Leur sacrifice nous oblige Par Romain CAPDEPON À quand remonte la dernière fois où, pour sauver celle d’autrui, vous avez mis, sans hésiter une seconde et sans quémander la moindre reconnais- sance, votre vie en jeu ? Ne cherchez pas, la réponse est et restera, pour 99,5 % d’entre nous, JAMAIS. Et ce, pour la simple (et bonne ?) raison que quelques centaines de milliers de Français ont choisi d’avoir ce cou- rage pour nous tous. Ils sont pompiers, agents de la sécurité civile, militaires, poli- ciers et gendarmes et, dopés à l’adrénaline mais surtout mus par le dévouement le plus total et le plus pur, ils ont choisi, parfois dès l’enfance, de risquer leur existence et l’équi- libre de leurs familles pour tenter de sauve- garder les nôtres. Alors quand on sait le parcours du combat- 75213 tant qu’est celui des pompiers pour obtenir des politiciens, depuis des années, la sanc- tuarisation du statut de volontaires (190 000 sur les 240 000 pompiers de France), clé de voûte de notre Sécurité civile, quand on voit l’état de délabrement de certains commissa- riats et casernes de gendarmerie, quand on détaille les fiches de paie de ces citoyens ayant opté pour un sacerdoce, quand on tombe sur les vidéos de ces hommes et ces femmes en rouge agressés en pleine interven- ’:HIMKNA=[UVYU]:?b@m@a@d@k" tion et quand on voit à quel point le bleu frac- 0 20306 - 1203 - 1,40 E - 0 ture notre société au gré de ses soubresauts, une question s’impose : méritons-nous, la France mérite-t-elle, le sacrifice de ces héros, malgré eux ? Lire la suite page 2 ➽ 2 L’événement Mardi 3 Décembre 2019 www.laprovence.com Mardi 3 Décembre 2019 www.laprovence.com 3 LES RÉACTIONS Emmanuel Macron/président de la République. "Trois de nos concitoyens engagés dans la Sécurité civile ont disparu en hélicoptère alors qu’ils secouraient les victimes des intempéries. À leurs camarades sa- peurs-pompiers et secouristes, à leurs familles, soyez assurés du soutien de la Nation qu’ils ont tant servie." Édouard Philippe/Premier ministre. "Ceux qui servent nos concitoyens font souvent preuve d’un immense courage. Nous leur devons notre gratitude. Je pense à leurs familles ainsi qu’à celles des deux autres per- sonnes décédées dans les intempéries" Christophe Castaner/ministre de l’Intérieur. "La tragédie rappelle, à chacune et chacun d’entre nous, la valeur et la force de l’engagement de nos sapeurs-pompiers et forces de Sécurité civile. Nous nous inclinons en leur mémoire. Le ministère de l’Intérieur n’oubliera jamais leur sacrifice." Renaud Muselier/président LR de la Région. "C’est une perte incommensurable pour nous tous. Ces per- sonnes et héros étaient tous engagés de façon inconditionnelle pour notre sûreté et notre sécurité, l’heure est donc au recueillement et à l’hommage." Martine Vassal/présidente LR du Département des Bouches-du-Rhône. "Ils ont donné leurs vies pour por- ter secours et assistance, nous ne les oublierons jamais, comme nous ne devons pas oublier l’absolue recon- / PHOTOS FRÉDÉRIC SPEICH naissance que nous devons à l’ensemble des pompiers et des membres de la Sécurité civile pour leur cou- rage et leur dévouement." Policiers et sapeurs-pompiers sont rapidement arrivés sur les lieux du crash qui est survenu dans la nuit de dimanche à lundi. Le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner et des élus, dont Martine Vassal, la présidente de la Métropole et du Département et Renaud Muselier, président de la Région se sont également rendus sur place. Trois sauveteurs PLAN-DE-CAMPAGNE MARSEILLE tués dans le L’ESTAQUE crash d’un hélico LES PENNES-MIRABEAU A55 / PHOTO DR La carcasse disloquée de leur Dragon a été retrouvée hier à 1h15 dans le massif de la Nerthe, aux Pennes-Mirabeau. Les trois hommes allaient porter secours dans le Var... ➽ Suite de la 1 page re après seulement quelques ins- tants de répit à la caserne de Mar- le pilote "hyper expérimenté" (lire ci-dessous) à la faute ? Leur appa- tigues, lorsqu’ils ont été appelés reil, pourtant décrit par la Sécurité Bien loin de ces interrogations, en renfort vers le Var, le trio a fait civile comme "pas âgé du tout, ex- obnubilé par l’action, dimanche un stop à la pompe à fioul à Mari- trêmement suivi et modernisé", après-midi, alors que Pertuis était gnane, et a foncé. "Ils auraient dû a-t-il été victime d’un incident sous les eaux, le sergent-chef Nor- mettre 20 minutes à peine pour ar- technique ? La météo, très bru- bert Savornin a fait ce qu’il savait river au Cannet, alors le Sdis 83 meuse dimanche soir, leur a-t-elle faire de mieux : virevolter dans les s’est posé des questions en ne les tendu un piège fatal qui les a proje- airs, accroché à une échelle fen- voyant pas arriver rapidement, tés, selon nos informations, contre dant l’air, et exfiltrer ceux qui confiait hier un haut gradé. Ils la crête d’un massif avant que la avaient perdu espoir, pensant, nous ont alors prévenus et quand carlingue ne parte en tonneaux sur avant d’entendre le bruit des on a constaté que les liaisons ra- une zone en faux plat ? Ce sont les / PHOTO AÉRIENNE : JEAN-BAPTISTE FONTANA/FREQUENCE-SUD.FR pales de l’hélicoptère jaune et dios étaient hors service et que gendarmes de la brigade des trans- rouge, que le torrent de boue fini- leurs portables étaient coupés, on a ports aériens qui devront apporter A55 rait par avoir raison d’eux. Selon déployé plus de 100 pompiers pour ces réponses. le ministre de l’Intérieur, Chris- les chercher dans une zone im- Une chose est sûre, si comme le LE ROVE topheCastaner, le pompier marté- mense allant de la calanque de Mé- disait Albert Einstein, "la valeur gal, aux racines profondément an- jean à Ensuès au Jas-de-Rhôdes d’un homme tient à sa capacité à crées à Marignane, et les deux ex- aux Pennes-Mirabeau". donner et non dans sa capacité à re- perts du pilotage de ces hélico- C’est à 1 h 14 qu’un hélicoptère cevoir", alors celle de ces trois ptères Dragon, Jean Garat et Mi- de l’Armée a repéré la carcasse hommes, qui laissent derrière eux chel Escalin, ont effectué 13 héli- disloquée, quasiment en boule, trois épouses et 8 enfants, était in- treuillages et préservé 5 vies en des trois secouristes, tués sur le estimable. seulement trois heures. Pourtant, coup. L’épuisement a-t-il poussé Romain CAPDEPON Photo satellite : Mappy Les victimes ILS ÉTAIENT MEMBRES DE LA SÉCURITÉ CIVILE LE PORTRAIT DE NORBERT SAVORNIN, SAPEUR-POMPIER DES BOUCHES-DU-RHÔNE 75213 Jean Garat et Michel Escalin, "deux professionnels aguerris" 75213 "On a toujours eu peur que cela arrive et c’est arrivé. C’est un véritable héros" Dans la grande famille de l’aé- dans l’armée de Terre que La mort de Norbert Savornin, c’est montait dans les tours dès qu’on le taqui- ronautique, et dans celle, plus in- l’homme de 47 ans avait entamé celle d’un enfant de la balle. Grand-père "C’était un déconneur nait, il pitait beaucoup comme on dit ! time, du groupement d’hélico- sa carrière professionnelle, en pompier, oncles pompiers, père pom- Norbert, c’était un déconneur mais aussi ptères de la Sécurité civile, leur tant que mécanicien au sol, sur pier, frère pompier… Il y a trois décen- mais aussi un mec grognon un mec grognon et très exigeant, capable disparition a été vécue comme avion, dès 1991. Devenu mécani- nies, Norbert faisait ses premiers pas et très exigeant." de dire des vérités, avec le respect qu’il se "une immense perte". Le pilote cien de bord, il avait décroché chez les jeunes sapeurs pompiers (JSP) doit, à ses supérieurs". Jean Garat et le mécanicien opé- une qualification de contrôleur, de Marignane, sous les yeux sans doute "Il faut bien dire que Savornin égal hé- rateur de bord Michel Escalin un poste réservé aux militaires embués de fierté de son papa, Daniel, colonel, désormais président des ros !, répétait Charles Fortunato, comme étaient "deux camarades, deux les plus expérimentés, qui l’ame- surnommé "le Canard", une légende du 278 000 sapeurs-pompiers adhérents à un deuxième papa pour les fils Savor- amis, deux professionnels, deux nait à superviser à différentes centre de secours et d’incendie de Mari- la fédération nationale, a seulement té- nin. Norbert avait un fort caractère que personnes positives, avec de fortes phases les opérations critiques gnane, au point que l’un de ses bâti- moigné de son "incommensurable tris- l’on peut qualifier d’intelligent, une fran- valeurs", confie Pascal Boucher, réalisées sur les engins par les ments porte le nom de l’adjudant Savor- tesse" sur Twitter, réseau social sur le- chise exceptionnelle, un homme intègre chef du groupement hélicoptère autres équipes. "Comme Jean Ga- nin, décédé en 2014. Rapidement, Nor- quel il défiait fièrement, dimanche en et honnête, comme son papa, un grand de la Sécurité civile. rat, Michel Escalin était particuliè- bert a su se faire un prénom dans cette fin d’après-midi, les éléments et les dif- monsieur lui aussi… Norbert avait Originaire de Toulouse, rement attiré par les missions de lignée dans les veines de laquelle le don férentes alertes orange et rouges en lan- conscience du danger, il savait qu’il Jean Garat, 40 ans, était marié et la Sécurité civile, qu’il a rejointe de soi, l’abnégation, le courage, coulent çant un "Nous sommes prêts", illustré, vouait sa vie aux autres, mais il était do- père de trois enfants en bas âge. en 2009", précise le chef du grou- de génération en génération. ironie du sort, de la photo d’un… hélico- té d’un courage hors norme. Dimanche Passionné par l’aéronautique, il pement des hélicoptères. ptère de la Sécurité civile. soir, sans doute qu’il n’a pas fait le avait passé la première partie de D’abord mécanicien au centre "Une force tranquille" En effet, Norbert, et ses deux acolytes compte des interventions qu’ils avaient sa carrière au sein de l’armée de de maintenance de la base de Passionné de plongée, Norbert se spé- du jour, étaient prêts, aguerris et très en- enchaînées dans la journée et qu’il s’est Nîmes Garons durant plusieurs cialise dans le secours en milieu aqua- traînés. Mais voilà, comme le disait hier seulement dit, en partant dans le Var, années, Michel Escalin était deve- tique, dans l’hélitreuillage et intègre après une minute de silence dans le que des gens étaient dans le besoin. Ça Jean était calme, solide, nu mécanicien opérateur de une petite élite d’une dizaine de sa- centre d’incendie et de secours de Mari- aussi, dites-le : les politiques donnent des bord, une formation qu’il avait peurs capables de ce genre de gnane, Charles Fortunato, le tout pre- légions d’honneur aux sportifs parce Michel enjoué, toujours achevée il y a un peu plus d’un prouesses aériennes, acrobatiques, qua- mier chef de corps de la caserne, ému qu’ils courent le 100 mètres, mais ces se- de bonne humeur. Le pilote toulousain Jean Garat (à g.), 40 ans, était marié et père de trois enfants en bas âge. Originaire de l’Aude, an. Dépeint comme un homme si artistiques. Il est mort dimanche soir, aux larmes : "On signe un contrat sa- couristes ils la méritent vraiment…" Sté- le mécanicien opérateur de bord Michel Escalin (à d.), 47 ans, laisse aussi trois jeunes enfants orphelins. / PHOTOS DR "enjoué, sympathique, toujours laissant derrière lui une femme éplorée, chant qu’on va être poussés à l’extrême". phane, l’un des trois frères de Norbert, de bonne humeur", il avait cet ac- deux enfants de 15 et 19 ans, désormais Norbert avait 44 ans et était toujours qui fut 15 ans pompier, de conclure: l’Air, qu’il avait intégrée en 1999. sionnel aguerri, j’en veux pour rejoint la base de Nîmes Garons rat était un homme charmant, cent chantant qui rappelait ses ra- pupilles de la Nation, deux casernes resté fidèle au service d’incendie et de "On a toujours eu peur que cela arrive et Il y avait suivi un parcours de pi- preuve les titres dont il avait été en 2018, après une dernière affec- calme, pondéré. Un homme so- cines occitanes. Originaire de Li- - Marignane et Martigues qu’il avait inté- secours des Bouches-du-Rhône. "Il c’est arrivé. J’espère que tout le monde se lote d’hélicoptère opérationnel, y honoré, chevalier de la Légion tation à Orange. Il s’était installé lide", décrit avec émotion le res- moux, dans l’Aude, Michel Esca- grée depuis quelques années - abattues, avait un gabarit entre un rugbyman, rend compte que ces gars sont des héros, compris au profit des forces spé- d’honneur et médaillé de la Croix avec sa famille dans la région nî- ponsable. lin vivait dans la région de Nîmes. et même un patron du Sdis 13, Grégo- alors qu’il était très footeux, et un nou- comme nos combattants tombés au Ma- ciales, ce qui l’avait amené à inter- de la valeur militaire", souligne moise, dès son recrutement C’est au service de la mission Il était le père de trois enfants, ry Allione, pourtant connu pour sa soli- nours!", souriait hier un gradé l’ayant cô- li. Mon frère est un véritable héros : il a venir en Afrique, au Pascal Boucher. Passionné et atti- en 2018 et, opérationnel qu’il s’honorait d’exercer qu’il a une grande fille et deux plus pe- dité dans l’épreuve, qui hier est resté toyé durant de longues années. "C’était sauvé des vies juste avant de mourir, Moyen-Orient et un peu partout ré depuis longtemps par les mis- dès 2019, venait d’achever sa for- perdu la vie, aux côtés de son ca- tits, âgés seulement de 8 et 11 ans mutique tant le choc de la disparition Norbert Savornin, 44 ans, était le digne héritier d’une exceptionnelle lignée de une force tranquille, sérieux sans se c’est ça que je garderai en moi". dans le monde. "Il était un profes- sions de la Sécurité civile, il avait mation d’instructeur. "Jean Ga- marade Michel Escalin. C’est Laurence MILDONIAN de l’un de "ses" soldats fut violente. Le sapeurs-pompiers des Bouches-du-Rhône. / PHOTO DR prendre au sérieux. Il était drôle quand il Romain CAPDEPON 4 L’événement Mardi 3 Décembre 2019 www.laprovence.com Le cinquième accident d’un EC-145 de l’État depuis 2002 Le crash de Dragon 30 porte à seize le nombre de victimes sur ce type d’appareil. Les deux Les précédents premières catastrophes, en 2003 et 2006, avaient suscité une polémique quant à sa conception L es différentes enquêtes en cours tenteront de déter- miner les circonstances et surtout les causes de l’accident, notamment s’il est la consé- Kawasaki, puis rebaptisé suite à la fusion de MBB avec la divi- sion hélicoptères d’Aerospa- tiale devenue depuis Eurocop- ter puis Airbus Helicopters, quence d’une défaillance tech- l’EC-145 est un hélicoptère bi- nique, d’un aléa météo et/ou moteur qui a succédé à la lé- d’une erreur humaine. Il n’est gendaire Alouette III. Propulsé pas impossible que l’hélico- par deux moteurs Arriel 1E2 dé- ptère ait heurté (ou tenté d’évi- veloppant un total de 1 560 CV, ter) la ligne à haute tension qui il peut atteindre une vitesse de se dressait sur sa trajectoire, / PHOTO GÉRARD BALDOCCHI (NICE MATIN) 245 km/h pour une masse maxi- alors qu’il prenait de l’altitude male au décollage de 3 585 kg, pour "sauter" le relief. D’autant dispose d’une autonomie de que les conditions de visibilité vol de 2 h 15 et peut parcourir étaient loin d’être favorables et 510 km sans ravitaillement. Sa que l’équipage, affecté au cabine de 5,85 m³ lui permet centre de formation des pilotes d’embarquer, en plus de ses de la Sécurité civile sur la base deux pilotes, 4 à 8 passagers, ou de Nimes-Garrons, n’était pas un blessé en civière et 3 per- un habitué des lieux. Le fait que sonnes assises, ou 1 770 kg de l’hélicoptère se soit écrasé non matériel, ou encore 1 500 kg pas à flanc de colline mais sur sous élingue. Il dispose d’un sa partie supérieure, pourrait in- treuil latéral de 90 m pouvant être monté à gauche ou à droite, et peut être piloté en IFR 16 000 personnes / PHOTO GEORGES ROBERT (vol aux instruments) par un seul pilote. Son instrumenta- sauvées chaque année Un EC-145 de la Sécurité civile, vu lors d’une opération d’hélitreuillage, après avoir déroulé une partie tion est par ailleurs compatible par les "Dragon". des 90 m de son câble latéral. En médaillon : l’épave du Dragon 2B qui s’était écrasé le 25 avril 2009, avec le port par l’équipage de sur la commune de Rutali, en Corse, causant la mort de ses 5 occupants dont un nouveau-né. JVN (jumelles de vision noc- turne). diquer qu’il a pu être déséquili- tesse de l’aéronef suffisante, de cirque de Gavarnie, faisant de conception de la machine, Présents dans le monde en- bré, suite à un choc contre un sectionner celui-ci avant qu’il trois morts et un blessé grave. notamment une perte d’effica- tier, 832 EC-145 ont été livrés obstacle, avant de poursuivre ne se prenne dans le rotor prin- Le 25 avril 2009, Dragon 2B cité du rotor anticouple (le ro- par Airbus Helicopters ; une sa course folle sur quelques cen- cipal ou les patins du train d’at- (Haute-Corse) s’écrasait sur la tor de queue), à haute altitude, flotte qui totalise plus de deux taines de mètres. terrissage. commune de Rutali, dans l’Ile pouvant entraîner l’appareil millions d’heures de vol. En Version à l’avionique moder- La chute du Dragon 30 est le de Beauté, causant la mort de dans une rotation incontrô- moyenne, chaque année, les nisée (1) de l’EC-145 dont les li- cinquième accident mortel qui ses 5 occupants dont un nou- lable et souvent fatale. La 35 appareils de la Sécurité civile vraisons se poursuivent actuel- affecte cet appareil depuis son veau-né. Et le 20 mai 2018, preuve de cette défaillance effectuent 16 000 h de vol dont lement par Airbus Helicopters, entrée en service, en 2002, au c’est un EC-145 de la Gendar- n’avait pas été clairement ap- un quart de nuit, et portent se- Dragon 30 était cependant équi- sein de la Sécurité civile et de merie -indicatif Choucas 65 portée mais le constructeur cours à près de 16 000 per- pé, comme les 34 autres appa- la Gendarmerie nationale. Le (Hautes-Pyrénées)- qui se cra- avait néanmoins introduit plu- sonnes, essentiellement en reils de ce type, utilisés par la Sé- 20 juillet 2003, l’EC-145 Dra- shait sur le massif du Vigne- sieurs modifications destinées plaine (environ 60 %), mais aus- curité civile, de deux gon 64 (Pyrénées-Atlantiques) male, tuant ses quatre occu- à sécuriser encore davantage si en montagne (30 %) et en mer coupe-câbles, sortes de lames s’écrasait sur le massif de l’Ar- pants. Survenus dans des cir- une machine dont l’efficacité (10 %). acérées situées au-dessus et bizon (Haute-Pyrénées), fai- constances très semblables, en matière de secours et de sau- Philippe GALLINI au-dessous de la partie anté- sant un mort et 5 blessés les deux premiers accidents vetage n’est plus à démontrer. rieure de la cabine ; dispositif graves. Trois ans plus tard, le de 2003 et 2008 avaient été à Issu de l’hélicoptère BK-117 (1) Installation d’un dispositif d’approche basé capable, si le fil électrique est 5 juillet 2006, son remplaçant l’origine d’une polémique C2 produit en coopération par sur un système de navigation verticale satelli- correctement engagé et la vi- Dragon 64 s’écrasait dans le concernant un possible défaut l’allemand MBB et le japonais taire d’une précision de l’ordre de 1,5 à 2 m. IL Y A 52 ANS, LE 6 AOÛT 1967 LE LOURD TRIBUT PAYÉ PAR Le Rove deja endeuillé par LES SAUVETEURS VENUS DU CIEL une catastrophe aérienne majeure L’accident de l’hélicoptère Dragon 30 de la Sécurité civile, a ravivé de bien doulou- reux souvenirs parmi la population du Rove 75213 qui n’a jamais oublié la terrible catastrophe survenue le 6 août 1967, en pleine saison "feu". Ce jour-là, en effet, un hélicoptère bombardier d’eau s’écrasait au sol alors qu’il contribuait à combattre un incendie qui menaçait les calanques de la Côte Bleue, entraînant dans la mort ses neuf occupants, huit Soviétiques et le Fran- çais Jean Sandoz, pilote de la Sécurité civile. Ce nombre important de victimes est lié au Le 17 novembre 1997, lors d’une simulation de panne fait qu’il ne s’agissait pas d’un appareil ordi- moteur dans la baie de La Ciotat, Franck Duchemin, ancien naire. Un mois plus tôt, en effet, un hélico- de l’aéronavale, perdait la vie aux commandes du Canadair ptère soviétique de type Mi-6 avait été déta- CL-415 Pélican 43. / PHOTO ARCHIVES LA PROVENCE ché sur la base de Marignane, affrété par l’État français afin de venir renforcer les La Sécurité civile continue de payer un lourd tribut à sa mission moyens nationaux de lutte contre les feux de secours quotidienne. Pilotes de bombardiers d’eau ou d’hélico- de forêts. Considéré à l’époque comme le ptères, les sauveteurs venus du ciel défient, en effet, quotidienne- plus grand hélicoptère du monde, le Mil ment des éléments parfois déchaînés pour venir en aide aux vic- Mi-6 disposait d’une capacité d’emport ex- times de la route, aux naufragés de la montagne, de la mer et ceptionnelle, capable de larguer en une d’une manière générale, de tous les phénomènes naturels excep- seule fois près de 12 tonnes d’eau, soit le tionnels, notamment météorologiques, sans oublier les incendies double de la capacité d’un Canadair actuel. de forêts. Plusieurs accidents récents ont ainsi suscité une vive Une machine cependant imposante qui affi- émotion dans le pays, notamment dans notre région où les chait 44 tonnes au décollage et dont la ma- moyens aériens sont très souvent engagés, particulièrement en nœuvrabilité laissait à désirer, surtout pour saison estivale. En mars 2003, lors d’un entraînement à l’éco- une telle utilisation. Selon les témoignages page, le Canadair CL-415 Pélican 41 percutait violemment la sur- de l’époque, relayés par Le Provençal, après face du lac de Sainte-Croix et coulait aussitôt, entraînant avec lui avoir prélevé par deux fois de l’eau dans deux de ses trois occupants. Le 1er août 2005, Pelican 36 s’écrasait l’étang de Bolmon, l’appareil venait d’effec- près de Calvi, tuant ses deux pilotes. Moins d’un mois plus tard, le tuer un troisième largage dans le vallon du Les restes calcinés du rotor principal à cinq pales et d’une partie de la queue de 21 août, un avion Tracker s’écrasait au sud de l’Ardèche, tuant le Douard quand l’équipage, gêné par l’hélicoptère Mil Mi-6 qui avait été affrété par la France à Aeroflot. / PHOTO ARCHIVES LP pilote instructeur et son élève. Tout récemment, le 3 août 2019, l’épaisse fumée générée par l’incendie, au- un autre Tracker s’écrasait à Générac, dans le Gard, tuant son pi- rait découvert au dernier moment, se dres- celle-ci dans une rotation infernale suivie sé la rupture des pales de turbines, suivie lote. Le Service départemental d’incendie et de secours n’a pas sant sur sa trajectoire, une ligne à haute ten- d’un crash et d’un incendie extrêmement d’une perte de puissance et de la chute de été épargné non plus par les accidents aériens, avec notamment sion, et tenté une manœuvre désespérée violents. Mais pour la commission d’en- l’appareil ; l’équipage ayant - toujours selon le crash, le 2 août 2000, d’un hélicoptère bombardier d’eau Lama pour l’éviter. C’est en essayant de prendre quête franco-soviétique, l’accident aurait les enquêteurs -, commis une erreur fatale dont l’unique occupant n’a pas survécu, et celui d’un hélicoptère rapidement de l’altitude que la queue du été causé par l’ingestion, par les deux turbo- en survolant le foyer à trop basse altitude. Ecureuil B2, le 10 septembre 2009, dont le pilote a été sérieuse- Mi-6 aurait heurté le sol, se désolidarisant moteurs, de débris incandescents présents Ph.G. avec le service documentation ment blessé après avoir heurté une ligne électrique. du reste de la carlingue et entraînant dans l’air surchauffé, lesquels auraient cau- de "La Provence"
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