JEUDI 7 OCTOBRE 2021 N° 23982 - 1,80 € Pouvoir d’achat Rouler moins cher grâce à l’éthanol PAGES 8 ET 9 LP/ARNAUD DUMONTIER Le vrai Kylian Mbappé raconté par sa maman EXCLUSIF Pour la première fois, parce que son champion de fils a été critiqué après l’Euro, Fayza Lamari sort de sa réserve. « Telle une louve », elle se confie à nos lecteurs. PAGES 2 À 4 Famille, éducation, argent, intimité 75 .fr ÎLE-DE-FRANCE Ces chefs d’entreprise victimes de squatteurs PAGES VI ET VII GASTRONOMIE Les bonnes adresses à Paris du chef Christian Constant PAGE III SUPPLÉMENT HANDICAP LA TECH CHANGE LE QUOTIDIEN CAHIER CENTRAL twipe_ftp 02 | Le Parisien JEUDI 7 OCTOBRE 2021 LE FAIT DUJOUR Siège de notre journal (Paris XV e ), mardi. La mère de Kylian Mbappé, Fayza Lamari, a discuté avec les lecteurs du « Parisien » - « Aujourd’hui en France » pendant plus de deux heures. FACE AUX LECTEURS Fouzia BELKHIR. Pourquoi avoir décidé de prendre la parole maintenant ? FAYZA LAMARI. Cela fait un moment qu’on y réfléchit et que mon avocate me pousse. Pendant de nombreuses années, j’ai souhaité rester dans l’ombre et continuer à travailler. Mais après l’Euro 2021, ça devenait fantasma- tique à mon sujet. On inven- tait tout et son contraire. Donc j’ai fait ma première sortie sur Twitter. Et puis j’ai dit stop, il faut que je parle. Pour les familles, les grands- mères, ça va trop loin. Kylian ne peut pas passer de gendre idéal à diablotin. Et puis Kylian me demande depuis deux ans de sortir du bois, alors que moi je veux conti- nuer à aller à la Fête de l’Humanité tranquillement. Je suis la seule de la famille à ne pas avoir d’agent de sécu- rité. Mais après cette inter- view, ce sera fini (elle rit) Alexis LENOIR. Quand on est un grand joueur comme Kylian, on reçoit beaucoup d’amour mais aussi beaucoup de critiques. Comment se prémunit-on de tout cela en tant que manageuse et maman ? Pendant longtemps, c’était dif- ficile de faire la différence entre les deux. Car je suis avant tout une maman. Après son premier match de Ligue des champions face à Man- chester City en 2017 où il marque un but, je me suis demandé ce qui se passait. Il était devenu Justin Bieber, et ça m’a fait peur. Entre Man- chester City et son transfert au PSG, j’ai pris 24 kg. Au départ, c’est très difficile, car vous n’êtes pas préparé à ça. Et puis au fil du temps, vous éteignez tout car certains commentai- res sont d’une telle violence ! L’été dernier, c’était un peu ça. Comme je le disais, il était devenu celui qu’il fallait abat- tre sur la place publique. Et là, c’est la maman qui intervient. Il a 22 ans, il va commettre des erreurs, mais il ne méritait pas tout ce qui lui est arrivé. Donc là je sors telle une louve. Alexandre VIARGUES. Vous trouvez qu’il y a un décalage entre son image dans les médias et la réalité ? Oui, mais c’est aussi de sa fau- te, parce que c’est la seule manière qu’il a trouvée de se protéger. C’est un enfant qui est sous le feu des projecteurs depuis l’âge de 8 ou 9 ans. Quand on a choisi Monaco pour qu’il fasse sa formation, c’était aussi pour l’envoyer loin de Paris. On voulait le proté- ger. Cela fait deux ans que j’aimerais faire un documen- taire, mais il ne le souhaite pas. Il dit : « Les gens savent déjà tout de ma vie, maintenant ils vont savoir où je dors, ce que je mange... » Il faut peut-être qu’il apprenne à s’ouvrir un peu plus. Car ce n’est pas le même en off. Après il a, c’est vrai, cette assurance qu’on lui a donnée, avec son père. C’est ce qui fait sa force. Je lui ai tou- jours dit : « On vient de Bondy, et si tu n’as pas confiance en toi, qui va l’avoir à ta place ? » Il n’y a pas de plafond de verre. Issa DIAMBO. Comment avez-vous reçu la phrase de Frédéric Antonetti, l’entraîneur messin, qui a dit après le match Metz - PSG : « S’il veut être aimé, [Mbappé] gagnerait à être plus humble » ? Moi la première, quand je l’ai vu faire son geste envers le gardien de Metz, je lui ai dit : « Qu’est-ce que tu as fait ? » Mais c’est un joueur, un « sale gosse » (sic) , vous avez bien vu les captures d’écran quand il se cache derrière Neymar. Il a chambré et c’est vrai que Kylian est un chambreur. Mais il n’y a rien de méchant. L’IMAGE DE KYLIAN | « Je sors telle une louve » ELLE EST ARRIVÉE à 10 heures précises dans les locaux du « Parisien » - « Aujourd’hui en France ». Souriante, charmeuse, elle fait connaissance des six lecteurs invités à lui poser des questions. L’exercice est inédit pour cette femme qui a jusque-là toujours choisi de rester dans l’ombre. Mais la maman de Kylian Mbappé avait besoin de parler, de rétablir quelques vérités, et elle préférait le faire face à des lecteurs. Car elle aurait pu être à leur place, il y a quelques années : « Le Parisien , c’est mon journal, celui dans lequel je lisais les résultats des sports en Seine-Saint-Denis. » Détendue, à l’aise, affable, elle va se confier pendant plus de deux heures sans jamais utiliser de joker. À travers la vie de son fils et de sa famille, elle se raconte avec pudeur, humilité, sincérité et une vraie dose d’humour aussi. L’ENTRETIEN DE FAYZA LAMARI « Entre le PSG et Madrid, c’est comme choisir entre ses parents » EXCLUSIF La mère de Kylian Mbappé s’est confiée aux lecteurs de notre journal mardi. Elle n’a esquivé aucune question sur sa vie, sa famille et l’avenir de son fils. L ’ ÉDITO MARIE-CHRISTINE TABET Mbappé, enfant modèle Kylian Mbappé en garde alternée une semaine sur deux chez papa ou maman ! Le joueur à la renommée internationale, parmi les mieux payés de sa génération, s’est bien sûr offert un luxueux appartement. Mais l’attaquant de 22 ans séjourne fréquemment chez ses parents, récemment séparés. La longue interview accordée par la mère du jeune champion aux lecteurs du « Parisien » - « Aujourd’hui en France » vient nous rappeler que le crack du PSG restera à jamais un enfant pour les siens. Une opération de réhabilitation au moment où le « gendre idéal » se retrouve sous le feu des critiques ? L’image du chouchou de la Coupe du monde 2018, qu’elle gère à titre professionnel, s’est un peu ternie au fil des derniers mois. Les supporteurs lui reprochent ses tergiversations entre le Real Madrid et Paris. Son tempérament impétueux et son assurance lui valent une désagréable réputation d’arrogance. Fayza Lamari annonce la couleur. Elle sort les crocs et « devient une louve » lorsqu’on attaque son rejeton. Comme toutes les mamans du monde. Le Kylian qu’elle connaît est « un chambreur [...], il n’a rien de méchant ». Demi-dieu du stade, le footballeur se fait rabrouer lorsqu’il joue « les sales gosses » à la maison. Sa maman nous apprend qu’à Monaco, elle a interdit à son fils de faire cirer ses chaussures à 18 ans — comme les autres joueurs — et qu’elle le sermonne lorsqu’il sort sans argent ou gratifie Neymar de « clochard » pendant un match. Et cela fait un bien fou, ces moments de normalité dans un univers qui en est loin... À 47 ans, ancienne handballeuse professionnelle, Fayza Lamari parle cash. Native de Bondy, d’origine kabyle, elle a gardé les pieds dans le 93, qu’elle a quitté il y a juste trois ans pour s’installer à Paris. Avec des grands-parents camerounais et algériens, le jeune Kylian a explosé le plafond de verre qui couvrait son berceau. On sent que Fayza Lamari a conscience que son parcours lui donne une responsabilité de modèle pour de nombreux gamins. C’est d’ailleurs sur le fronton d’une école qu’elle rêve de voir inscrire son nom, quitte à renoncer à certains contrats publicitaires. twipe_ftp 03 | Le Parisien JEUDI 7 OCTOBRE 2021 a Il a son appartement donc il commence à s’émanciper, mais il a un vrai besoin d’être avec nous ENTRETIEN COORDONNÉ PAR FRÉDÉRIC GOUAILLARD, ARNAUD DETOUT, DOMINIQUE SÉVÉRAC, ET LAURENT PERRIN PHOTOS : ARNAUD DUMONTIER Donatienne SCHREINER. Pourquoi veut-il déjà quitter Paris ? C’est « déjà » sa 5 e saison à Paris. Il a mis du temps pour réfléchir car il avait aussi la possibilité de prolonger. S’il a demandé à partir, c’est parce que son temps est fait. On ne voulait pas partir libres, donc on voulait avancer son départ d’une année afin que le club perçoive une indemnité. On ne peut pas nous reprocher ensuite de partir libres. Mais je comprends que le PSG veuille garder Kylian. Je n’oublie pas également que son transfert de Monaco au PSG en 2017 bloquait à 145 millions d’euros, et c’est Nasser (Al-Khelaïfi, président du PSG) qui avait permis d’élever la proposition parisienne à 180 millions d’euros le 31 août. Je com- prends aussi que les suppor- teurs ne soient pas contents. Mais il a des rêves, celui de jouer à la fois pour le PSG et le Real Madrid. Fouzia BELKHIR. Aujourd’hui, le Real est pourtant moins fort que le PSG, sportivement... Il y a quatre ans, le Real était plus attractif que le PSG et on a choisi le PSG. Cet été, Kylian avait décidé le Real car il vou- lait réaliser son rêve et être au début de l’histoire. Si vous rajoutez au Real Kylian, plus 3 ou 4 joueurs dans les quatre années à venir, cette équipe n’est plus la même. Kylian veut se trouver au centre d’un pro- jet sportif. Il a besoin de défis en permanence. Alexandre NADJAR. Il n’y a pas moyen de prolonger un an pour ne pas partir libre ? On discute avec le PSG, et ça se passe bien. J’ai même eu Leonardo hier soir (lundi) Après, est-ce qu’on arrivera à une issue ? Une chose est sûre : il se donnera à fond jus- qu’au bout pour gagner la Ligue des champions. Kylian a besoin d’être épanoui. S’il est malheureux, il est capable de vous dire : « J’arrête ma carriè- re ». Et il nous le dit souvent. Avec Kylian, tout peut changer du jour au lendemain. Fouzia BELKHIR. La volonté de quitter le PSG de Kylian vient-elle de vous ? C’est comme ça qu’on l’a pré- senté : c’est le papa qui voulait qu’il reste et, l’avocate et moi, on voulait qu’il parte. Aucun de nous trois ne décide. Quand Kylian veut quelque chose, vous pouvez faire ce que vous voulez, il va le faire. C’est son côté kabyle qui ressort (elle rit) Il n’est pas parti, il est au PSG et heureux d’y être. On peut avoir des envies de départ sans renier l’endroit d’où on veut partir. D’ailleurs, entre rester au PSG et aller à Madrid, c’est un peu comme choisir entre ses deux parents. Êtes-vous présente lors des négociations ? Oui, avec Wilfrid et Delphine (son avocate) . On a refusé une première proposition du PSG puis une seconde en fin de mercato vers la mi-août. Quand on négocie, on tombe d’abord d’accord sur le sportif car ensuite l’aspect financier est réglé en une heure. Alexandre NADJAR. Comment a-t-il vécu l’arrivée de Messi ? Il est très heureux ! La semaine dernière, il lui a même deman- dé son maillot. Kylian pourra raconter à ses enfants plus tard qu’il a joué contre Cristia- no et avec Neymar et Messi, ses idoles de jeunesse. Il avait les posters de ces joueurs dans sa chambre. Après la décision du PSG de le garder, il m’a répondu : « Tu as vu, Maman, avec qui je vais jouer ? » Pour gagner, il vaut mieux être dans cette équipe cette année. Comment ferez-vous pour qu’il dispute les JO de Paris en 2024 ? Ce sera écrit dans son contrat. Après, il faudra qu’il soit sélec- tionné. Les JO vont se dérouler dans sa ville natale. Le PSG n’est pas contre le laisser faire. SON AVENIR | « Avec lui, tout peut changer du jour au lendemain » Alexandre VIARGUES. Après son tir au but raté lors de France - Suisse, seul Marcus Thuram vient le consoler. Est-il isolé en équipe de France ? J’ai eu la même impression que vous, mais quand je lui ai demandé, il m’a dit que non. Il s’est excusé dans le vestiaire, et ils sont venus le voir. Je ne lie pas cette image à sa per- sonnalité. Tout le monde était dégoûté et parfois, il ne faut pas aller chercher plus loin. Dans un entretien à « l’Équipe » mardi, il laisse entendre qu’il a failli mettre les Bleus entre parenthèses après l’Euro. Est-il devenu un problème en sélection ? On entend souvent ou on lit : « Le comportement de Kylian Mbappé agace ». Le Kylian de 2021 n’est plus celui de 2018 et donc on n’attend plus la même chose. Il n’a aucun problème avec les responsabilités, mais rien n’est simple. Oui, ça a été difficile pour lui, mais on a réussi à le remettre sur le bon chemin. Kylian est un précoce donc toutes ses réactions, positives ou négatives, sont exacerbées. Quand il est heu- reux, c’est un gamin de 3 ans. Quand il est malheureux, il pleure. Pour qu’il donne la quintessence de son potentiel, il doit se sentir aimé, désiré et ne pas être le problème. Mais il ne l’était pas. Il s’entend bien avec tout le monde, et ce n’est pas de la langue de bois. Le groupe est sain : il n’y a pas de méchants en équipe de Fran- ce. Il a eu 24 ou 48 heures de blues, mais il est heureux en équipe de France. Alexandre NADJAR. A-t-il pensé arrêter les Bleus après l’Euro ? Kylian fait un bilan après cha- que échec. Il ne voulait pas arrêter car il aime trop l’équipe de France, mais il se trouvait en stand-by. Se poser la ques- tion, ça ne veut pas dire qu’on va le faire. Kylian peut prendre des décisions sous le coup de l’émotion tellement il est tou- ché ou en colère et après, le lendemain, il peut s’en vouloir et regretter. Si à un moment donné, on s’était aperçus qu’il mettait sa personne devant le collectif, moi ou son père, nous lui serions rentrés dedans. LES BLEUS, L’EURO | « Quand il est malheureux, il pleure » Alexandre NADJAR. Quel est votre rôle au quotidien dans la vie de Kylian ? Est-ce que vous vivez toujours avec lui ? Nous nous sommes séparés il y a plusieurs mois, avec son papa. Donc Kylian alterne entre son père et moi. Il a aus- si son appartement donc il commence à s’émanciper, mais il a un vrai besoin d’être avec nous, même si on ne le voit quasiment jamais à cause des matchs tous les trois jours. Et dans sa vie profes- sionnelle, je suis avant tout sa maman, mais je m’occupe aussi avec l’avocate de sa communication, de son ima- ge et des projets sociétaux et autres qu’il souhaite mettre en place. Son papa s’occupe, lui, de toute la partie football. On se complète bien. Alexandre VIARGUES. Quel rapport entretenez-vous à l’argent ? On entend parler de sommes astronomiques... Honnêtement, quand il a signé au PSG, on ne savait pas combien Kylian allait toucher. En même temps, on n’était pas naïfs, et on voyait bien les salaires en cours au Paris Saint-Germain. Quand on a vu les sommes, on a rigolé. Aujourd’hui, l’avantage d’avoir de l’argent, c’est qu’on fait des choix qui justement ne sont pas dictés par l’argent. Par exemple, si on avait prolongé, on serait plus riches. Idem si on n’avait pas refusé de nom- breux contrats marketing. J’ai toujours dit à Kylian : « À quel moment tu vas être heu- reux ? Quand tu en auras 200, 300 ? » Pendant trois ans, on n’a pas touché à l’argent. On avait le syndrome du pauvre. J’avais peur qu’on me réveille et qu’on me dise : « Rends l’argent ! » On com- mence à investir depuis un an environ. On a une chance inouïe d’avoir de l’argent, mais ce n’est pas une fin en soi. Même si c’est agréable de ne plus compter et de faire profi- ter la famille et les amis. Mais Kylian ne joue pas au foot pour l’argent, sinon il n’aurait pas réussi tout ce qu’il a fait. C’est-à-dire ? Son rapport à l’argent est par- ticulier. Il n’a jamais de carte bleue ni d’argent sur lui. Par- fois je lui dis : « Tu ne veux pas prendre 200 € sur toi ? » Il me répond : « Pas la peine, je vais juste jouer au foot ». Ce n’est pas un grand dépensier. Fouzia BELKHIR. Il y a eu des rumeurs de divergences entre votre ex-mari et vous sur la gestion de la carrière de Kylian. Est-ce vrai ? C’est archifaux. C’est un jour- naliste qui a dit ça. Dans ces cas-là, je me demande à qui profite le crime, alors que nous sommes séparés, avec le papa de Kylian, depuis dix- huit mois. Avec son père, nous nous entendons très bien et nous sommes ses conseillers, pas les décideurs. Quand il a voulu partir au Real Madrid, son papa ne voulait pas. Moi, je lui disais d’aller jusqu’à Paris 2024, mais il avait ses arguments. À partir du moment où Kylian a des arguments, on l’accompagne, on ne décide pas à sa place. Il y a quatre ans, quand Kylian a choisi Paris, moi, je ne voulais pas qu’il vienne car j’avais peur. Mais il a insisté, donc à partir de là, avec l’avocate, on l’a accompagné dans son choix. Si je vous ai parlé de notre séparation, avec son papa, c’est parce que je trouve dégueulasse de mettre ça sur la place publique. Issa DIAMBO. La carrière de Kylian affecte-t-elle celle de son petit frère Ethan ? Forcément. Pour Ethan, le nom est déjà pris. Aujourd’hui il existe en étant le frère de... Mais comme on le lui dit tous les jours, il a ses qualités, des choses à faire valoir et un pré- nom à faire connaître. Ce ne sont pas du tout les mêmes personnalités. Et on essaie de le protéger, c’est pourquoi on l’avait mis en externat lors des deux premières années au centre de préformation. SA VIE, SON RAPPORT À L’ARGENT | « On avait le syndrome du pauvre » Nos lecteurs (de g. à dr. sur la photo) DONATIENNE SCHREINER 45 ans, Paris (XVII e ) Community manager ALEXANDRE VIARGUES 32 ans, Paris (XV e ) Restaurateur ISSA DIAMBO 19 ans, Clamart (Hauts-de-Seine) Étudiant à Sciences-po Paris FOUZIA BELKHIR 43 ans, Paris (XIII e ) Consultante marketing ALEXANDRE NADJAR 44 ans, Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine) Consultant en cybersécurité ALEXIS LENOIR 28 ans, Paris (XIX e ) Entrepreneur LP/ARNAUD JOURNOIS Brest (Finistère), le 20 août. Après un été mouvementé sur fond d’éventuel transfert au Real Madrid, Kylian Mbappé porte finalement le maillot du PSG pour une cinquième saison. â LIRE LA SUITE DU FACE AUX LECTEURS EN PAGE 4 twipe_ftp 04 | Le Parisien JEUDI 7 OCTOBRE 2021 LE FAIT DUJOUR que ce ne soit pas Kylian qui règle cette charge. Et ensuite, on s’est mis à travailler, et on a eu des salaires. Je n’ai jamais travaillé autant, j’ai même eu une sorte de burn-out. J’ai donc ralenti un peu. Alexandre VIARGUES. Que s’est-il passé dans les gradins lors de France - Suisse pendant l’Euro entre Véronique Rabiot, la mère d’Adrien, et vous ? Il y a eu des échanges entre M me Rabiot et Wilfrid. Ce n’était pas avec moi. Mais c’est moi qui suis montée pour aller lui parler. Je lui ai dit ce que j’avais à lui dire en tant que maman et en tant que femme, à savoir que c’était assez déplacé, sur- tout devant Ethan. En revan- che, ce qui m’a dérangée, c’est le traitement du lendemain. Elle a pris cher pour rien. Je trouve que c’est injuste. Il y a quelque chose que j’admire chez elle : elle a géré la carrière de son fils. Moi, j’ai Wilfrid qui a une place prépondérante. Je suis solidaire de M me Rabiot parce que demain, ça m’arri- vera. Vous devez entendre plein d’histoires sur moi. Sont- elles vraies ? Il paraît que je tenais des réunions secrètes en Hongrie pendant l’Euro ! a C’est un provocateur. Il adore ça, mais c’est un jeu pour lui. Il n’y a aucune méchanceté, mais il vous rend dingue ! Fouzia BELKHIR. J’ai le sentiment que vous communiquez moins sur l’association dont Kylian est le parrain, Premiers de cordée. Pourquoi ? C’était un choix. On nous a toujours appris cela : quand vous donnez, vous n’avez pas besoin de le montrer ; mais quand vous recevez, vous devez vous en rappeler. On a rendu public le fait qu’il avait renoncé à toutes ses primes en équipe de France et on s’est fait fracasser. On voulait inspi- rer d’autres personnes. Donc, il vaut mieux travailler en silence. Je préfère dix fois que ceux qu’on aide améliorent le sort et la condition des enfants plutôt qu’il y ait un article sur l’association. Mais parfois, on a envie aussi de montrer l’hom- me qu’est Kylian. Alexis LENOIR. Peut-il faire avancer les combats contre le sexisme, le harcèlement, l’homophobie ? Est-ce dans son intérêt de s’impliquer dans ces sujets ? À 18 ans, il était déjà connu, transféré au PSG. On s’est réu- nis, avec Delphine (son avoca- te) et lui, et on lui a demandé ce qu’il souhaitait faire de sa notoriété : la mettre au service de causes et transmettre des valeurs ou être simplement un footballeur ? On souhaite met- tre en place des projets, notamment créer une école dans le 93. Pas une école de foot mais un vrai collège et lycée. Une école privée Kylian Mbappé. On y travaille depuis un an, on doit maintenant aller chercher les fonds. On a pres- que terminé. L’idée, c’est que Kylian inspire. On est partis de la une du « Times » : « Next generation leaders ». On lui a dit : Tu peux devenir un modè- le, que fait-on ? Il ne peut pas changer le monde mais ceux qui l’aiment voudront le sui- vre. Il a conscience de son impact sur les enfants. On met en place des projets contre les violences. C’est lui qui voulait réagir après le tabassage de Michel Zecler (le producteur roué de coups par des poli- ciers à Paris le 21 novembre 2020) . Il m’a dit : Quoi ? On va me détester ? Je ne suis plus à deux ou trois tweets près. Issa DIAMBO. Quel lien gardez-vous avec la ville de Bondy ? Forcément il est plus fort pour moi que pour Kylian. Je suis né à Bondy et j’y ai vécu jusqu’à 44 ans alors que lui a quitté la ville à 12 ans. Bondy, c’est la ville qui nous a tout appris. Elle est axée sur le sport et la cultu- re. Plein de gamins ont réussi, au-delà de Kylian. Mais on se dit que, si on part tous, et si on ne se retourne pas pour créer une passerelle pour aider les habitants de cette ville, per- sonne ne le fera à notre place. SES ENGAGEMENTS, SES PROJETS | « Créer une école dans le 93 » Issa DIAMBO. Qu’est-ce que vous admirez le plus chez votre fils ? Peut-être son empathie et son intelligence émotionnel- le. Mais aussi le fait qu’il ait réussi à mettre en œuvre tout ce qu’on lui a véhiculé pen- dant des années. Il le fait pour nous mais aussi pour ses grands-parents camerounais et algériens qui sont partis de tout en bas. Alexis LENOIR. Kylian est aujourd’hui le joueur le plus cher du monde. Est-ce que la démesure qui entoure votre fils vous fait peur parfois ? J’ai toujours eu peur. Qu’il soit un modèle, c’est une fierté en tant que maman. Mais qu’il soit une icône, non, car ça amène trop de responsabilités et un devoir d’exemplarité. Le conseil que je lui donne c’est : Prends ce qu’il y a à prendre dans ce monde-là, mais ce n’est pas le tien . Et pour le res- te, on continue à aller manger le poulet chez mamie à dix dans un F 3. Mais le joueur le plus cher du monde, c’est un système. L’argent ne vient pas dans nos poches. On a accep- té d’évoluer dans ce monde- là, on le respecte, mais ce n’est pas le nôtre, en tout cas pas le mien. Ce sera peut-être celui d’Ethan (le petit-frère de Kylian, âgé de 14 ans) car il a grandi là-dedans. Donatienne SCHREINER. Est-ce qu’il vous arrive de ne pas être d’accord avec votre fils ? Souvent (rires) ! Comme tous les enfants avec leurs parents. Mais je sais qu’il entend. Le dernier désaccord en date, c’est le mot clochard (Mbappé a traité Neymar de clochard parce qu’il ne lui a pas passé le ballon) . Je lui ai dit : Tu ne peux pas dire ça ! À la fois je n’étais pas d’accord, et à la fois je l’excusais. J’en voulais plus à ceux qui avaient lu sur ses lèvres. À part créer le buzz, je ne vois pas l’intérêt. C’est un provocateur. Il provoque en permanence. Il adore ça, mais c’est un jeu pour lui. Il n’y a aucune méchanceté, mais il vous rend dingue ! Il me l’a fait toute son enfance : j’étais con- voquée tous les jours ! (Elle se tourne vers Delphine Verhey- den, son avocate) Ah si, quand j’ai refusé une pub. Il m’a dit : Tu m’as quand même fait perdre 6 millions d’euros (Rires) Il m’a chambré pen- dant longtemps : Je suis ton patron quand même, tu peux m’expliquer ? Les valeurs ne correspondaient pas à ce qu’il est. L’avantage d’avoir de l’argent, c’est qu’on n’est pas obligé de vendre son âme au diable. Alexandre NADJAR. Y a-t-il des comportements de Kylian que vous tolérez aujourd’hui et que vous ne tolériez pas hier ? J’ai lu notamment que vous n’acceptiez pas qu’un intendant lui cire ses chaussures. Ce n’est pas tout à fait ça. Après ses premiers entraîne- ments à Monaco, Kylian ren- tre à la maison, et il me dit que les autres joueurs se font cirer leurs chaussures de foot. Je lui ai alors demandé de continuer à le faire tout seul. On a été un peu durs avec lui au départ, mais bon, si j’avais su qu’il allait m’emmener chez le pré- sident Macron, je ne l’aurais peut-être pas puni (rires). Donatienne SCHREINER. Sa force mentale vient-elle principalement de vous ? Oui, forcément, deux écorchés vifs... On lui a transmis, un peu trop parfois. Il était enfant d’un Black et d’une Rebeu, donc je savais qu’il allait subir la triple peine et qu’il devrait redoubler d’efforts. On a été super stricts avec son père. Moi, je souhai- tais qu’il fasse HEC (rires) Quand je l’ai éduqué, je ne savais pas qu’il deviendrait footballeur. Je voulais qu’il réussisse sa vie d’homme. On lui a toujours dit de se donner à fond, quelle que soit la voie qu’il choisirait. On a toujours été exigeants avec lui. Et je n’aime pas perdre et son père non plus. En banlieue, on a cet esprit de challenge. Il ne faut pas venir chez nous faire un jeu de société : il y a souvent des embrouilles ! Alexandre NADJAR. Quelle est votre relation professionnelle ? Je suis la présidente de sa société d’image. Et de mon côté, j’ai également créé ma société. Je travaille, et Kylian est mon patron. Nous n’avons jamais voulu avec son père qu’il nous donne de l’argent car on voulait garder notre place de parents. D’ailleurs, quand nous sommes arrivés à Paris, et que nous avons déménagé de Bondy, on ne pouvait pas payer le loyer. Kylian aurait pu, mais nous avions négocié avec le PSG qu’il y ait un budget dédié pour LA RELATION MÈRE-FILS | « Le dernier désaccord, c’est le mot clochard » INSTAGRAM/@K.MAPPÉ « On continue à aller manger le poulet chez mamie à dix dans un F 3 », confie Fayza Lamari, ici au côté de son fils Kylian Mbappé, en décembre dernier. FACE AUX LECTEURS « Je travaille, et Kylian est mon patron, affirme Fayza Lamari à nos lecteurs. Nous n’avons jamais voulu avec son père qu’il nous donne de l’argent car on voulait garder notre place de parents. » LP/ARNAUD DUMONTIER twipe_ftp twipe_ftp 06 | Le Parisien JEUDI 7 OCTOBRE 2021 POLITIQUE a J’ai été le premier à dire que la dédiabolisation était un piège à cons ! GILBERT COLLARD, EURODÉPUTÉ ALEXANDRE SULZER (AVEC QUENTIN LAURENT) LORS DE SA RENTRÉE mi- septembre à Fréjus (Var), Marine Le Pen avait indiqué qu’en avril 2022, la France serait « à la croisée des che- mins ». Moins d’un mois plus tard, la voilà à la croisée des courbes d’intentions de vote. Selon un dernier sondage Harris Interactive pour « Challenges » publié hier, elle n’apparaît plus comme étant au second tour face à Macron : c’est Éric Zemmour, pourtant pas encore candidat déclaré, qui y figure avec 17 à 18 % des intentions de vote, contre 15 à 16 % pour la candidate du RN. Un grand remplacement alarmant pour Marine Le Pen qui a bâti toute sa réflexion électorale sur une stratégie de second tour, plus rassem- bleuse. Officiellement, la dynamique dont bénéficie depuis quelques semaines le polémiste n’est pas un sujet d’inquiétude. « Je ne suis pas chamboulée », a-t-elle glissé dans une vidéo Facebook dif- fusée hier soir. Au bureau national du RN le 28 septem- bre, Marine Le Pen s’était déjà dite convaincue de sa victoire. « Elle a comparé Zemmour à Chevènement ou à Villiers », des candidats qui ont connu des inflations sondagières qui sont vite retombées, témoi- gne un participant. « Désolée de ne pas représenter la nou- veauté. Moi, je représente la persistance, la pugnacité, le temps long. C’est peut-être moins sexy pour les journa- listes mais c’est ce qu’atten- dent les Français », avait aussi énoncé le 23 septembre, lors d’un déplacement en Moselle, celle qui s’est convaincue que « l’attrait de la nouveauté, les Français en sont revenus avec Emmanuel Macron ». « La radicalité ne mène nulle part » « On ne va pas courir derrière Zemmour, on ne va pas être fébrile », martèle un cadre. Une position qui a été rappe- lée lors du dernier bureau de campagne lundi dernier, lar- gement consacré à... Zem- mour. « On serait à l’asile si on n’en parlait pas », concède une huile de la campagne. Mais pour l’entourage de Marine Le Pen, il y a urgence à ne pas tomber dans le piège de la surenchère. « Il fallait être radical au temps de Jean- Marie Le Pen pour secouer les consciences. Mais main- tenant que 80 % des gens pensent qu’il y a trop d’immi- grés, n’est-ce pas à contre- temps ? La radicalité ne mène nulle part. Ça émoustille les militants mais c’est hors de propos dans une présiden- tielle où l’on recherche le consensus, l’apaisement », assure le premier cercle de la candidate. Charge quand même à Jor- dan Bardella d’organiser la riposte à Zemmour. « On répond parce qu’on ne va pas non plus se laisser insulter toute la journée sans rien fai- re... » glisse un stratège. Mais pas question que ce soit Mari- ne Le Pen, qui se veut dans un face-à-face unique avec Emmanuel Macron, qui s’y colle. Lundi, le nouveau prési- dent du RN dénonçait ainsi la « brutalité » du polémiste à l’égard des femmes. Dans « le Figaro » la semaine dernière, il observait, en se rapportant aux nombreuses références historiques de l’essayiste que, « ni Louis-Philippe ni Augus- te Comte ne feront baisser les factures d’électricité et de gaz d e s Fra n ç a i s » . Ma r i n e Le Pen, si. « L’idéal serait quand même une entente avant le premier tour » Dans sa vidéo Facebook d’hier soir, elle propose en tous les cas de considérer l’essence, le gaz et l’électricité comme des biens de premiè- re nécessité afin de faire pas- ser la TVA sur ces produits à 5,5 %. « 10 € d’économisés sur un plein à 60 € », assure- t-elle de façon très concrète afin d’hameçonner son élec- torat, plus populaire. Lequel « n’est pas encore concerné par l’élection », explique-t-on à la direction de campagne où l’on développe : « Mécani- quement, on est moins forts dans les sondages que Zem- mour. Mobiliser notre électo- rat, c’est ça le vrai sujet. » Marine Le Pen devrait donc égrener ses propositions de « choc de pouvoir d’achat » pendant un mois et aller sur le terrain à la rencontre des Français, comme aujourd’hui a u s a l o n d e l ’é l e v a g e à Clermont-Ferrand. « On ne peut pas faire de la politique sans aimer les gens », glisse- t-elle dans sa vidéo, visant implicitement son rival. « Il faut continuer de jouer les modérés contre les radi- caux, ça a l’air de bien fonc- tionner... » sourit, jaune, une figure du parti selon laquelle les délégués départementaux du RN et les élus locaux com- mencent à s’inquiéter sérieu- sement de la percée de Zem- mour. « Bien évidemment que le dernier sondage est une énorme surprise. J’ai été le premier à dire que la dédia- bolisation était un piège à cons ! L’idéal serait quand même une entente entre Marine Le Pen et Éric Zem- mour avant le premier tour », se permet l’eurodéputé Gil- bert Collard. Le 15 octobre, lui ira en tous les cas écouter Éric Zemmour en déplacement à Nîmes, dans son fief du Gard. Éric Zemmour, pourtant pas encore déclaré, décroche dans un sondage 17 à 18 % des intentions de vote, 2 points devant Marine Le Pen. MAXPPP/PHOTOPQR/« LA VOIX DU NORD »/PASCAL BONNIÈRE AFP/GEOFFROY VAN DER HASSELT « Je ne suis pas chamboulée », assure Marine Le Pen, qui compare son rival à Chevènement ou à Villiers : des candidats qui ont connu des inflations sondagières vite retombées. Marine Le Pen à la traîne La candidate du RN doit faire face à la rivalité d’Éric Zemmour qui la devance pour la première fois dans un sondage Harris Interactive. Haro sur Jadot R TL, le 28 septembre, un peu après 18 heures. À l’antenne, Clément Beaune. Les résultats de la primaire écologiste viennent de tomber. C’est Yannick Jadot. Sandrine Rousseau est battue. À chaud, le secrétaire d’État, proche d’Emmanuel Macron, doit réagir et il... s’en réjouit. « Yannick Jadot a défendu une action de gouvernement, [...] des propositions qui s’opposaient parfois à des dérives ou des excès que proposaient certains dans son camp, [...], donc de ce point de vue-là, je crois que c’est positif dans le débat actuel. » N’en jetez plus. La désignation de Jadot serait une bonne nouvelle pour l’ambiance générale de la prochaine présidentielle ! Une réaction sincère et spontanée, mais que l’Élysée n’a pas jugée opportune. Dans les heures qui ont suivi, consigne a été passée aux différents snipers de la macronie d’opter pour une tout autre stratégie. Surtout ne pas dépeindre Jadot comme un écologiste raisonnable mais, au contraire, comme un candidat contraint de rendre des comptes à une base radicale. « On doit le cornériser comme étant obligé d’appliquer une partie du programme de Rousseau », décrypte l’un des communicants du gouvernement. Mise en pratique dimanche sur France 3 lorsque le porte-parole, Gabriel Attal, a décrit Jadot comme un « Hamon 2.0 », sous-entendu un homme à gauche de la gauche. Macron veut être le candidat de l’écologie responsable. Pas question de laisser cette étiquette à Jadot. Le président portera par exemple l’idée que le nucléaire est la seule solution pour réussir la transition vers le tout- électrique. Il expliquera que, sans l’atome, les Français verront leur facture d’énergie exploser. L’écologiste, lui, prône une sortie complète en vingt ans. Cette bataille-là ne fait que commencer. LP/OLIVIER ARANDEL En COULISSES David Doukhan c @daviddoukhan E RETROUVEZ DAVID DOUKHAN A 7 H 40 DANS LA MATINALE DE RENAUD BLANC twipe_ftp 07 | Le Parisien JEUDI 7 OCTOBRE 2021 che. Mais à la suite de l’avis du Conseil consultatif national d’éthique (CCNE) qui éclaire le débat, rien n’empêche de faire aboutir ce texte. Et sur la fin de vie ? Ce sujet doit donc être débattu, porté, lors de notre campagne pour 2022. Et ensuite, si nous sommes réélus, il faudra que l’on fasse évoluer la législation. La loi Claeys-Leonetti ne suffit pas. Il faut aller plus loin. C’est aussi une façon de marquer les clivages, à l’heure où l’extrême droite prospère dans les sondages ? J’aimerais effectivement savoir ce qu’en pensent un certain nombre de candidats... J’ai le souvenir d’avoir entendu Marion Maréchal, dans une campagne régionale, expliquer qu’elle voulait fermer les Plan- nings familiaux. Je ne l’oublie- rai jamais. Je suis d’ailleurs curieux de connaître la posi- tion de M. Zemmour. Justement, il continue de grimper dans les intentions de vote. Cela vous alerte ? Rien n’est écrit. Pour nos adversaires, comme pour nous. Ceux qui pensent que la qualification d’Emmanuel Macron – s’il est candidat – au second tour est acquise se trompent aussi. Samedi, lors du campus LREM, vous avez cogné fort contre Zemmour. Au risque de l’installer un peu plus au centre du jeu... J’étais virulent contre la logor- rhée de haine d’Éric Zem- mour. Si Jean-Marie Le Pen avait déversé la moitié de sa bile, nous serions tous dans la Paris, hier. « Nous irons au bout », promet Christophe Castaner, alors que ce texte n’avait pu aboutir à cause de l’obstruction de la droite. LP/PHILIPPE DE POULPIQUET PROPOS RECUEILLIS PAR OLIVIER BEAUMONT ET PAULINE THÉVENIAUD APRÈS un an d’âpres débats e n p r e m i è r e l e c t u r e à l’Assemblée et au Sénat, et de tergiversations au sein de la majorité, le patron du groupe LREM, Christophe Castaner, veut profiter de la niche parle- mentaire de novembre pour inscrire la proposition de loi allongeant le délai de l’IVG de douze à quatorze semaines. La proposition de loi pour étendre le délai de l’IVG de douze à quatorze semaines est perdue dans les limbes parlementaires. Va-t-elle pouvoir être soumise au vote d’ici à la fin du quinquennat ? CHRISTOPHE CASTANER. Je tiens, comme beaucoup de députés de mon groupe, à ce qu’elle soit inscrite sur notre ordre du jour fin novembre. En France, l’avortement n’est pas menacé en droit, mais il l’est dans la pratique. Il y a de vraies inégalités territoriales et socia- les. Si on veut garantir un droit réel et égal à celles qui doivent être protégées, il est nécessai- re d’allonger les délais. Une nouvelle bataille d’amendements ne risque-t-elle pas d’empêcher d’aller au bout ? Non, nous irons au bout du texte. Certains députés LR ont organisé une obstruction guerrière en première lecture il y a un an. Si cela se reproduit, nous ferons en sorte d’y pas- ser le temps nécessaire. Toute tentative d’obstruction sera vouée à l’échec, car nous sou- haitons que ce texte aboutisse. Mais pourra-t-elle être votée avant la présidentielle ? Elle peut l’être. Et même si le Sénat la rejette en deuxième lecture, nous aurions le temps. Emmanuel Macron a toujours dit qu’il était contre cette idée. Vous tentez un coup de force ? Non. C’est un sujet dont nous avons discuté, sur lequel nous n’avons pas la même appro- rue. Et là, il y a une espèce d’atonie dans la réaction face à ses propos. Mais ce n’est pas parce qu’on est xénophobe assumé, misogyne assumé ou raciste assumé que les propos sont moins graves. Édouard Philippe lance son parti samedi. Il se projette déjà sur l’après-2022, et même 2027 ? En politique, il ne faut pas commettre d’erreurs de tem- po. Je ne dis pas cela pour Édouard Philippe, mais le calendrier est simple : avant les élections législatives, il y a l’élection présidentielle. Avant 2027, il y a 2022. Il ne faut jamais négliger la première marche. On sait tous que si on la loupe, c’est compliqué de reprendre l’équilibre. « Il est nécessaire d’allonger les délais de l’IVG » Christophe Castaner, président des députés LREM, va remettre à l’ordre du jour de l’Assemblée la proposition de loi allongeant le recours à l’avortement de douze à quatorze semaines. ’’ C’est un sujet dont nous n’avons pas la même approche avec le président twipe_ftp 08 | Le Parisien JEUDI 7 OCTOBRE 2021 ÉCONOMIE MATTHIEU PELLOLI 0,68 € LE LITRE en moyenne ! Le prix du superéthanol E85 s’affiche en gros dans les 2 550 stations qui proposent aujourd’hui ce carburant, soit 28 % des stations tricolores, plus d’une sur quatre. À l’heu- re où les prix à la pompe attei- gnent des sommets sur le sans-plomb (1,60 €/litre en moyenne, la semaine derniè- re, selon les chiffres du minis- tère de la Transition écologi- que) et le diesel (1,49 €/litre en moyenne), « le tarif du supe- réthanol n’est même plus une incitation, c’est une provoca- tion », s’amuse un profession- nel des carburants. Et presque une publicité pour Ford ! En 2019, le géant américain était le seul constructeur à proposer des véhicules com- patibles d’origine E85 avec le Kuga Flexifuel. Grâce à cette carburation, ce modèle en fin de carrière s’est offert une véritable cure de jouvence et Ford un jackpot commercial. Rebelote en 2021 ? La mar- que de Detroit dévoile une nouvelle gamme avec le lan- cement de six modèles com- patibles d’origine E85. La Fies- t a ( c i t a d i n e ) , l a Fo c u s (compacte), le Kuga (SUV compact) et la Puma (crosso- ver) s’adressent aux particu- liers, les deux derniers modè- les proposant même des motorisations hybrides qui permettent de rouler à l’étha- nol, mais aussi à l’électricité. Le Fiesta Van et le Transit Con- nect, eux, sont deux utilitaires qui ciblent les professionnels. 34 € d’économie sur un Paris-Marseille La promesse est simple : rou- ler moins cher et plus propre. Su r u n Pa r i s -Ma r s e i l l e (776 km), par exemple, Ford fait miroiter 48 € de superé- thanol E85, contre 82 € de SP95-E10, soit 34 € d’écono- mie. En clair, le surcoût à l’achat par rapport à la motori- sation essence équivalente est vite absorbé par les économies de carburant, tout comme la légère surconsommation. Cerise sur le capot, la carte gri- se est gratuite dans dix régions et à moitié prix en Bretagne et dans le Centre-Val de Loire. « C’est très bien vu de la part de Ford, en termes de positionnement et de stratégie de marchés, souligne Guillau- me Longeon, manageur au cabinet Deloitte et spécialiste de l’automobile. « Le superé- thanol est bien un carburant plébiscité par les Français, comme en attestent les pre- miers chiffres des comman- des : en septembre, 2 Fiest