Aspects G é oculturels des demandeurs d’asile dans le parcours migratoire (version adaptée) Lila Slimani et Amélie Zeimet AMIF 2014 - 2020 ▪ Le phénomène migratoire est un véritable défi social et humain L’accueil et la prise en charge des migrants modifient considérablement le travail social et clinique et génère de profondes transformations des différents référentiels professionnels ▪ La sphère de l’accueil des demandeurs d’asile est habitée par plusieurs dimensions (du social, du soin, du juridique ... ) dont l’interdépendance mène à une redéfinition du cadre de travail et des champs d’action Parce que les demandeurs d’asile représentent une population spécifique, leur accueil requestionne la spécificité du travail social et nécessite une adaptation à ce nouveau contexte de travail ▪ Comprendre le migrant dans sa décision de quitter son pays, dans sa culture, ses croyances et ses fragilisations permettra une meilleure adaptation des modes d’accueil sur son lieu d’hébergement ▪ Ce document se propose de participer à cette compréhension de ce nouveau contexte de travail. Quelques définitions Il est essentiel de distinguer les différents termes employés pour désigner les personnes déplacés dans le monde. ▪ Migrant ▪ Immigré ▪ Réfugié ▪ Exilé ▪ Migrant : Le terme est en principe neutre et désigne une personne qui part s’installer dans un autre pays que le sien, pour des raisons économiques, politiques ou culturelles Il ne s’agit au demeurant pas d’une catégorie juridique ▪ Immigré : Selon la définition adoptée par le Haut Conseil à l’Intégration, un immigré est une personne née à l’étranger, ne disposant pas de la citoyenneté du pays d’accueil Quand la personne séjourne durablement dans un pays autre que le sien, elle devient « immigrée » et peut se voir attribuer différents statuts définis par des lois nationales (demandeur d’asile, travailleur, membre de la famille ... ), ou aucun statut si elle est « sans papier », c’est à dire sans titre de séjour ▪ Réfugié : Désigne le statut d’une personne qui a sollicité une protection internationale Selon la Convention de Genève de 1951 sur les Réfugiés, le droit d’asile lui est reconnu lorsqu’elle peut justifier que ses opinions publiques, son appartenance ethnique, religieuse ou à certains groupes, pourraient entrainer des persécutions à son encontre dans son pays d’origine Ce statut ouvre des droits définis par le droit international ▪ Exilé : Le Larousse donne la définition suivante : « Se dit de quelqu’un qui est condamné à l’exil ou qui vit en exil ; banni » Dans le contexte de l’exode actuel, ces personnes ont en commun de fuir des situations de violences (guerres, exactions mais aussi misère et chaos économique et social), toutes portées par la même force vitale pour trouver un endroit où vivre dignement et assurer un avenir à leur famille ▪ Convention de Genève de 1951 : Ce traité international, découlant d’une résolution des Nations Unies, définit ce qu’est un réfugié Plus précisément, elle définit les modalités selon lesquelles les Etats doivent, ou non, accorder le statut de réfugié à un individu Elle est, encore aujourd’hui, le cadre juridique modèle pour les Etats signataires, dont la globalité des membres de l’Union européenne font partie Les étapes de l’arrivée au Luxembourg • Lune de miel • Déracinement • Attente • Obtention du statut (Adaptation/reconstruction ou marginalisation) Lune de miel ▪ L’arrivée dans un pays d’accueil et la découverte du nouvel univers culturel se fait dans une sorte d’euphorie et d’enthousiasme particulièrement pour ceux qui se sentent enfin en sécurité. ▪ Cette phase est décrite le plus souvent comme un moment tout à fait positif dans la vie de migrant. ▪ Ce stade va correspondre à la découverte plaisante de nouveaux lieux, de nouvelles personnes, de nouvelles coutumes et à l’amusement de découvrir une culture différente. Le déracinement ▪ Rupture avec le pays d’origine. ▪ Errance psychologique s’engage car certains souffrent de se retrouver dans l’impossibilité même d’être psychiquement dans un lieu. Ils ne sont plus là - bas mais ne peuvent être dans l’ici et maintenant. ▪ Séparation culturelle et celle d’avec la langue maternelle. L’attente ▪ L’attente de la réponse des instances officielles. ▪ Le demandeur d’asile se trouve dans un espace - temps suspendu. ▪ Difficulté de faire le deuil de son pays d’origine et d’investir le pays d’accueil. ▪ Effets psychiques négatifs sur le sujet : position de soumission pouvant réactiver le trauma de la torture ou de la maltraitance. ▪ Adaptation aux normes du pays d’accueil ▪ Faire face aux ruptures culturelles, communautaires et familiales ainsi qu’à la perte de son statut social. Obtention du statut ▪ Obtention du statut liée de manière corrélative avec la reconnaissance officielle des préjudices subis. ▪ Après la joie et le soulagement, la décompensation guette le bénéficiaire. ▪ Un autre temps et une autre réalité s’installent ▪ Leur conscientisation entraîne parfois un effondrement psychologique. Le parcours psychique du demandeur d’asile est sans cesse altéré par celui de la procédure et par les conditions de vie dans le pays d’accueil Cette population présente de nombreux problèmes de santé tant psychiques que somatiques Traditions Repères culturels ▪ Certaines traditions culturelles sont difficilement appréhendable ▪ Malentendus dans la relation interpersonnelle ▪ Les travailleurs sociaux observent quotidiennement des us et coutumes qui diffèrent de leur environnement familier. Notion du temps ▪ En Afrique et dans les pays orientaux, le temps n’a pas la même signification qu’en Europe. ▪ La notion de « rendez - vous » n’existe pas dans certains pays comme la Syrie. ▪ Le concept de « permanence horaire » est difficilement compréhensible quand le mot même n’existe pas dans la langue d’origine. Modes de communication et d’échanges ▪ Certains pays d’Afrique privilégient la proximité voire le toucher lors d’un échange verbal alors que d’autres pays comme l’Erythrée ne tolère pas ce type de rapprochement dans les échanges. ▪ Ne serrer la main d’une femme voilée que si celle - ci vous y invite La nourriture ▪ La nourriture est un symbole d’hospitalité, de respect et de partage dans beaucoup de pays africains et en Orient. ▪ Refuser une offrande de nourriture est un manque de respect. ▪ En Ethiopie, le bounna (le café) est offert en signe d’hospitalité et de bienveillance. Il est servi en trois fois car le chiffre trois porte bonheur. ▪ On mange et on boit toujours avec la main droite pour des questions religieuses.