Projet pédagogique de l’École Vivante "Les enfants ne sont ni des vases à remplir, ni un feu à allumer : ils sont un foyer ardent à ne pas éteindre" André Stern Les piliers de ce projet pédagogique : une classe multi-âge, la pédagogie par la nature et les pédagogies actives. L’enfant est au centre de l’Ecole Vivante. La proposition de l’école est d’offrir un espace favorisant l’émergence et l’approfondissement des centres d’intérêt que chaque enfant développe naturellement. Cet objectif est atteint grâce à un accompagnement personnalisé en respectant le rythme de chaque enfant, tout en l’inscrivant dans le groupe. Au cours de ses années vécues au sein de l’Ecole Vivante, l’enfant révèle son potentiel tout en acquérant les outils lui permettant d’aborder sereinement les différents défis présents et futurs auxquels il fera face (ex : entrée au collège...). L'approche pédagogique de l’École Vivante est le fruit de plusieurs influences/courants pédagogiques (inspiration Montessori, Freinet, Collot, méthode naturelle ... ). Ce choix est motivé par le fait qu’ il n’y a pas une méthode, une pédagogie mais un enfant et une multitude d’outils pédagogiques. 1 1. Une école respectant le rythme de chaque enfant Chaque enfant apprend et progresse à son propre rythme, et l’apprentissage se fait en fonction de ses propres besoins et intérêts. Dans ce contexte, la récompense et la punition ne sont pas nécessaires car pouvant être contre-productives. Nous encourageons l’enfant dans son désir naturel d’apprentissage et dans sa force qui le pousse vers la croissance. Le rôle de l’adulte est donc de faire confiance à l’enfant en l’observant avec bienveillance pour pouvoir l’accompagner dans son évolution. Méthodes et outils utilisés ● Une classe unique : les enfants accueillis (cycle 1 à cycle 3) forment une classe et sont encouragés à faire ensemble. Le fait d’avoir dans une classe des enfants d’âges différents apporte des avantages considérables d’un point de vue pédagogique : La classe s'oriente naturellement vers la coopération plutôt que vers la compétition. Les plus jeunes peuvent observer et s'inspirer des plus grands, avoir des aperçus de ce qu'ils pourront apprendre, faire en grandissant. Les plus jeunes voient ainsi leurs sources de connaissance et d’aide se multiplier : il ne s’agit plus d’un rapport vertical à l’adulte « qui sait », mais d’un échange productif entre tous les participants, quel que soit leur âge. Les plus grands intègrent de manière durable certaines notions en les transmettant eux-mêmes aux plus jeunes. ● Souplesse et adaptation des activités : chaque enfant est différent, et chacun est en mesure d’apprendre à un rythme qui lui est propre. Notre école fait ainsi une grande place à la souplesse , pour tenir compte de la disponibilité de chaque enfant dans l’acquisition de nouvelles connaissances, que ce soit à l’échelle d’une journée ou d’une semaine. S’allonger pour une sieste, prendre un temps tranquille d’observation avant de participer à une activité, s’accorder un temps plus long que les autres pour terminer quelque chose qui nous passionne, ou bien sortir un moment pour se défouler dehors, c’est possible tant que l’on respecte les activités des autres. Les créneaux d’activité sont ainsi modulables pour intégrer les différences tout en favorisant toujours la dynamique collective. ● L' emploi du temps est adapté aux besoins et envies de chacun (alternance de temps collectifs et de temps individuels / temps de repos...) ● Les apprentissages informels (apprentissages implicites, sans démarche consciente de la part de l'apprenant) ont toute leur place. ● Le système des ceintures de compétences provient de la pédagogie institutionnelle. Le principe des couleurs (comme les ceintures de judo) associées à chaque compétence permet aux élèves de se situer dans leur niveau de compétences et d’avancer par paliers successifs. Après une phase d’entraînement, quand l'enfant se sent prêt, il peut passer la ceinture et la valider pour passer à la couleur suivante. Une ceinture de niveau supérieur ré-évalue également les compétences des ceintures inférieures pour s’assurer que l’élève les maîtrise toujours. Si un élève échoue au passage d’une ceinture, il peut s’entraîner de nouveau pour la réussir. 2 2. Une école au service de la curiosité de l'enfant “Curieux de tout, capables d’une extraordinaire concentration et prêts à tout absorber comme les éponges absorbent l’eau” - Maria Montessori (L’esprit absorbant). De la curiosité naît la créativité ; c'est ce qui pousse l'enfant à apprendre , à s'ouvrir au monde qui l'entoure. De fait, l'une des grandes missions de l'adulte sera d'aménager des espaces riches, accueillants et bien organisés pour que les enfants y prennent leurs repères, y trouvent de quoi rassasier leur soif de découverte, apprennent, s'amusent et prennent confiance en eux. Tout ceci dans le but de favoriser le tâtonnement expérimental , qui permet de revenir sur ses erreurs et de les dépasser. L'école se veut la plus ouverte possible sur le monde environnant, accueillant avec joie les intervenants extérieurs choisis pour satisfaire les besoins d'apprentissages présents. Méthodes et outils utilisés ● L'organisation de l'espace : l’espace est aménagé de manière à favoriser la circulation autant que la découverte et l’utilisation du matériel. Le mobilier est adapté à la taille des enfants, les murs sont agrémentés d’éléments variés et stimulants sans surcharge. ● Les ateliers permanents : l’atelier est davantage un concept, qu’un espace. Il est associé à un domaine (Histoire, Géographie, Mathématiques...) À partir du moment où l’enfant peut choisir son activité, il intègre un atelier. L’atelier est permanent lorsque chaque enfant peut y accéder facilement et en permanence dans la journée. Cela nécessite des temps personnels dans lesquels l’enfant peut choisir ses activités selon ses besoins et ses envies. Exemples d'ateliers permanents : Écrire, Bibliothèque, Informatique, Scientifique, Coin jeux, Bricolage... ● Des activités pratiques et concrètes sont proposées (cuisine, jardinage, bricolage, ateliers artistiques...) ● Les temps libres : les enfants ont l'opportunité de se retrouver par affinité pour échanger, jouer, rêver, construire ou ne rien faire... simplement passer du temps ensemble pour nourrir des besoins d'appartenance et de partage. Une place importante est accordée au jeu libre car on sait aujourd'hui à quel point ces temps où les enfants vont être libres de leurs activités, entourés de leurs camarades, sont précieux pour leur santé et leur développement. Pour les plus jeunes, les jeux libres sont le plus possible des jeux extérieurs. Sur ces temps, l’adulte n’a pas un simple rôle de surveillance; il est là pour veiller à ce que chaque enfant se sente bien, accompagner les enfants qui en ont besoin à exprimer leurs émotions, trouver une solution à un problème exprimé ... ● Les sorties scolaires : nous souhaitons que l'école soit ouverte sur son environnement immédiat. Des sorties fréquentes seront donc organisées pour aller découvrir le patrimoine local, les espaces naturels... ● Les rencontres avec des intervenants : les enfants peuvent avoir besoin d’un support extérieur pour répondre à leurs questionnements ou à leurs besoins. L'école peut donc accueillir des personnes qui souhaitent partager un savoir, une passion, 3 un vécu avec les enfants. Ces intervenants, extérieurs à la classe, peuvent être des parents, des professionnels, un membre de la famille, une connaissance, un visiteur... Nous souhaitons que cette école soit un lieu de vie et de partage 3. Une école où l'enfant est acteur de ses apprentissages « Tu me dis, j'oublie. Tu m'enseignes, je me souviens. Tu m'impliques, j'apprends. » Benjamin Franklin Il nous paraît important que les enfants développent à l'école leur autonomie ainsi que leur responsabilisation . L'objectif est de permettre à l'enfant d'être acteur de ses apprentissages, en respectant son rythme, et en ayant confiance en ses capacités. Il s'agit principalement d'encourager les enfants à faire par eux-mêmes ou en demandant à un camarade ; de leur apprendre à apprendre et d'appliquer des pédagogies actives Méthodes et outils utilisés ● En plus de l'adaptabilité ponctuelle, la valeur de l’ espace d’un travail épanouissant réside dans son caractère évolutif. Ainsi cet espace est voué à vivre et changer en fonction des enfants et de leurs besoins. L' espace de travail proposé au départ est autogéré et ré-interrogé par le groupe, avec l'aide de l'adulte si nécessaire. Tous les enfants peuvent ainsi proposer des modifications tout au long de l'année. ● Le matériel est en accès libre et accessible à tous, selon les besoins. ● Avec la pédagogie de projet , nous partons de l'enfant, de ses centres d'intérêts, de sa vie. Le projet naît d'un intérêt, d'un besoin, d'un désir de faire. Grâce à lui, l'enfant est amené à faire des choix et à aller jusqu'au bout de son projet. Les enfants apprennent en faisant, en observant, en imitant... L'adulte accompagne les enfants dans ce processus : il incite les enfants à aller plus loin dans leur réflexion, leur met à disposition des outils, des espaces, des matériaux nécessaires à la mise en œ uvre de ce tâtonnement expérimental. ● La pédagogie coopérative part de l'observation que c'est en expliquant à un autre ce qu'il a compris que l'élève intègre le mieux. Après un temps de recherche personnelle, les élèves se retrouvent par groupe de trois ou quatre pour confronter leurs résultats, pour coopérer et s'enrichir de différentes façons de réfléchir. La mise en commun permet de construire les savoirs, d'intégrer des stratégies pour mémoriser, synthétiser, chercher et organiser sa pensée. ● Les présentations , telles que les exposés , sont encouragées à l'école car en plus d'apprendre à l'enfant à faire des recherches, cela lui permet de structurer, hiérarchiser ses idées, d'entériner les savoirs puis de prendre la parole devant le groupe pour partager une découverte, une expérience. ● Le texte libre est une technique consistant à amener les enfants à écrire sous leur impulsion propre, libérés des contraintes de sujet, de genre, de forme. Les enfants inventent une histoire et l'écrivent. Pour ceux qui ne sont pas encore rentrés dans la lecture/écriture, on passe par la dictée à l'adulte (l'adulte note l'histoire pour eux). Ils peuvent ensuite faire le choix ou non de partager leurs créations avec le groupe. Ceci 4 permet d'exprimer des pensées personnelles, d’aider à structurer ses idées, incite à développer son imagination et à lire, s'exprimer devant les autres. ● L'autoévaluation : les enfants n'ont pas de notes. Ils ont à leur disposition des outils d'auto-évaluation ( ceintures de compétences par exemple) qui sont utilisés pour suivre l'évolution de l'enfant sur les connaissances à acquérir dans le cadre du socle commun. De plus, le pédagogue propose des bilans réguliers, notamment pour les plus grands, pour échanger sur les compétences acquises ou en cours d'acquisition et l'implication dans les apprentissages et projets. ● Le plan de travail est un outil d'organisation individuel qui permet à l'enfant de prévoir les activités qu'il fera sur la journée ou sur la semaine. 4. Une école du vivre ensemble, favorisant les relations à soi et aux autres L'épanouissement des enfants, des personnes, est lié à de multiples paramètres, dont la nécessité de se connaître soi-même , tout en développant des liens avec les autres Écouter autrui et ses émotions, prendre en compte ses besoins, et résoudre les conflits de façon coopérative s’apprend. Dans ce but, et dès tout petit, les enfants sont sensibilisés aux pratiques de la Communication Non Violente, depuis les « messages clairs » jusqu’à la « médiation par les pairs »... Écouter autrui, c’est aussi apprendre à découvrir les bénéfices de la différence, notamment pour développer sa pensée, ses inspirations et son esprit critique . Dans la pratique, des temps réguliers d‘échange à plusieurs sensibilisent les enfants : quoi de neuf, partage d’idées et de projets, conseil de vivre ensemble, atelier philo ... Méthodes et outils utilisés ● L'attribution des différentes responsabilités , qui se fait en conseil, dépend des capacités de chaque enfant. A tour de rôle, les enfants choisiront des responsabilités qui les amèneront à participer activement à la vie collective. Il s’agira par exemple de préparer pour tous l’en-cas du matin, de mettre ou de débarrasser la table, de ranger ou de nettoyer, de prendre soin des plantes de la classe ou des animaux ... ● Conseil d'enfants : chaque semaine, une réunion de vie collective animée par les enfants et supervisée par l'adulte permet à chacun de mettre en parole ce qui l'anime, le dérange ou lui plaît. Des décisions collectives pour mieux vivre ensemble sont prises, sont expérimentées sur un temps défini puis sont évaluées et éventuellement modifiées. ● Le Quoi de neuf consiste en un moment de paroles libres, auxquelles les enfants peuvent s'inscrire à l'avance. La parole y circule avec certaines règles pour permettre l'écoute des questions et réponses. D'une part ce moment (en général en début de matinée) permet aux enfants de partager avec la classe ce qui leur tient à c œ ur , de se libérer par la parole , d'autre part il est l'occasion pour la classe de se saisir de nouveaux sujets d'étude et de recherche. ● Les ateliers philo sont régulièrement organisés afin que les enfants apprennent à construire leur réflexion . Durant ce temps collectif, ils apprennent à s'écouter , à débattre , 5 à argumenter et à f aire évoluer leur pensée . Ils apprennent la tolérance et la diversité de points de vue. ● Médiation entre pairs et messages clairs : les enfants apprennent à résoudre leurs conflits, à verbaliser leurs émotions, à avoir des comportements permettant de s'enrichir mutuellement, de coopérer, de se respecter. ● Relations intergénérationnelles : les enfants seront régulièrement invités à entrer en contact avec les personnes âgées du bassin anduzien. 5. Une école du dehors... La pédagogie par la nature Nous souhaitons que l’école permette aux enfants de vivre au rythme naturel des saisons favorisant ainsi une meilleure connaissance de soi et un lien harmonieux entre les individus et leur environnement naturel. L'école offre aux enfants un environnement privilégié avec un jardin directement accessible, et la possibilité d’effectuer régulièrement des balades. Ainsi, les enfants peuvent combler leur besoin de mouvement et de jeux libres avec les éléments naturels (terre, sable, eau ... ). La nature est pour l’école un support d’apprentissages concrets et un lieu de découvertes, d’expérimentations et d‘expression privilégiée . Elle donne de surcroît un sens aux apprentissages fondamentaux. La nature, source d'émerveillement et de curiosité pour l'enfant, est également le support d’activités de vie pratique et d’artisanat , occasion de développer son habileté manuelle et sa créativité, de fabriquer soi-même des jeux simples, des présents, des objets du quotidien... Pour ce faire, les enfants seront invités à être acteurs de l’aménagement de l’école. En fonction de l’espace extérieur disponible, les enfants pourront être amenés, au fil des ateliers, à : construire des abris à insectes, faire des cueillettes sauvages, fabriquer un lombricomposteur, semer ou repiquer des plantes aromatiques et médicinales ... et surtout, mettre en place des potagers collectifs variés. Beaucoup de temps est passé dehors, en activités dirigées ou en jeu libre. Le cadre du Val de l'Hort s'y prête particulièrement. L'école du dehors est bénéfique en de multiples points. En effet, passer du temps dans un espace naturel favorise : → L'entretien d'une bonne santé physique et mentale : le fait d’évoluer à l’extérieur tout au long de l’année renforce le système immunitaire . Moins souvent malades, les enfants sont également moins sujets aux allergies. Les enfants développent leur motricité et leur coordination Cela développe également plus facilement la confiance en soi et l'estime de soi. Face à une nature changeante et imprévisible, les enfants sont tenus de s’adapter. A travers elle, ils apprennent à mesurer et mieux gérer leur prise de risque. → Le développement de multiples qualités interpersonnelles : libres de dépenser leur énergie, les enfants sont plus attentifs et acquièrent de meilleures facultés de concentration . Ils sont plus autonomes et débrouillards. Laissés libres d’expérimenter, ils peuvent aller au bout de leurs projets et développer leur imaginaire, ce qui les rend plus créatifs Habitués à évoluer en petits groupes, ils développent l’entraide, l’esprit d’équipe et la 6 coopération → L'ancrage des apprentissages, notamment car les enfants sont acteurs, apprennent avec plusieurs de leurs sens et dans des situations « authentiques ». → Le tissage d'un lien émotionnel fort avec le milieu naturel: connectés à la nature, les enfants sont sensibilisés de manière directe à la préservation de l’environnement et acquièrent une conscience environnementale accrue Autre point : le rôle du pédagogue Le rôle du pédagogue est de guider les enfants dans leurs intérêts et de préparer un environnement riche d’activités adaptées. Le pédagogue accompagne et soutient les enfants dans l'acquisition de leur autonomie . Loin de s’imposer, il s’efface au profit de l’enfant et du groupe, permettant à chacun d’exercer et de développer son esprit d’initiative et de décision. Il sert de guide entre l’enfant et l’outil de travail (les activités proposées), mais également entre l’enfant et le groupe. Il peut être un recours individuel ou collectif en cas de problème. Loin d’être passive, son attitude est celle d’un observateur attentif : en respectant le caractère, la personnalité et le rythme de chacun, il observe attentivement chaque enfant pour connaître ses besoins et ses capacités. Il présente de nouvelles activités aux enfants et stimule leurs intérêts. L’adulte est aussi responsable de l’évaluation des enfants et de faire le lien avec les parents. 7