Montréal, le 5 décembre 2019 LETTRE OUVERTE À LA PRESSE Les résidents boliviens à l'étranger avons constaté, avec grande surprise, que la plupart des notes de presse publiées dans divers médias de nos pays d’adoption correspondent à une version partielle ou incomplète des évènements survenus récemment dans notre pays d'origine, la Bolivie. Nous faisons ici allusion aux multiples allégations de fraude électorale et de protestes pacifiques citoyennes généralisées qui ont suivi la démission de l'ancien président Evo Morales et la mise en place d'un gouvernement de transition constitutionnellement établi, dirigé par la présidente Jeanine Añez. Nous soupçonnons que les divergences sont le produit du manque d’accès à l’information ou de l’utilisation d’informations qui proviennent d’agences de presse biaisées, qui soutiennent généralement l’hypothèse d’un «coup d’état», sans nécessairement connaître les vrais faits, ni le contexte général de la situation. Nous, les auteurs de cette lettre, ne sommes affiliés à aucun parti politique et n'avons pas l’intention de parler au nom de tous les Boliviens, mais nous représentons, effectivement, une ample variété au sein de la société bolivienne, étant donné que nous provenons d’extractions socioéconomiques et culturelles variées, et nous défendons des croyances et des courants politiques qui sont, eux aussi, très différents. Pourtant, nous partageons fermement certaines idées, dont la notion de démocratie, car il ne s’agit pas d’un concept subjectif et nous maintenons que ce qui est survenu en Bolivie n’est pas un coup d’État, sinon la volonté d’un peuple qui a défendu son droit à la démocratie, tel qu’on vous l’expose ci-dessous. Antécédents L'ancien président Evo Morales assume la présidence le 22 janvier 2006, après le nouveau procès électoral qui suit la destitution de l'ancien président néolibéral Gonzalo Sánchez de Lozada. Evo Morales et les protestes qu’il dirige sont l'élément déclencheur de cette démission, ce qui le positionne comme une figure légitime des revendications sociales d’un segment important de la société, amplement négligé jusqu'à ce moment-là. Un autre contributeur à son succès électoral est le vote sanction d'une partie importante de la classe moyenne contre les partis traditionnels, lui permettant d'accéder à la présidence muni d’une majorité parlementaire et lui donnant le moyen de redéfinir les institutions mêmes de l’ex-république de la Bolivie. Peu de gens auraient imaginé que presque quatorze ans plus tard, ils se trouveraient manifestant dans les rues, s'exposant à des groupes violents incités à semer la terreur, agitant leurs drapeaux boliviens en défense de la démocratie, ou résidant à l'étranger, quasiment comme migrants forcés à la recherche de meilleures opportunités de vie inexistantes pour eux en Bolivie,après avoir élu un parti politique qui avait trahi leur confiance. Pendant presque 14 ans, le gouvernement de Morales se révèle inefficace et corrompu.1 Les ressources de tous les Boliviens sont gaspillées par des gestions incompétentes qui auraient pu se 1 https://www.transparency.org/files/content/corruptionqas/346_Overview_of_corruption_in_Bolivia.pdf?fbclid=IwAR2I3uuSz VFD9K PxoJBFakcAFOGDz0nwsO2r8ulSZLHBiXttSzHGnLH7ruY multiplier et générer des bénéfices organiques et durables pour tous les citoyens boliviens sans distinction. Le système devient un cocktail de dilapidation, de pillage et de destruction systématique de la gestion des infrastructures critiques (pétrole, gaz, électricité, télécommunications, chemins-de-fer, transport aérien, secteur minier, approvisionnement d’eau, etc.), nationalisées au fur et à mesure comme des "cadeaux sociaux" aux travailleurs. Il y a des jeux d'influence, des abus de pouvoir, des soupçons d’une obscure complicité du gouvernement avec le trafic de drogue international,2 l’oppression de la liberté de la presse (bâillon de la censure, achat direct de médias et chantage commercial lié aux contrats de publicité d’autres médias pour les faire taire),3 destruction de l'appareil productif par étranglement fiscal des entreprises privées, coercition et intimidation des employés de la fonction publique dans le milieu de travail gouvernemental, et contrôle politique des citoyens et des institutions; le tout, masqué avec une dose minimale de réformes populistes pour obtenir le soutien de leur base, la classe la plus humble, dont les ouvriers et les paysans, à laquelle ils vendent l'histoire d'un “pays en évolution” (proceso de cambio) . La haine et division d'ordre racial, régional et de classe sociale parmi les Boliviens sont fortement stimulées.4 Au lieu de concentrer tous les efforts de l’État au service de plans stratégiques de développement intégral, c’est-à-dire d’ordre social et économique, Evo Morales permet un gaspillage systématique de ressources publiques en luxes et délires exorbitants: un musée en son honneur de 7 millions de dollars américains à son village natal (un petit emplacement “caché” dans la vaste région des hauts plateaux des Andes boliviens), un nouvel et luxueux édifice du gouvernement (appelé “Casa del Pueblo” ) à La Paz, pour 34 millions de dollars, dont deux étages étaient destinés au logement du président, un gymnase, un jacuzzi, des chambres à coucher aux environnements luxueux, le tout incluant un héliport pour l'hélicoptère présidentiel, lequel lui permet d’accéder en tout temps à son avion privé, aussi considéré "présidentiel". La facture de ce dernier s'élève à 38 millions de dollars d’argent public. Une image qui ne correspond pas du tout au discours du socialiste modeste. L’avion lui servira de moyen de transport pour chaque Coupe du monde (même si la Bolivie n’y participe pas) et pour rendre visite, la plupart du temps, aux dirigeants de pays alignés ou ayant des tendances marquées au socialisme totalitaire, à savoir Cuba, 2 https://www.elfinanciero.com.mx/opinion/pablo-hiriart/excesos-con-evo?fbclid=IwAR1a3JuW4FQ8bTb5R9zzJ48Qv_oowLEEDInR ZmejVMJqaKiRFeE7CZxVx_s 3 https://www.libertaddigital.com/mundo/luto-en-los-medios-bolivianos-por-la-ley-mordaza-de-morales-1276404036/ https://tuffiare.wordpress.com/2010/10/12/comunicado-de-la-anp-2/amp/ 4 https://cnnespanol.cnn.com/video/marco-pumari-indigena-bolivia-evo-morales-renuncia-intv-conclu/ le Venezuela, l’Iran, La Chine et la Russie. L'avion a également servi, comme Evo Morales l'a lui-même qualifié "d’outil de travail", en lui permettant de se déplacer rapidement à travers le pays pour aller livrer en personne des terrains de football (“soccer”) en gazon synthétique, très souvent à des emplacements où les priorités étaient sans doute des hôpitaux et des travaux publics fondamentaux. Le populisme accompagné de la fragmentation sociale et d’une animosité sectaire exacerbées constituent malheureusement le talon d'Achille de la démocratie. On ne peut pas nier qu'il y a eu certains aspects très positifs et importants au long de son gouvernement, dont principalement l'inclusion d’une partie de la société marginalisée depuis la fondation du pays. Autres accomplissements sont: la “loi contre toutes les formes de racisme et discrimination”, une tentative courageuse d’éradication de l’analphabétisme (ni durable, ni vérifiable, pourtant louable), la livraison de logements sociaux, construction de certains centres hospitaliers et des œuvres publics variés dans la Bolivie rurale et, des fois, urbaine. Cependant, au total, quatre fois plus de projets sportifs que de projets dans le domaine de la santé ont été réalisés5 Le département de publicité de l'État a augmenté la portée des projets réalisés, en dépensant environ 770 millions de dollars US en des campagnes publicitaires pour le gouvernement au pouvoir entre 2010 et 2018.6 Malheureusement, l’ensemble s'avère minuscule et mal priorisé par rapport au miracle macroéconomique dont sa gestion s’est bénéficiée au cours des dix premières années de son gouvernement,7 à savoir la multiplication de plusieurs fois des prix de matières premières exportées par la Bolivie. Peut-être que l’éducation publique et l’assurance maladie universelles et équitables en termes de qualité, auraient pu se matérialiser, peut-être aussi le développement industriel, le commerce, le tourisme, bref une opportunité manquée pour établir la fondation d’un vrai développement durable. L'un des épisodes les plus sombres de la période du gouvernement d’Evo Morales est la tragédie écologique de l'Amazonie, le Pantanal et la Chiquitania boliviens qui a fait les manchettes internationales. En juillet 2019, Evo Morales publie le décret 3973 autorisant des "brûlages contrôlés" dans des zones protégées sans consultation préalable des populations indigènes qui habitent dans les régions touchées, comme l'exige la loi.8 Lorsqu'ils deviennent incontrôlables, Morales rejette non seulement l'aide internationale, mais refuse de déclarer l'état d'urgence, sous-estime les dégâts et assure que la situation est sous contrôle. Cela cause des désagréments dans la population, les citoyens s'organisent pour aider et font pression sur Morales pour qu'il accepte de l'aide. Morales demande de l'aide internationale trop tard. Ces incendies durent plus de deux mois, consomment plus de 4 millions d'hectares, mettent en danger de nombreuses communautés indigènes, plus de 2,3 millions d'animaux sauvages et sept volontaires y perdent la vie.9 Dans les premiers jours d’octobre, le Paraguay demande à la Bolivie une indemnisation pour 5 https://www.paginasiete.bo/economia/2017/6/20/evo-cumple-impulso-veces-canchas-obras-salud-141762.html?fbclid=IwA R0EWlTjABaZEx7y-Z9UT2QLkNWZoN3fK1gLucV-vjVipu8eGVbnp-bxzCQ 6 https://www.radiofides.com/es/2019/01/16/el-gobierno-gasto-775-millones-de-dolares-en-publicidad-entre-2014-y-2018/?fb clid =IwAR3i3IdiY5G112A_ynTMaZr5KeSaM_W8g0oDdth1lQB6kjmytrLqyDzH-XY 7 http://lapatriaenlinea.com/?nota=142807&fbclid=IwAR2A8WkVwq5AKMt-OQnKKeo0NqIpqxEUb_OsXP2r5Z6eJ4XxzglLOC_G_fE 8 https://www.independent.co.uk/voices/amazon-fires-bolsonaro-bolivia-wildfires-rainforest-a9080786.html?fbclid=IwAR2OT4PZu N7jMjoEiuO_e2cR88i9LxvKDiuktyBswA1zbDxUpwmakFl5tZo 9 https://www.lostiempos.com/actualidad/pais/20191001/heroes-que-murieron-incendios-bolivia https://cnnespanol.cnn.com/video/bolivia-incendios-fauna-afectada-animales-perspectivas-buenos-aires-cnnee/ https://eldeber.com.bo/149854_incendios-matan-a-unos-23-millones-de-animales-en-bolivia-segun-una-experta les dommages causés à son territoire par les incendies qui ont pris naissance en Bolivie.10Des groupes d'indigènes de la Bolivie dénoncent Morales devant l'ONU pour ses actions récentes et d'autres violations des droits commises tout au long de ses nombreuses années au pouvoir.11 Finalement, dans le domaine macroéconomique, bien que le PIB ait augmenté en moyenne de 5,2% par an pendant les presque quatorze ans de gouvernement d’Evo Morales, la dette extérieure est passée de 3.2 milliards à 10.5 milliards de dollars américains. Evo Morales quitte la présidence avec un pays trois fois plus endetté que celui qu’il avait reçu en 2006.12 Ce qui suit est une chronologie du parcours qu'a suivi Evo Morales et son parti, le MAS (“Movimiento al Socialismo”), pour se perpétuer au pouvoir, à travers de la refondation de l'État, la concentration des pouvoirs traditionnels: Exécutif, Législatif et Judiciaire, et finalement l'appropriation des cours et des tribunaux électoraux; bref, le caractère insidieux d’une progression lente et graduelle à un totalitarisme d'État: - Vers la fin de son premier mandat (2006-2009), en février 2009, le gouvernement majoritaire d'Evo Morales adopte une nouvelle constitution politique pour la Bolivie qui devient un État plurinational. La nouvelle constitution autorise une seule réélection du président au pouvoir.13 - Lors du deuxième mandat du président Morales (2010-2014), en avril 2013, le Tribunal constitutionnel de la Bolivie (TCP - “Tribunal Constitucional Plurinacional”) établit que le premier mandat de Morales ne compte pas comme un terme électoral vis-à-vis de la nouvelle Constitution et de l'État refondé, lui permettant alors de se relancer en candidature pour un nouveau terme.14 - Le troisième mandat d'Evo Morales (2015-2020) débutant en janvier 2015, devait durer jusqu'en 2020. Le parti au pouvoir propose qu’Evo Morales puisse accéder à un quatrième mandat en signalant de façon arbitraire qu’il s’agit de la volonté du peuple. Il est donc décidé de convoquer à un référendum pour modifier à nouveau la constitution politique de l'État et permettre ainsi la réélection du président et du vice-président. Evo Morales promet à la population de respecter «la voix du peuple». Le référendum a lieu le 21 février 2016 et le «NON» (contre la modification de la constitution, fermant alors la porte pour la repostulation) l'emporte, avec 51,3% des voix. Ignorant la volonté de la majorité, le MAS présente un «’pouvoir abstrait’ d'inconstitutionnalité contre la limitation constitutionnelle des mandats exécutifs» devant le TCP. En novembre de cette année, le TCP autorise Evo Morales et son vice-président à pouvoir être réélus dans leurs fonctions de façon illimitée, le 10 https://www.eldiario.net/movil/?n=28&a=2019&m=10&d=03 11 https://hrf.org/press_posts/bolivia-hrf-condemns-president-morales-role-in-forest-fires/ https://www.lostiempos.com/actualidad/pais/20191008/indigenas-denuncian-evo-onu-incendios-forestales-extractivismo-no-consulta https://www.theguardian.com/environment/2017/aug/15/bolivia-approves-highway-in-amazon-biodiversity-hotspot-as-big-as-jamaica 12 https://www.bcb.gob.bo/webdocs/informes_deudaexterna/Informe_Semestral_2019_28082019.pdf 13 http://sea.gob.bo/digesto/CompendioNormativo/01.pdf 14 https://www.bbc.com/mundo/noticias-america-latina-49926169 tout fondé sur le principe que leur réélection se constitue comme un droit inscrit dans la “Charte aux droits de l'homme”.15 Note: La réélection ne constitue pas un droit de l’homme. 16 Élection présidentielle du 20 octobre 2019, la fraude électorale et ses conséquences Les élections générales ont lieu le 20 octobre. Evo Morales se présente comme candidat à la présidence pour la quatrième fois consécutive, malgré les obstacles juridiques qui sont exposés auparavant. Les résultats sont transmis par les instances électorales au moyen d'un système de dépouillement rapide et d'un système de dépouillement officiel. Le dépouillement rapide est inexplicablement suspendu lorsque la tendance du vote indique qu'il y aurait un second tour17, ce qui devrait logiquement favoriser l'opposition. Il n'est rétabli que le lendemain, avec un changement de tendance drastique et "inexplicable", selon les termes des observateurs de l'Organisation des États américains (OEA), ce qui permettrait à Evo Morales de remporter une victoire électorale au premier tour. Ce résultat présente d'énormes signes de fraude électorale. Plusieurs audits et études des résultats révèlent des observations sérieuses au sujet de la transparence des élections : · Chiffres incohérents; · Nombre total de votes dépassant le nombre total d'électeurs; · Modification des données (votes pour un candidat transférés à un autre candidat); · Actes de scrutin sans signature; · Électeurs disqualifiés (décédés) dans les listes électorales; · Campagne électorale d’Evo Morales financée avec les ressources de l’État Les Nations Unies (ONU) et l'Union européenne (UE) se joignent à la recommandation des observateurs de l'OEA et demandent un deuxième tour. Quelques jours après, la compagnie Ethical Hacking, engagée par le tribunal électoral (TSE - “Tribunal Supremo Electoral” ) lui-même pour effectuer la vérification informatique du processus électoral, affirme que les élections sont entachées d'irrégularités, entraînant ainsi leur nullité.18 Une grande partie de la société est outrée par la fraude.19 Elle a été perçue par les membres de la population comme une insulte à leur intelligence, une honte à la mémoire de leurs proches décédés et une menace à leur droit à la démocratie. 15 https://www.bbc.com/mundo/noticias-america-latina-42159445 https://hrf.org/press_posts/bolivia-hrf-urges-iahcr-to-stop-evo-morales-authoritarian-power-grabs/ 16 https://hrf.org/press_posts/hrf-pide-a-la-cidh-promover-aplicacion-de-la-clausula-democratica-a-bolivia/ 17 https://www.lostiempos.com/actualidad/pais/20191031/empresa-dice-que-choque-ordeno-frenar-trep-tendencia-del-voto 18 ttps://www.infobae.com/america/america-latina/2019/11/08/la-auditoria-oficial-califico-como-viciadas-de-nulidad-a-las- h elecciones-bolivianas-y-carlos-mesa-exigio-nuevos-comicios/ 19 https://www.youtube.com/watch?v=WA-u4HxzHZw Le collectif nommé ‘’Coordination de la défense de la démocratie’’ est formé. Carlos Mesa et d'autres candidats, dirigeants des comités civiques, maires et chefs de partis politiques y participent. Ce groupe convoque les citoyens à se mobiliser de façon pacifique et déclare l’arrêt de travail indéfini. À ce moment, Evo Morales commence à suggérer que les manifestations pacifiques font partie d’une tentative de coup d’État.20 Face à l'intensification des manifestations, Evo Morales ridiculise le mouvement citoyen en déclarant "deux, trois personnes, attachant des ficelles[...] Je peux leur donner un atelier pour qu'ils apprennent à manifester". (Texte original en espagnol: “dos, tres personas, amarrando pititas [...]soy capaz de hacer taller seminario, como se hace marcha a ellos, para que aprendan” ). 21 Le 27 octobre, Evo Morales menace les citoyens à la télévision en déclarant “citoyens, cessez de nuire avec des arrêts de travail, si vous en voulez, pas de problème, nous allons vous joindre avec de sièges aux villes pour nous faire respecter, on va voir si vous résistez” (Texte original en espagnol: “ciudades dejen de perjudicar con paros, si quieren paro, no hay problema, los vamos a acompañar con cerco a las ciudades para hacernos respetar, a ver si aguantan”).22 Cette stratégie, précédemment appliquée par Morales dans ses années de dirigeant syndical, empêcherait l'approvisionnement en nourriture et même en eau des villes (Pendant plusieurs semaines, jusqu’à la fin novembre 2019, certaines villes boliviennes on fait face à des pénuries d'essence, de gaz et de nourriture en raison des sièges des groupes affiliés au MAS).23 Cela fait contraste avec les protestes citoyennes pacifiques contre la fraude, qui permettaient le passage des ambulances, de la nourriture et des autres services d'urgence. Au cours des jours suivants, le MAS convoque publiquement les organisations sociales qui le soutiennent pour mettre fin aux blocages dans les rues. Ces groupes, dans certains cas armés de dynamite, de couteaux, de bâtons et d'armes à feu, attaquent les manifestants, faisant trois morts: deux à Santa Cruz (48 et 60 ans), tués par arme à feu; et le troisième à Cochabamba (20 ans), décédé dû à un arrêt cardiorespiratoire après un décès cérébral causé par des coups.24 Il existe des enregistrements visuels (vidéos et photos prises par téléphone portable) démontrant que les manifestants envoyés par Evo Morales sont payés à la fin de la journée. Le sénateur Ciro Zabala, du parti au pouvoir, admet qu'il leur est donné 50 Bs comme "allocation".25 En plus, le gouvernement appelle ses partisans à des marches pour soutenir le parti, ces marches sont en grande partie composées d'employés du gouvernement contraints à marcher. Plusieurs 20 https://www.paginasiete.bo/nacional/2019/10/23/evo-ratifica-que-gano-las-elecciones-denuncia-golpe-de-estado-235265.html ttps://www.bbc.com/mundo/noticias-america-latina-50152905 h 21 https://www.youtube.com/watch?v=nHoHCrZXy4Y 22 https://lta.reuters.com/articulo/elecciones-bolivia-idLTAKBN1X50FQ-OUSLT https://www.youtube.com/watch?v=VmbI5ReHa2M 23 https://www.paginasiete.bo/nacional/2019/11/8/comunarios-cierran-valvulas-de-una-represa-de-agua-en-cochabamba-236764.html http://eju.tv/2019/11/bloqueadores-en-senkata-trataron-de-secuestrar-una-ambulancia-que-intentaba-auxiliar-a-heridos/?fbclid=IwA R1Yd0177IpMN4YfkQC1oiJ4Eyfpr2Ks0O1-R2DIEF1F2eAIxufXpSWde-A 24 https://www.lostiempos.com/actualidad/pais/20191022/waldo-albarracin-se-recupera-agresion-paz https://elpotosi.net/nacional/20191101_la-mujer-senalada-como-autora-intelectual-de-las-muertes-en-montero-es-diputada-electa-por -el-mas.html https://urgente.bo/noticia/limbert-guzm%C3%A1n-el-joven-que-so%C3%B1aba-con-ser-ingeniero-civil 25 https://www.paginasiete.bo/nacional/2019/11/8/senador-del-mas-confirma-pagos-236755.html https://www.youtube.com/watch?v=Vg_64SgJaKA représentants de la presse sont attaqués par des partisans du MAS lors des marches en soutien à Evo Morales.26 Les dirigeants civiques de huit des neuf « départements » (districts administratifs) boliviens, dirigés par Luis Fernando Camacho et Marco Pumari, radicalisent leurs positions et demandent la démission d’Evo Morales.27 Des “cabildos ouverts” sont organisés à Santa Cruz, Cochabamba, La Paz et Potosí, rassemblant des millions de Boliviens unis pour la défense de la démocratie. Camacho et Pumari se déplacent à La Paz, malgré l'opposition des groupes de choc du MAS, exigeant la signature d'une lettre symbolique de démission à Evo Morales. À cela s'ajoutent d'autres groupes autrefois adeptes du MAS tel que les mineurs, les cultivateurs de coca et les indigènes de différentes provinces, telle que la Nation indigène «Qhara Qhara » originaire de la région centrale du pays, qui en plus d’exiger la démission d’Evo Morales lui demande “[...] de cesser d'envoyer les indigènes comme chair à canon au service de leurs intérêts et d’arrêter de semer la haine entre les habitants de la campagne et ceux de la ville pendant les manifestations”.28 Pendant cette période d'instabilité et d'insécurité citoyennes, la Police nationale joue un rôle principalement destiné à contenir la violence avec des nuances de partialité à l'égard du Gouvernement. Les manifestants interpellent la police pour qu'elle se joigne à la lutte pour la démocratie, les commandants de certaines régions du pays refusent de réprimer le peuple.29 Enfin, le 8 novembre, vingt policiers font une mutinerie et les premières unités de police se rebellent décidant de supporter les citoyens qui protestent contre la fraude.30 Les unités restantes de la Police se joignent à l'insubordination dans les heures suivantes recevant la reconnaissance de la population. Des tireurs d'élite et des groupes mobilisés par le gouvernement continuent avec des gestes de violence extrême et attaquent les caravanes de mineurs et d'étudiants universitaires qui se dirigent à La Paz avec l’objectif d’exiger la démission de Morales. Quatre mineurs sont abattus et des femmes sont victimes d'abus sexuels.31 Le 10 novembre au matin, malgré le fait qu'Evo Morales tente, selon ses propres dires, de l'empêcher,32 l'OEA publie le rapport préliminaire de l'audit qu'elle a effectué. Ce rapport confirme des irrégularités importantes dans le processus électoral. Le document recommande donc la 26 http://www.anp-bolivia.com/?fbclid=IwAR2g00dZw0xU1r2zVcVo1ud8AE7hJ-oogZtaYAwZ3yxtin5vt9T00G7bYxI 27 https://noticiasporelmundo.com/cabildo-nacional-da-a-evo-morales-48-horas-para-renunciar 28 https://www.youtube.com/watch?v=KBRWiD3IIe4 https://www.panamericana.bo/articulo/politica/cocaleros-yungas-llegan-paz-suman-medidas-presion-defensa-democracia/20191029 133109001531.html http://m.eldia.com.bo/articulo.php?articulo=Naci%C3%B3n-Qhara-Qhara-a-Evo:--Deja-de-enviar-ind%C3%ADgenas-como-carne-de-ca %C3%B1%C3%B3n-para-tus-intereses-&id=1&id_articulo=290830 29 http://boliviaprensa.com/index.php/politica/item/11057-destituyen-al-comandante-de-la-polic%C3%ADa-de-potos%C3%AD- por-orden-del-comando-general 30 ttps://www.theguardian.com/world/2019/nov/09/bolivian-police-mutiny-in-opposition-to-evo-morales?fbclid=IwAR2Ei69Mx1 _9zKCFEeNh_tsd2VW1q53mkAs7InqkJRwcD6c62yzG8pYeFOY 31 https://www.eldiario.es/politica/disparos-caravana-Evo-Morales-Bolivia_0_962054159.html https://www.noticiasfides.com/nacional/seguridad/emboscada-y-ataque-criminal-a-mineros-potosinos-deja-dos-heridos-de-bala-402309 32 https://www.youtube.com/watch?v=OVd1oYV3Qbc nomination d'un nouveau tribunal électoral chargé de convoquer de nouvelles élections.33 À ce moment là, Morales ose “annoncer innocemment” des nouvelles élections. Par contre, il est trop tard puisqu'il a perdu la confiance des gens, d’autant plus qu’il n’est pas en mesure de répondre de façon directe à la question sur la possibilité de sa candidature à une nouvelle élection. À la lumière de ce rapport, la fédération des syndicats boliviens (COB - Central Obrera Boliviana) , jusqu'alors alliée ferme du parti au pouvoir, demande la démission d'Evo Morales afin de mettre fin à la violence dans le pays.34 Face à un pays au bord de l'anarchie et confronté au dilemme de soutenir la cause citoyenne ou de lever les armes contre le peuple, le commandant en chef des Forces armées, le général Williams Kaliman, publie un communiqué suggérant la démission d'Evo Morales pour pacifier le pays,35 conformément à l'article 20 de la loi organique des Forces armées qui stipule qu’il appartient aux Forces armées « d’analyser les situations de conflit interne et externe [et] de proposer des solutions appropriées aux entités appropriées ».36 Peu après, Evo Morales, Álvaro García Linera et d'autres représentants du MAS, dont la présidente du Sénat Adriana Salvatierra, démissionnent de leurs fonctions, laissant le pays acéphale, une situation sans précédent. À la suite de la démission d'Evo Morales et avec toutes les unités de la police repliées dans leurs quartiers à cause de la mutinerie policière, des groupes adeptes du MAS attaquent violemment les villes de La Paz, El Alto et Cochabamba. Les citoyens forment de groupes de défense appuyés par les groupes de paysans qui se sont mobilisés dans ces villes en appui à la manifestation contre la fraude. Parmi les actes violents perpétrés la nuit du 10 novembre, 64 autobus et autres installations de la ville de La Paz sont incendiés, la ville subit plus de 91 millions de Bolivianos (13 millions de dollars américains ) de dommages.37 La maison du recteur de l'Université Publique de la ville de La Paz (UMSA - Universidad Mayor de San Andrés) et président du Comité National de défense de la démocratie (Comité Nacional de Defensa de la Democracia), Waldo Albarracín,38 la maison du représentant de l'association de travailleurs indigènes ( CSUTCB - Confederación Sindical Única de Trabajadores Campesinos de Bolivia) Nelson Condori39et celle de la journaliste Casimira Lema sont brûlées par des foules des partisans du MAS.40 Plusieurs médias sont touchés pendant 33 http://www.oas.org/documents/spa/press/Informe-Auditoria-Bolivia-2019.pdf https://www.france24.com/es/20191110-oea-recomienda-repetir-elecciones-bolivia 34 https://mundo.sputniknews.com/politica/201911101089265577-evo-morales-pierde-aliado-clave-central-obrera-boliviana- pide-su-renuncia/ https://www.notimerica.com/politica/noticia-bolivia-sindicato-boliviano-cob-afin-evo-morales-pide-renuncia-presidente-2019111019 4144.html 35 https://youtu.be/0SA7g47-mVI 36 https://www.lexivox.org/norms/BO-L-1405.html 37 https://www.paginasiete.bo/nacional/2019/11/15/los-ataques-la-ciudad-maravilla-dejan-perdidas-que-superan-los-bs-91- millones-237453.html 38 https://twitter.com/w_albarracin/status/1193728915489087488?lang=en http://www.redbolivision.tv.bo/actualidad/saquean-y-queman-casa-de-waldo-albarracin-88192 39 https://elchacoinforma.com/queman-la-casa-de-condori-el-poncho-rojo-que-reprocho-a-morales-por-el-fraude-electoral/ 40 https://www.noticiasfides.com/nacional/politica/una-turba-quema-la-casa-de-la-periodista-lema-y-pagina-siete-suspende-su- edicion-impresa-402327 cette période de vide du pouvoir, ils sont forcés à suspendre leurs activités pour protéger la sécurité de leurs journalistes.41 Le 11 novembre, Evo Morales, faisant allusion au fait que sa vie est en danger, obtient l'asile politique au Mexique. Compte tenu des démissions et de l'absence du président, du vice-président et du président du Sénat, la deuxième vice-présidente du Sénat, Jeanine Añez, assume la présidence de la Bolivie, tel qu’inscrit à l’ordre constitutionnel le 12 novembre. Du Mexique, Evo Morales fait une série de déclarations publiques sur la situation politique en Bolivie, en violation de l'article 5 du Traité sur l'asile et le refuge politique de Montevideo de 1939.42 Plusieurs indices qui pointent à l’incitation à la violence depuis son exile auto infligé ont été trouvés, Morales est présentement accusé de sédition et terrorisme par le bureau du Procureur en Bolivie. Conclusions La société bolivienne s'est unie face à la menace d'une dictature déguisée en démocratie qui cherchait à s'éterniser au pouvoir par la fraude électorale. La crainte de partager le sort de peuples soumis à des régimes totalitaires, tels que les Cubains, les Nicaraguayens ou les Vénézuéliens, a fait en sorte que des citoyens de tous secteurs se sont engagés à une cause sans distinction régionale, de classe ou ethnique. C'était une proteste citoyenne et non pas un coup d'État. La succession constitutionnelle a été respectée face aux démissions et à l'absence des anciennes autorités.43 Certains évoquent une intervention des forces armées pour soutenir la thèse du coup d'État. Les Forces armées ont refusé d'intervenir pendant les 21 jours de protestation civique. Ni la Police ni les Forces armées n'ont fait irruption, ni menacé ou pris le pouvoir. La Police nationale explique ainsi son acte de mutinerie : “Fidèle à son engagement envers le peuple bolivien (...) la Police bolivienne ne délibère pas et ne participe pas à la politique partisane, la Police fait partie du peuple et est pour le peuple, la Police adhère aux demandes de notre peuple qui exprime démocratiquement leur demande de démission du président Evo Morales Ayma. Le nouveau gouvernement est averti que l'institution vert olive (la Police) était, est et sera toujours à l’avant-garde de la population générale (...)”.44Les Forces armées se trouvent à une croisée des chemins: face à la mutinerie de la Police bolivienne, à la violence croissante dans les manifestations de groupes liés au MAS incitée par le gouvernement et aux pressions du pouvoir exécutif pour intervenir contre les manifestations pacifiques, elles décident de publier un communiqué où elles déclarent appuyer le peuple. 41 https://actualidad.rt.com/actualidad/333231-canal-tv-universitario-amenazas-evo-morales?fbclid=IwAR0zTFKCutWT3fsUP7cR Y0DRbzXO_hT893g-craprOhPeTPjsJFsbJT28LA 42 https://www.acnur.org/fileadmin/Documentos/BDL/2002/0608.pdf?file=fileadmin/Documentos/BDL/2002/0608 43 https://www.paginasiete.bo/nacional/2019/11/10/mesa-no-le-regalemos-evo-la-excusa-de-que-fue-derrocado-por-un-golpe-de- estado-237029.html 44 https://m.facebook.com/story.php?story_fbid=10162942263625647&id=504845646&sfnsn=scwspmo&d=n&vh=i Cette proteste citoyenne a eu pour résultat un phénomène extraordinaire qui semblait impossible pour un peuple comme le Bolivien qui était toujours fragmenté et polarisé : l'unité. Une unité qui dépasse les frontières intérieures. Nous, Boliviens, nous nous reconnaissons enfin les uns les autres simplement comme Boliviens et sans plus de préjugés d'origine, de classe, de religion, de profession ou de toute autre étiquette qui nous séparait auparavant. Tous unis par notre droit à la démocratie. Nous espérons que cette lettre aidera à comprendre le point de vue des Boliviens qui défendent notre droit à la démocratie et qu'une réalité plus juste sera reflétée dans la presse internationale, car nous croyons au respect et au droit de l'opinion publique à la vérité. Nous essayons de fournir une grande gamme de sources qui corroborent l'information présentée ici. La majorité d'entre eux étant en espagnol seulement, nous aimerions offrir notre aide en traduction si cela s'avère nécessaire. Sans autres détails, et en vous remerciant de votre attention, on vous fait parvenir nos salutations distinguées. “Boliviens à Montréal unis pour la Paix et la Démocratie” membres du Réseau International de Boliviens à l’Étranger ( RIBE)
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