de femmes dans le mode de jeu permettant aux joueurs de s’affronter en ligne. Si ce n’est la piteuse excuse d’un directeur créatif arguant que c’était trop de travail à animer. L’éditeur français essaie depuis de se rattraper en permettant d’incarner des femmes assassins, mais sans pour autant supprimer l’alternative masculine. Ainsi, en 2018, dans Assassin’s Creed Odyssey, il était possible de parcourir la Grèce antique dans la peau de la redoutable mercenaire Kassandra, ou de choisir Alexios, son frère. Difficile cependant de se défaire de cette impression que le jeu était avant tout pensé pour Kassandra, l’autre choix n’existant que pour ne pas froisser la susceptibilité supposée de gamers obtus. C’est, dans Valhalla, encore plus clair. Si on laisse le programme choisir, on finit par arpenter l’essentiel du jeu avec une guerrière farouche, pour ne diriger le Eivor masculin qu’en de rares occasions. L’option la plus amusante reste peut-être de basculer d’un genre à l’autre en fonction de son humeur, ce qui reste possible à tout moment. Les joueurs ont l’habitude d’estimer la fluidité d’un jeu au nombre d’images par seconde affichées à l’écran. Ubisoft a peut-être trouvé une autre définition. Erwan Cario A i ’ C d V lh ll Ubi f b 2020 ► Assassin’s Creed Valhalla, Ubisoft, novembre 2020. Photo Ubisoft Des JO paritaires en 2024 Les Jeux olympiques 2024 seront les premiers à respecter une stricte parité entre les athlètes femmes et hommes. Ces jeux se tiendront à Paris, clin d’œil historique: c’est dans la capitale française, en 1900, que les femmes ont pu participer pour la première fois aux JO de l’ère moderne, quatre ans après l’édition inaugurale de 1896 à Athènes. A l’époque, elles n’étaient que 22 sur les 997 sportifs, soit un maigre 2,2%, et ne concouraient que dans cinq sports: le tennis, la voile, le croquet, les sports équestres et le golf. Il aura fallu attendre cent-vingt-quatre ans pour parvenir à 50% et donc 5250 femmes athlètes. Cet équilibre entre les sexes sera toutefois presque atteint aux JO de Tokyo, reportés en 2021, avec 48,8% de femmes engagées dans la compétition. Le symbole parisien de la parité s’accompagne d’une augmentation du nombre d’épreuves mixtes, passant de 18 à 22 par rapport à l’édition de Tokyo. L’athlétisme, la boxe et le cyclisme présenteront une parfaite égalité entre les sexes, une première également. «Ainsi, 28 des 32 sports inscrits au programme de Paris 2024 afficheront une stricte parité», souligne le Comité international olympique (CIO). Une nouvelle catégorie de poids en boxe fera même son entrée en remplacement d’une catégorie masculine Plus que la parité en elle-même c’est la disparition de certaines masculine. Plus que la parité en elle même, c est la disparition de certaines épreuves comme le 50 km marche et son remplacement par une épreuve de marche mixte encore à déterminer qui a fait polémique. Le CIO a justifié cette décision par ce même objectif de parité et la réduction globale du nombre d’athlètes. Un logo dévoilé en octobre 2019, dessinant un visage de Marianne à travers les symboles de la flamme et de la médaille d’or, symbolise ce nouvel équilibre. Un visuel aux lèvres pulpeuses qui avait été moqué et critiqué notamment pour sa représentation objectifiante de la femme. M.T. Photo Elizabeth Becker, médaille d’argent du plongeon des JO de Paris en 1924. Photo Bettmann. Getty Kamala Harris. Photo Noah Berger. AFP Avec Kamala Harris, les minorités au pouvoir «Je suis la première à occuper ce poste, mais je ne serai pas la dernière parce que maintenant, toutes les petites filles qui nous regardent savent que c’est un pays d’opportunités», déclarait-elle en novembre, au lendemain de sa victoire contre Trump. A 56 ans, Kamala Harris sera le 20 janvier la première femme noire à devenir vice-présidente des Etats-Unis. Avec son élection s’ouvre une nouvelle ère démocratique. Joe Biden et elle-même ont veillé à assurer parité et diversité au plus haut sommet de l'Etat. Dernière nomination en date annoncée ce jeudi: la parlementaire Deb Haaland, 60 ans, devrait devenir la première ministre amérindienne de l’histoire du pays, en charge du ministère de l’Intérieur. Janet Yellen, elle, va diriger le Trésor américain, Avril Haines le de l Intérieur. Janet Yellen, elle, va diriger le Trésor américain, Avril Haines le renseignement national, et dans l'équipe économique du futur président, Neera Tanden, une femme d’origine indienne, dirigera le Bureau de la gestion et du budget. La communication de la Maison Blanche sera 100% féminine avec l'arrivée remarquée de la députée américano-haïtienne Karine Jean- Pierre. Née en Martinique il y a quarante-trois ans, lesbienne et mère d'une petite fille, elle sera la future attachée de presse adjointe de la présidence. Alexandria Ocasio-Cortez et Deb Haaland. Photo Mandel Ngan. AFP En n’oubliant pas de saluer les femmes, et notamment les femmes noires (décisives par leur vote dans la dernière élection), dans son discours de victoire, Kamala Harris joue un rôle de transmission entre anciennes et nouvelles générations, estime la politologue Marie-Cécile Naves. Nouvelle génération incarnée notamment par l'étoile montante du parti démocrate, Alexandria Ocasio Cortez, plus jeune candidate jamais élue au Congrès en 2018. D'origine hispanique par sa mère née à Porto Rico, elle entre à 29 ans la Chambre des représentants. Ancienne génération, avec la pionnière, Shirley Chisholm, première femme noire à siéger à la Chambre des représentants en 1968. En 1971, elle se présente à l’investiture démocrate pour être désignée candidate à l’élection présidentielle. Son slogan: «Pas à vendre, pas de maître» («Unbought and unbossed»). A l'époque, personne ne la soutient, pas même les militants noirs ou féministes plus radicaux qui lui reprochaient de faire le jeu du système. C.D. Shirley Chisholm lors d’une manifestation à Washington, en 1971. Photo Mike Lien. New York Times. Getty Images Cherchez le Gascon Le Sud-Ouest, ses éleveurs de canards, ses rugbymen et ses pêcheurs. L’homme gascon, qu’il lutte contre les baïnes ou dans une mêlée pour récupérer un ballon, est musclé, viril. Le photographe Maxime Michelet, natif de la région, a longtemps été heurté par cette représentation, loin de refléter son propre corps. Des années après, il y revient pour mettre en scène six tableaux photographiques ancrés dans ce territoire rural. Rayanne, son double au physique malingre, adopte les coutumes locales et questionne la vision uniforme de la masculinité. La série «Rayanne au Sud-Ouest» est un témoignage ambivalent d’amour et de rejet de cette terre. Tess Raimbeau ►https://www.instagram.com/maxime.michelet/ Photo Maxime Michelet Gerty Archimède, première élue noire à l’Assemblée nationale «Elle croyait à la fois au pouvoir du politique et du droit, et à l’engagement de la rue», s’enthousiasme la chercheuse Audrey Célestine. L’avocate Gerty Archimède (1909- 1980) est la première femme inscrite au barreau de la Guadeloupe. Et bientôt «la première femme noire à siéger à l’Assemblée nationale, en 1946, deux ans seulement après l’obtention du droit de vote des femmes», résume la maîtresse de conférences en sciences politiques à l’université de Lille. Des figures comme Gerty Archimède sont là pour le rappeler: «Les historiens redécouvrent aujourd’hui qu’à chaque étape, à chaque combat, que ce soit pour l’abolition de l’esclavage, les droits civiques ou contre la colonisation, les femmes étaient là. Et dès qu’elles ont pu voter, elles se sont mobilisées.» Communiste, féministe, Gerty Archimède a assisté des Guadeloupéens démunis dont la maison avait brûlée dans le grand incendie de Pointe-à-Pitre en 1948. Des syndicalistes dans les années 60. Mais aussi Angela Davis, arrêtée par les douanes françaises alors qu’elle faisait escale en Guadeloupe à son retour de Cuba. «Si je n’avais écouté que mes désirs, je serais restée sur l’île pour tout apprendre de cette femme», écrira la militante américaine à propos de Gerty Archimède. Députée, celle-ci doit faire face aux caricatures racistes et sexistes... comme, soixante ans plus tard, Christiane Taubira, députée de Guyane puis garde des Sceaux. «Etre une femme noire en politique est sans doute tout aussi compliqué aujourd’hui qu’après guerre», note Audrey Célestine. Sonya Faure ► A lire Des vies de combat: femmes, noires et libres d’Audrey Célestine, éd. l'Iconoclaste, octobre 2020. Photo Franck Guiziou. Hemis. AFP Sanjeeyann Paléatchi, Véli bassin Long. Photo Margot Montigny Eco-artistes en fusion L’écoféminisme, une lutte des années 70? Pas le moins du monde pour Julie Crenn, commissaire de «Even the rocks reach out to kiss you» au Transpalette de Bourges. Alors que l’exposition –que nous n’avons pas vue, malheureusement– sommeille trop sagement dans les salles fermées, ses vibrations rebelles et ses images étonnantes méritent que l’on s’y attarde avant qu’il ne soit trop tard. Si le mot «écoféminisme» apparaît en Europe en 1974, sous la plume de la théoricienne Françoise d’Eaubonne, de nombreux artistes contemporains sont toujours en accord avec la nécessité de faire converger les luttes féministes et écologiques. A cette convergence s’ajoute aujourd’hui la lutte décoloniale. A Bourges, une vingtaine d’artistes sont déployés, certains plus en colère que d’autres, comme la performeuse Nadja Verena Marcin qui brandit une épée de cactus telle une guerrière Jedi. Sur le site archéologique du fort de Samaipata, en Bolivie, l’artiste allemande montre qu’elle est prête à en découdre pour redonner de la place au corps féminin, réinventer les priorités et façonner l’avenir. Dans son coin, plus discrète, Elena Moaty lève une armée de sirènes et peint des femmes, que des femmes, en équilibre sur une terre qui se craquelle. Plus tendres et humoristiques, mais néanmoins très sérieuses, les Américaines Annie Sprinkle et Beth Stephens luttent avec l’amour. Le duo a déjà épousé la terre, Sp e et et Step e s utte t a ec a ou . e duo a déjà épousé a te e, la lune, le soleil, la mer et les montagnes dans des rituels de mariage en public. Fusionnelle avec la forêt, Lundy Grandpré s’y balade à poil et s’y photographie, pour y «mouiller à en perdre la raison». C’est aussi dans les bois qu’habitent les Vélis –les gardiens de la nature– que l’artiste réunionnais Sanjeeyann Paléatchy photographie. Lors d’une résidence à Bourges, il est tombé nez à nez avec un faune amphibie qui se prélasse dans le marais berrichon. En attendant la transformation écoféministe du monde (et la réouverture de l’exposition), il est toujours possible d’écouter les œuvres dans une série audio, les Œuvres vous parlent, proposée par les médiatrices sur le Facebook du Transpalette. Suzanne Husky, La noble pastorale, Tapisserie. Photo Margot Montigny Clémentine Mercier ► «Even the rocks reach out to kiss you» au Transpalette de Bourges (Cher), jusqu’au 21 février. Infos ► - Une série féministe sur Arte. Vingt-quatre romancières pour vingt-quatre comédiennes, c’est H24, courts récits (2m30) sur autant de fait divers, moments emblématiques de la vie d’une femme, du plus banal au plus tragique. Avec notamment les écrivaines Alice Zeniter, Lola Lafon, Siri Hustvedt et les actrices Diane Kruger, Camille Cottin ou Valeria Bruni Tedeschi. Tournage en cours. ► Zorro est une femme. C’est l’actrice Sofia Vergara qui, soixante ans après Guy Williams et vingt ans après Antonio Banderas, enfilera la cape et le masque du justicier. Une série prévue pour NBC. Agenda ► Le féminisme n’a jamais tué personne: un cycle de conférences dédié à la parole féministe au centre Pompidou et en ligne à partir de janvier. Avec Elsa Dorlin, Camille Froidevaux-Metterie, Valérie Rey-Robert, Fania Noël, Ovidie... • Sexisme dans la pub : Saint Laurent à nouveau épinglée. La marque est à nouveau accusée de véhiculer une image dégradante des femmes après une plainte jugée «partiellement fondée». Une affaire qui pointe certaines limites du système d’autorégulation mis en place dans le secteur de la publicité. • Sexisme : le jeu vidéo en cure de détox. Universelle à ses débuts, l’industrie vidéoludique a rapidement bifurqué vers un modèle pensé par et pour les hommes. Mais depuis 2014, et une campagne de harcèlement misogyne baptisée «Gamergate» qui a mis en lumière de nombreuses dérives, une révolution inclusive est en marche. • En Argentine, nouvel espoir et combat constant pour les militantes pro- IVG. Deux ans après le rejet d’une proposition de loi similaire, les députés ont voté pour la légalisation de l’avortement jusqu’à quatorze semaines de grossesse. Mais le Sénat risque, une fois de plus, de retoquer le texte. • Svetlana Tikhanovskaïa, défaire le rideau. Rencontre avec l’opposante, devenue le symbole de la révolution démocratique biélorusse, qui a reçu le prix Sakharov. . La newsletter L est la vôtre ! Faites nous parvenir infos, réflexions, pistes et suggestions à l’adresse suivante: l@liberation.fr La newsletter féminisme, genre et sexualité de Libération Par Erwan Cario, Cécile Daumas, Simon Blin, Sonya Faure, Marlène Thomas. Edition: Nina Moreno Conception graphique: Nicolas Valoteau et Christelle Causse Photo: Tess Raimbeau This e-mail has been sent to maximemichelet@live.fr, click here to unsubscribe. FR
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