Dieu merci pour bitcoin Lyle Pratt, George Mekhail, Jimmy Song, Gabe Higgins, Julia Tourianski, Derek Waltchack, Robert Breedlove, J.M. Bush Dieu merci pour bitcoin La création, la corruption et la rédemption de la monnaie Traduction Henry J.K.I. Young Edouard Gallego Gary Sablon Théo Mogenet Édition Henry J.K.I. Young Konsensus Network Avant-propos “Les hommes d’action qui se croient parfaitement affranchis des influences doctrinales sont d’ordinaire les esclaves de quelque économiste passé.” — John Maynard Keynes D EUX hommes construisaient leur maison, l’un sur une fondation en pierre et l’autre sur du sable. Elles furent toutes les deux magistralement bâties afin de résister aux éléments, construites pour être robustes et sûres. Par leurs apparences extérieures, elles semblaient de bonne facture, conçues avec élégance et à partir des matériaux de la plus haute qualité. Soignées jusque dans les moindres détails, elles s’érigeaient comme témoignage artistique. Ces deux habitations, similaires par leur structure, étaient presque identiques. Puis, vint une pluie torrentielle. L’inondation menaçait. Un vent à décorner les bœufs et le tonnerre grondant s’abattirent sur les logements. La maison bâtie sur du sable s’affaissa. Une subtile inclinaison du parapet en attestait. Alors que le sable était emporté par l’inondation, le bâtiment, qui paraissait autrefois consolidé sur une assise solide, était désormais détruit et enfoui sous les eaux. Ses fondations s’effondrèrent. Inversement, la maison construite sur de la pierre résista à la tempête. Contrairement à son voisin, ce bâtiment tint bon. Solide. La demeure résista au déchaînement de mère nature. Peu importe la maîtrise de chacun des artisans, la permanence des maisons ne reposait pas sur leur aspect extérieur, mais sur la qualité des fondations. Elles différaient par le socle sur lequel elles furent bâties Ni la façade luxueuse, ni la qualité des matériaux employés n’avaient d’importance. Leur différence ne se fit apparente que lorsque vint la tempête ; c’est à ce moment que leurs fondations furent mises à l’épreuve. Cette différence de socle fut déterminée par les hommes qui les bâtirent : l’un était sage, l’autre imprudent. Le résultat de la prévoyance de l’homme sage fut une maison robuste, capable de résister aux affres du temps. La conséquence des choix de l’homme imprudent fut une maison qui s’effondra. L’apparence extérieure s’avéra insignifiante ; bien qu’elles se ressemblassent comme deux gouttes d’eau, la seconde avait une piètre base. Aucun d’entre nous ne veut voir sa maison s’effondrer, et pourtant, nous sommes nombreux à agir d’une manière qui ne peut conduire qu’à ce résultat. Cet exemple regorge d’analogies pertinentes quant à la condition de notre vie quotidienne. Les mariages, les relations personnelles et professionnelles, et même l’économie mondiale. Tous les accomplissements humains significatifs et toutes les constructions époustouflantes qui ont passé l’épreuve du temps reposent sur des fondations solides et stables. L’excellence n’est atteinte que lorsque l’on se fixe la permanence sur le long terme comme objectif. La parabole originelle ne dit rien de l’expérience préalable des deux bâtisseurs. On sait simplement que l’un était sage tandis que l’autre était imprudent. Si vous avez déjà entrepris de construire une maison, ou que vous êtes familier du processus, vous savez que cela demande beaucoup de travail en amont. D’abord, il faut trouver un terrain. Une fois qu’une parcelle adéquate a été identifiée, il faut embaucher des experts tels que des arpenteurs et des spécialistes de l’environnement. Une fois cette phase menée à bien, il s’agit alors de consulter un architecte, un électricien, un plombier et toute une série d’artisans spécialisés. Chaque jour, nous choisissons les fondations sur lesquelles nous bâtissons notre propre existence. Peut-être que la meilleure façon de comprendre la distinction entre la folie et la sagesse est de se demander si nous, en tant que bâtisseurs, connaissons nos propres capacités, et surtout, nos propres limites. Même si vous avez remarqué quelque chose de profondément dysfonctionnel dans notre société, vous reconnaissez aussi probablement qu’il serait totalement futile et hasardeux de vous en remettre à votre seule compréhension afin d’analyser et de déchiffrer tout ce qui arrive dans le monde. Pire encore, serait le fait de se reposer sur les interprétations « établies » des problèmes contemporains, que nous servent les médias de masse, les politiciens professionnels et même les chefs spirituels. Mes amis, il se profile une tempête économique à l’horizon qui menace d’emporter les fondations sableuses de notre système monétaire. Les sociétés que nous avons construites font face à un déluge qui continue de changer la nature même de la monnaie. Ces évènements imminents vont réorganiser la manière dont l’humanité échange, interagit et coopère. Le déluge – aux proportions bibliques – a déjà commencé au Venezuela et au Zimbabwe, emportant tout dans son sillage et dépossédant irrémédiablement les citoyens du fruit de leur labeur et de leur temps. Ce livre est une suite de révélations encourageant le lecteur à ne pas construire sa vie sur des fondations de sable. Votre vie doit disposer de fondations robustes et stables si vous voulez qu’elle puisse supporter vos rêves. Pour que quelque rêve devienne une réalité tangible, il faut qu’il ait des fondations solides. Épouser bitcoin permet de construire une économie sur une fondation solide. C’est une meilleure monnaie, présentant une utilité infinie. Dieu merci pour bitcoin est une révélation du futur. Mon souhait le plus cher est que tous viennent à comprendre la connaissance libératrice dispensée dans ce livre. Apprendre et expérimenter bitcoin peut être une expérience immersive. Le domaine des possibilités de la monnaie d’internet est sans fin. Alors que vous vous plongez dans cet ouvrage, je vous encourage à vous poser deux questions : « Qu’est-ce que la monnaie ? » et « Comment peut- elle fonctionner pour moi ? ». Personne ne pourra y répondre à votre place, et après cette lecture, vous ne voudrez pas qu’on le fasse. Novembre 2020 — Russell Okung, joueur de football américain Préface L A MONNAIE est profondément spirituelle. Après tout, les relations sont spirituelles et la monnaie est un élément important de nos relations. Les relations d’affaires sont définies par l’argent. Les relations familiales et personnelles sont souvent influencées par l’argent. L’argent permet même de relier des étrangers les uns aux autres par le biais du commerce. Rares sont les relations qui échappent à l’influence de la monnaie, car cette dernière joue un rôle significatif quant à la manière dont nous nous inscrivons dans la société. 1 Timothée 6:10 dit : « Car l’amour de l’argent est une racine de tous les maux ». L’amour de l’argent est le motif de toutes sortes de péchés : le meurtre, le vol, la tromperie et la rancœur. La monnaie sert à réduire en esclavage, ce que l’on appelle l’usure. En revanche, la monnaie est aussi une force au service du bien. Elle permet la charité, la bonté et des expressions d’amour. Elle habilite, motive et récompense la création de choses bénéfiques. La monnaie est l’outil grâce auquel nous pouvons stocker les fruits de notre labeur en vue des temps difficiles. La monnaie est vitale, et est présente dans presque tout ce que nous faisons. En dépit de la significativité spirituelle de la monnaie, de nombreux chrétiens la traitent comme banale, vulgaire, mondaine, ou pire encore. Cette attitude n’est pas cohérente avec les messages de la Bible, qui soulignent l’importance d’une approche juste et sage de la question. La Bible est remplie de métaphores monétaires. Même l’histoire du salut, omniprésente dans les Saintes Écritures, est décrite dans un langage monétaire : paiement, dette, pardon, rédemption. Étant donné que la monnaie est profondément relationnelle, les répercussions spirituelles de la monnaie sont vastes. La cupidité, l’envie et la soif de pouvoir ne sont que quelques-unes des nombreuses conséquences néfastes liées à son adoration. Bien que ces péchés soient condamnés à juste titre, on discute peu du système qui les aggrave. Ce livre traite du système monétaire dans lequel nous vivons et de ses implications morales et spirituelles. Le système monétaire est à la monnaie ce que le système de production alimentaire est à la nourriture. Il se passe beaucoup de choses dans l’ombre qui affectent le produit final. Ce n’est pas un livre à propos de finances personnelles et de gestion d’argent. Ce dont nous allons discuter dans les pages suivantes, ce sont les implications morales et spirituelles de ce processus. En d’autres termes, nous allons nous intéresser à ce qui se passe dans les coulisses. L’objectif de ce livre est d’expliquer les fondamentaux de la monnaie, d’examiner les réalités troublantes de notre système monétaire actuel, et de proposer une alternative moralement juste et encourageante au bassin économique dans lequel nous baignons chaque jour. L’influence omniprésente de la monnaie a des conséquences sur notre identité collective, et notre système monétaire reflète nos valeurs. Dans cette optique, voici comment le livre est organisé. Les chapitres 1 et 2 répondent à la question : Qu’est-ce que la monnaie ? Le chapitre 1 décrit la monnaie à partir d’une perspective théologique. Plus spécifiquement, nous abordons le rôle de la monnaie dans nos vies et, par conséquent, la situation spirituelle dans laquelle nous nous trouvons. Le chapitre 2 décrit la monnaie à partir d’un point de vue historique. Ce chapitre passe en revue les nombreuses innovations et faillites morales subséquentes de la monnaie, des métaux précieux jusqu’au système fiat 1 moderne basé sur la dette. Les chapitres 3 et 4 décrivent les outils par lesquels notre système monétaire a corrompu le reste de la société. Le chapitre 3 analyse l’inflation. On y aborde l’inflation et la manière dont elle a détruit de nombreux pays. Le chapitre 4 analyse la monnaie fiat. Nous y expliquons son fonctionnement et la manière dont elle sert d’outil pour le vol. Les chapitres 5, 6 et 7 examinent les conséquences morales du système actuel. Le chapitre 5 examine comment notre système monétaire a corrompu notre système politique. Le chapitre 6 se concentre sur les conséquences individuelles, tandis que le chapitre 7 s’intéresse à l’Église dans son ensemble. Les chapitres 8 et 9 explorent des solutions potentielles. Le chapitre 8 propose bitcoin comme une alternative moralement supérieure. Le chapitre 9 conclut le livre en dévoilant les manières par lesquelles bitcoin opère la rédemption de la monnaie sur les plans individuels, politiques et spirituels. Le royaume spirituel est l’endroit où nous trouvons du sens. Notre temps, nos relations et nos croyances sont invisibles mais toujours présents dans notre expérience. L’état du monde est la résultante de toutes nos relations, et ces relations sont fortement façonnées par la monnaie. En comprenant le système monétaire, nous pouvons œuvrer pour un monde meilleur. Ce changement doit, cependant, commencer à l’échelle individuelle. La Bible appelle cela la sagesse, quelque chose qui vaut mieux que la monnaie : “Combien acquérir la sagesse vaut mieux que l’or ! Combien acquérir l’intelligence est préférable à l’argent !” — Proverbes 16:16 Il y a de nombreuses perceptions et sagesses à propos de la monnaie que nous souhaitons transmettre au fil des pages suivantes. Commençons donc par cette question fondamentale : “Qu’est-ce que la monnaie ?” 1. Fiat : Mot latin signifiant décret, ordre ou autorisation. Couramment employé sous l’expression « monnaie fiat » pour désigner la monnaie fiduciaire ou monnaie d’État. NB: Le mot « fiduciaire » provient du mot latin fiducia (confiance) ; ces mots ne sont pas tout à fait équivalents dans leur nuance. ↩ Comprendre la monnaie “Mon peuple est détruit, parce qu’il lui manque la connaissance.” — Osée 4:6 L A MONNAIE . Qu’est-ce qui vous vient à l’esprit lorsque vous entendez ce mot ? Qu’est-ce que vous ressentez ? L’ambition ? Le bouleversement ? La pression ? Pourquoi pensez-vous que cela vous fait vous sentir ainsi ? Votre réponse révèle l’emprise que la monnaie exerce sur vous. Et vous n’êtes pas seul dans ce cas. Pour des millions de personnes dans le monde, la monnaie produit des sentiments d’anxiété, de joie, de malheur et d’humilité. La monnaie a engendré le suicide de certains et a permis à des pays entiers de sortir de la misère. Elle a détruit des mariages, comme elle a permis à des familles nombreuses de prospérer durant des générations. De grandes guerres ont été financées par elle et menées en son nom. Les effets de la monnaie font partie intégrante de l’expérience humaine. De nos jours, ces effets sont inévitables, quelque soit votre mode de vie ou votre opinion personnelle sur le système monétaire actuel. Le Nouveau Testament est rempli de termes et d’analogies issues du langage monétaire ; pourtant, le sujet est trop souvent tabou chez les chrétiens. Lorsque l’on daigne en parler, c’est presque toujours pour offrir un sermon sur l’importance de la dîme ou une étude biblique de la gestion financière. Mais tous ces sujets tournent autour de l’utilisation de la monnaie et non de la compréhension même de ce qu’elle est. On a tendance à se focaliser sur ce que l’on peut acheter avec la monnaie, comment on peut en gagner plus, ou en dépenser moins. On a peut-être appris en cours d’économie que la monnaie est une réserve de valeur, un moyen d’échange et une unité de compte. Nous reconnaissons la monnaie comme une réalité de la vie, mais nous pensons rarement à remettre en question nos présupposés de base à son sujet. Peut-être ne vous êtes-vous jamais posés les questions suivantes : Qu’est-ce que la monnaie ? Pourquoi existe-t-elle ? Quel est son objectif ? Comment fonctionne-t-elle ? Peu de gens aujourd’hui disposent d’une compréhension claire de l’origine de la monnaie, de ses nombreuses formes ou des différentes manières dont elle influence la moralité sociale. Pourquoi ? Ne serait-il pas logique de prioriser l’éducation sur un sujet aussi fondamental pour les relations humaines ? Charles Munger, vice-président de Berkshire Hattaway, a dit un jour : « Montrez-moi une incitation et je vous montrerai le résultat ». La raison pour le manque de compréhension de base à l’égard de la monnaie est simple : il y a des incitations énormes à garder le sujet monétaire obscur, complexe et en apparence impossible à comprendre. Le prophète Osée, s’exprimant au nom de Dieu, blâma les dirigeants d’Israël de n’avoir pas su correctement diriger et instruire Son peuple. Dieu explique que lorsque la compréhension de base fait défaut dans une société, l’oppression, l’injustice et la souffrance ne sont pas loin derrière. Les quelques puissants utilisent le manque de connaissances pour exploiter le plus grand nombre. Le manque général de connaissances à propos de la monnaie est un symptôme de l’exploitation qui a lieu, cachée dans une ombre mise en place par ceux qui sont au pouvoir. Le but de ce livre est d’éclairer cette zone d’ombre. Il cherche à expliquer ce qu’est la monnaie, comment elle est souvent pervertie, et ce que l’on peut faire pour régler les problèmes existants. Le rôle de la monnaie “Car là où est ton trésor, là aussi sera ton cœur.” — Matthieu 6:21 La monnaie nous permet de prendre ce que nous avons pour l’échanger contre ce dont nous avons besoin. La monnaie est une source de pouvoir. Elle peut aider à surmonter les obstacles de la vie. Il n’est donc pas étonnant qu’autant la respectent, l’aiment, vivent pour elle, et fassent tout pour l’obtenir. La manière dont nous utilisons la monnaie révèle ce que nous croyons être réel, bon, juste et important. Lorsque nous dépensons de l’argent pour acheter quelque chose, nous sommes en réalité en train de déclarer : « J’ai besoin de cela et cela m’est utile ». La manière dont nous dépensons la monnaie révèle ce que nous aimons et ce que nous craignons. La monnaie, pour le dire ainsi, exprime les valeurs de celui qui la dépense. 1.15 Notre société américaine moderne accorde à la monnaie la même valeur que la plupart des sociétés humaines accordent à leurs dieux. Nous avons tendance à la voir comme un bien incontestable, semant la paix, la sécurité, la liberté et la joie partout où on la trouve. Comme la plupart des dieux, la monnaie exige des sacrifices. Et ces sacrifices sont faits sous forme de travail. La famille, le temps et le sommeil sont également sacrifiés dans la quête de l’argent. Travailler pour acquérir de l’argent n’est pas nécessairement mauvais ou immoral, mais nous devons rester vigilants quant aux dangers qui se tapissent derrière le fait de voir la monnaie comme un but ultime. Il peut être utile de tenir compte de certains facteurs souvent négligés. Premièrement , le type de travail qu’une personne effectue a une importance. Les tueurs à gages peuvent gagner beaucoup d’argent, mais le fait que l’on puisse faire quelque chose de lucratif ne signifie que nous devrions le faire. Deuxièmement , les motivations qui nous poussent à gagner de l’argent ont une importance. La monnaie ne peut garantir ni la sécurité, ni la longévité, ni le bonheur. De nombreuses personnes fortunées tombent malade, sont tuées ou emportent tragiquement leur propre vie. Parmi les personnes les plus malheureuses du monde, beaucoup sont obscènement riches. La monnaie peut acheter des maisons, des jets privés, et même des équipes de sport, mais pas la joie. La monnaie, en tant que moyen de plénitude, promet trop et ne donne pas assez. Au contraire, l’apôtre Paul dit à Timothée que « c’est une grande source de gain que la piété avec le contentement ». La monnaie peut résoudre nombre des problèmes matériels que nous rencontrons. Cependant, elle a été conçue comme un outil pour nous aider à aimer Dieu et les autres, et non comme un moyen pour la quête d’estime de soi, d’identité et de bonheur. Troisièmement , le type de monnaie que nous utilisons a d’importantes conséquences sur ceux qui l’utilisent. Toutes les monnaies ne naissent pas égales. La monnaie est un outil, et les outils ne sont conçus et fabriqués qu’après qu’un besoin ou un objectif ait été identifié. Si un outil est mal conçu, ou si ses usages et objectifs sont orientés vers des fins immorales, alors ceux qui l’utilisent en seront affectés. C’est ce troisième facteur que nous allons étudier dans ce livre. Comprendre ce que la monnaie était censée être et comment elle a été corrompue nous permettra d’éclairer les problèmes existants. Qu’est-ce qui, dans la monnaie, féconde la gêne et la peur chez les communautés, et en particulier les chrétiens ? Comment pouvons-nous, en tant que croyants, relever les défis de la monnaie ou apprécier son potentiel de bienveillance si, en premier lieu, nous ne comprenons pas ce dont il s’agit ? La monnaie, à son niveau le plus fondamental, est un cadeau de Dieu. Créé à l’image de Dieu “Dieu créa l’homme à son image, il le créa à l’image de Dieu” — Genèse 1:27 L’un des avantages d’avoir été créés à l’image de Dieu est que nous disposons d’une délégation de l’autorité divine pour créer des choses utiles de nos mains. Disposer de cette capacité signifie que nous pouvons ordonner le chaos, ce qui est une responsabilité énorme. Comme le dit G.K. Chesterton : « Une chose morte peut se laisser porter par le courant, mais seule une chose vivante peut le remonter. » Nous exprimons ce principe – notre ressemblance à Dieu – principalement par notre travail quotidien et dans nos échanges volontaires. Grâce au commerce, une communauté peut produire plus collectivement que ce que pourraient produire des individus isolés du monde. En collaborant, on obtient un sens d’appartenance, de communauté et des objectifs communs qui nous rendent également plus productifs. C’est ce que l’on appelle le principe anti-entropique La monnaie est l’actif le plus facile à échanger au sein d’une société. C’est un outil essentiel pour l’action humaine collaborative – un moyen d’échange qui a le potentiel d’étendre et d’approfondir la nature de notre travail. Un outil aussi critique à la prospérité de la civilisation est clairement un cadeau de Dieu. Cependant, la vieille tentation à désirer plus que notre pain quotidien et à convoiter les richesses nous met face à un dilemme quant à l’objet de notre adoration. Le culte de l’argent “Nul ne peut servir deux maîtres. Car, ou il haïra l’un, et aimera l’autre ; ou il s’attachera à l’un, et méprisera l’autre. Vous ne pouvez servir Dieu et Mammon1.” — Matthieu 6:24 Nous sommes constamment confrontés à la tentation d’adorer la création plutôt que le Créateur. Nous sommes conduits à nous concentrer davantage sur les dons que sur le Donateur. Mais comme le dit Jésus, il s’agit d’un conflit insoutenable. Nous allons ainsi nous faire serviteur et adorer soit Dieu, soit la monnaie. Bien que la monnaie soit mal comprise et rarement discutée à un niveau profond, notre dévotion à son égard est souvent ouverte et assumée. Cette dévotion va au-delà des démonstrations de richesses dans la pop culture et de notre propension à nous comparer à nos voisins. On associe la monnaie à la liberté, au bonheur et à l’estime de soi. La quantité de monnaie dont nous disposons n’impacte pas seulement la manière dont nous sommes perçus par les autres, mais aussi le regard que nous portons sur nous-mêmes. Notre obsession à l’égard de la monnaie se retrouve dans toutes les classes sociales. Riches, pauvres ou issus de la classe moyenne, nombre d’entre nous semblent partager la même obsession : comment gagner, dépenser, épargner et investir au mieux notre argent. Sommes nous naturellement cupides ? Pourquoi tant de gens font-ils passer les gains économiques avant le bien-être des autres ou même le leur ? La vérité est que l’intérêt personnel est inscrit dans notre existence terrestre. Nous pouvons seulement espérer créer des systèmes qui ne transforment pas l’intérêt personnel en cupidité. Comprendre vraiment ce qu’est la monnaie réduira son emprise sur nos vies. La monnaie est corrompue et aggrave les basses tentations, ce qui nous prive de notre liberté. Malheureusement, on n’enseigne pas beaucoup dans les églises ce qu’est la monnaie ou comment elle fonctionne. De nombreux dirigeants religieux sont confrontés aux mêmes influences négatives et malentendus à l’égard de la monnaie ; il n’est donc pas étonnant qu’ils ne prêchent pas à son sujet. Rien ne force l’argent à régir notre vie. Il n’a pas à être une obsession, et n’a pas besoin d’être une source de souffrance dans le monde. L’argent peut être reçu avec gratitude et vu comme un serviteur, et non un maître. Comprenez que toutes les monnaies ne sont pas créées égales. Des monnaies immorales et des monnaies morales ont existé tout au long de l’histoire. Dès lors que l’on comprend les changements négatifs de notre monnaie, on peut se libérer des structures d’incitations pernicieuses, caractéristiques de la monnaie bancale dont nous disposons aujourd’hui. Mais avant que l’on puisse comprendre en quoi la monnaie d’aujourd’hui nous a fait défaut, nous devons prendre du recul et commencer par comprendre ce qu’est le travail et la relation qu’il entretient avec la monnaie. La loi des semences et de la moisson “Ne vous y trompez pas : on ne se moque pas de Dieu. Ce qu’un homme aura semé, il le moissonnera aussi.” — Galates 6:7 Dieu aurait pu créer n’importe quel type de monde. Il aurait pu faire en sorte qu’il suffise de simplement penser à quelque chose pour l’obtenir immédiatement. Dieu aurait pu créer un monde dans lequel la prière aurait été la base de tout accomplissement. Dieu aurait pu être le majordome de l’humanité, créant directement tout ce dont nous avons besoin. « Affamé ? » – pouf – « Voici une baguette. » « Assoiffé ? » – pouf – « Voici de l’eau. » À la place, nous avons un Dieu qui désire rendre toutes ses créations responsables. Bien que Dieu ait miraculeusement créé les choses au commencement, Il nous a désigné comme ses collaborateurs et nous a donné l’autonomie. Les créations successives impliquent une perpétuation naturelle. C’est-à-dire que Dieu donne aux choses vivantes la volonté et la capacité de se maintenir et de se multiplier. Le sol où viendra la graine doit être labouré et soigné si l’on veut avoir les meilleurs chances d’en tirer les fruits. Sans d’abord semer , on ne peut récolter . Sans plantation , nulle moisson . La croissance doit être précédée par le travail. Comme Paul l’énonce dans sa lettre aux Galates, la relation entre le travail et la récompense est fixe et immuable. Semer puis récolter est un principe inhérent à notre monde. L’investissement et son rendement est une part du dessein de Dieu, qui fait du travail une partie intégrante de la vie humaine. Le travail et le vol “Que celui qui dérobait ne dérobe plus ; mais plutôt qu’il travaille, en faisant de ses mains ce qui est bien, pour avoir de quoi donner à celui qui est dans le besoin.” — Ephésiens 4:28 On ne peut comprendre la monnaie sans préalablement comprendre le travail. La monnaie fait partie intégrante de la vie parce que le travail fait partie intégrante de la vie. Le travail est le processus qui nous permet de créer des choses de valeur pour nous-même et pour les autres. Le vol, c’est le contraire ; c’est prendre des choses de valeur aux autres. Les économistes diraient que le vol est un jeu à somme nulle, c’est-à-dire qu’il ne produit aucun bénéfice collectif. Le voleur ne gagne qu’aux dépens des autres. Pour le dire autrement, le travail est créateur tandis que le vol est destructeur. Le huitième commandement déclare que voler est un péché. Même le monde païen sait que le vol est contraire à la loi naturelle ; le vol nous offense naturellement. Voler c’est dissoudre la confiance interpersonnelle nécessaire à toute collaboration fructueuse. Les émotions que suscitent l’injustice du vol sont inscrites en nous et peuvent même être observés chez les enfants en bas âge. Des sentiments similaires ont été observés chez les primates et d’autres mammifères. Même le plus ardent des communistes, qui proclame haïr la monnaie ou ne pas croire en la propriété privée, serait désemparé s’il venait à être cambriolé. Le travail est difficile. Il s’agit de produire quelque chose à partir de rien – les proverbiaux « fruits de notre labeur ». Le travail ajoute de la valeur, bénéficie aux gens, aux communautés et aux pays en créant de nouveaux biens et services qui améliorent notre qualité de vie. Le travail générateur de valeur ajoutée devrait être récompensé. Le vol devrait être puni car il détruit de la valeur. Le vol porte atteinte à la grandeur de Dieu et est par conséquent déshumanisant et immoral. Et la monnaie dans tout ça ? “Ce que vous voulez que les hommes fassent pour vous, faites-le de même pour eux.” — Luc 6:31 Jésus a dit que nous pouvions résumer le dessein de Dieu pour l’humanité en deux commandements : aime Dieu, et aime ton prochain. L’amour originel de Dieu pour l’humanité s’est traduit par la création d’un monde où nous nous aimerions les uns les autres volontairement. La plupart des gens vivent au sein de communautés parce qu’ils sont interdépendants et doivent coopérer afin de prospérer. Avoir une communauté permet aux individus de développer des compétences spécialisées et d’échanger ensuite les fruits de leur labeur. Cela peut être organisé par une autorité centrale ou peut se faire de manière organique et volontaire sous l’effet de la demande. Nous aborderons la « coopération » centralisée au chapitre 5, mais la principale façon dont les communautés ont fonctionné au cours de l’histoire a été l’échange volontaire. C’est là que la monnaie entre en jeu. La monnaie est un outil puissant pour mesurer la valeur du travail. L’un des bénéfices principaux du regroupement en communauté est la division du travail. Il serait très difficile pour toute personne moderne de produire sa propre nourriture, de construire sa propre maison et de confectionner ses propres vêtements. La spécialisation signifie que chaque personne produit des biens et services différents. Quelle est la valeur attribuée à une récolte de blé ? Ou à la construction d’une maison ? Ou à la fabrication d’une chemise ? La monnaie nous donne un outil pour échanger et mesurer toutes ces choses. Un système monétaire sain nous permet également d’épargner. Nous pouvons sacrifier notre temps présent pour acquérir de la monnaie qui pourra être échangée à l’avenir contre une chose ayant une valeur similaire. La monnaie nous permet d’épargner pour le futur, de travailler plus durant les périodes fastes afin d’économiser nos gains pour les périodes difficiles à venir. Quand une communauté entière se comporte ainsi, la monnaie aide à conférer sécurité et sûreté pour ses membres. La conception de la monnaie “Ne vous amassez pas des trésors sur la terre, où la teigne et la rouille détruisent, et où les voleurs percent et dérobent ; mais amassez-vous des trésors dans le ciel, où la teigne et la rouille ne détruisent point, et où les voleurs ne percent ni ne dérobent.” — Matthieu 6:19–20 Nous pouvons considérer la monnaie comme des promesses ou des faveurs échangeables. Les « riches » sont ceux à qui l’on doit beaucoup de faveurs pour leur travail, et les « pauvres » sont ceux à qui l’on en doit peu. La monnaie est un moyen de garder la trace de la valeur qui a été fournie à quelqu’un dans la communauté à un instant t dans le passé. Ceux qui ont fourni de la valeur à un moment donné peuvent être récompensés à juste titre plus tard. Si ce système comptable de faveurs semble familier, c’est parce que c’est ainsi que Jésus décrivit notre accumulation de trésors au paradis. Nous ne serons peut-être pas récompensé pour nos bonnes actions ici-bas, mais Dieu nous garantit notre récompense dans l’au-delà. La monnaie est partie intégrante de la civilisation. Disons-le : même les systèmes monétaires les plus pieux ne sont que l’ombre de la chose réelle, mais le véritable but de la monnaie révèle l’intention de Dieu. Dans un système monétaire moral, la monnaie est gagnée par le travail volontaire. Dans un système immoral, en revanche, elle est prise de manière involontaire. Le vol du travail d’autrui “Le voleur ne vient que pour dérober, égorger et détruire ; moi, je suis venu afin que les brebis aient la vie, et qu’elles l’aient en abondance.” — Jean 10:10 Le vol corrompt la justice en permettant à ceux qui n’ont pas contribué à la communauté d’en récolter les fruits. Travailler c’est gagner des récompenses justes, l’échange de la valeur contre la valeur. Le vol est une accaparation injuste de la valeur et, par nature, imméritée. Le travail profitable exige de comprendre la communauté pour déterminer ce dont elle a besoin, et d’ensuite y répondre par la création de biens et services de qualité. L’échec de ces étapes résultera en du travail qui ne confère pas de valeur, ce qui signifie que moins d’argent sera gagné, voire pas du tout. Si un fermier décide de produire des pommes de terre dans une ville où il y a déjà des centaines de producteurs de pommes de terre, il pourrait ne pas réussir à vendre sa récolte. Si le même fermier décide de produire les pommes de terre les plus délicieuses de la ville, il vendra probablement plus que quiconque. Les personnes prospères dans un marché moral et libre atteignent leur position en servant la communauté. L’argent qu’ils gagnent du fait de leurs services est une mesure indirecte de la confiance placée en eux par la communauté. Dans un marché libre, ce sont les serviteurs de la société qui profitent le plus. L’émotion, le temps et la vertu nécessaires à un travail de valeur font partie de ce qui fait la valeur de ce travail. Le vol, quant à lui, exige bien moins de temps, d’investissement, de vertu et de travail. Le vol ne fournit de la valeur qu’aux voleurs et représente