PERSPECTIVES ÉNERGÉTIQUES DANS L'INDUSTRIE DES CIMENTS Unauthenticated Download Date | 7/4/19 5:55 AM PUBLICATIONS DE LA FACULTÉ DE DROIT ET DES SCIENCES ÉCONOMIQUES DE GRENOBLE Centre de Recherche Économique et Sociale SÉRIE ÉTUDES D'ÉCONOMIE DE L'ÉNERGIE CAHIER DE L'INSTITUT ÉCONOMIQUE ET JURIDIQUE DE L'ÉNERGIE N° 5 Université de Grenoble Publié avec le concours du Ministère de l'Éducation Nationale Paris MOUTON & C IE La Haye Unauthenticated Download Date | 7/4/19 5:55 AM PUBLICATIONS DE LA FACULTÉ DE DROIT ET DES SCIENCES ÉCONOMIQUES DE GRENOBLE PERSPECTIVES ENERGETIQUES DANS L'INDUSTRIE DES CIMENTS par RENÉ MEYZENC Assistant à VInstitut Économique et Juridique de /'Énergie de l'Université de Grenoble Paris MOUTON & C IE La Haye Unauthenticated Download Date | 7/4/19 5:55 AM © Mouton & C ie 1968 Printed in The Netherlands Unauthenticated Download Date | 7/4/19 5:55 AM I N T R O D U C T I O N A une époque où les faits économiques évoluent si rapidement, où les chefs d'Etat comme les chefs d'entreprise sont sans cesse sollicités par des problêmes nouveaux, la prévision économique - c ' e s t - à - d i r e la r e c h e r - che de la connaissance du futur - a tendance à prendre une importance et une nécessité toujours croissante. Les pays élaborent de plus en plus une politique économique qui fixe des buts, des objectifs ainsi que les condi- tions nécessaires à leurs réalisations. Ces objectifs ne peuvent être d é t e r - minés avec précision et valeur que dans la mesure où des prévisions éco- nomiques sont à leur tour construites. Aussi, l'utilisation de la prévision tend, depuis quelques années, à se répandre à un rythme élevé et son do- maine s'élargit sans cesse. Elle apparaît partout comme une nécessité pour mettre en oeuvre une croissance harmonisée et rapide, aussi bien au niveau de la nation que de la f i r m e . A l'échelle nationale, la prévision connaît depuis la fin de la deuxième guerre mondiale un t r è s vif développement, surtout dans les pays où les pouvoirs publics interviennent sur l'économie. Elle peut se situer à diffé- rents niveaux dans le temps. A long terme (c'est-à-dire de dix à trente ans), elle se veut une prévision de l'évolution de l'ensemble de la société, cherchant à intégrer la totalité des éléments - même extra-économiques - de façon à f o r m e r un tout cohérent. Elle porte alors sur la prévision d'évo- lution du produit national brut, qui peut servir de cadre général dans lequel viendront s'intégrer des prévisions sur la démographie, sur la productivité, sur les composantes du produit national (demande finale, intermédiaire, etc.). La prévision à moyen terme s'attache à p r é c i s e r , dans le cadre du long t e r m e , l'évolution susceptible de se produire dans une période de deux à dix ans. Elle s'appliquera à déterminer l'évolution d'éléments plus s e c - toriels et dans ce cadre, elle peut devenir normative lorsque des objectifs désirables sont déterminés ainsi que les moyens à mettre en oeuvre pour les r é a l i s e r . C'est dans cette optique que s'intègre l'expérience française de planification indicative "qui ne couvre, en vue d'une perspective de croissance, qu'un nombre limité d'objectifs, fixés par secteur et non point par firme; ce qui laisse aux entrepreneurs une grande liberté" *. Cette conception rend indispensable l'effort préalable de prévision. Enfin, la prévision à court terme (de quelques mois à deux ans) s'efforce de connaî- t r e des fluctuations t r è s courtes de la croissance. Au niveau de la f i r m e , le chef d'entreprise cherche à a s s u r e r le meil- leur fonctionnement actuel et futur de son unité. Pour cela, il lui est néces- saire de prévoir aussi bien le volume des ventes qu'il r é a l i s e r a que l'orga- " J . W o l f f , La prévision, Editions Berger-Levrault, Paris, 1963, p. 106. Unauthenticated Download Date | 7/4/19 5:55 AM 2 Introduction nisation interne de sa firme, dans les meilleurs délais et aux moindres coûts. Il fera appel à la technique des études de marché (surtout à court et moyen terme) pour évaluer la demande; à la gestion prévisionnelle pour établir dans le futur une combinaison optimum des facteurs de production. En définitive, nous avons pris conscience qu'il existait plusieurs types de prévision ainsi que différents niveaux. Tous ne sont pas régis par les mêmes règles, mais restent cependant interdépendants. Actuellement, un certain nombre de faits tendent à démontrer que la prévision s'élargit sans cesse, à la fois quant à sa durée (on s'efforce de prévoir pour des périodes toujours plus longues) et quant à son objet (la prévision se doit de prendre en considération toutes les variables, même extra-économiques). Malgré cela, la confrontation entre la réalité et la prévision révêle souvent des écarts car les méthodes de prévision, fort nombreuses par ailleurs, res- tent insuffisantes. Il existe deux grands types de méthodes, les unes basées sur l'extrapolation (et qui admettent plus ou moins explicitement que l'évo- lution passée se perpétuera), les autres basées sur l'estimation. En dépit de ces imperfections, la généralisation de la prévision doit être considérée aujourd'hui comme une condition fondamentale du développement. Dès le début des expériences de planification indicative, les principaux secteurs de base de l'économie ont fait l'objet d'études prévisionnelles. Cela a été particulièrement le cas du secteur énergétique qui présente dans ce do- maine un intérêt particulier étant donné l'évolution très rapide des struc- tures de cette industrie qui conduisent à de nombreux bouleversements dans les formes d'énergie aptes à satisfaire les besoins. I. L'OBJET DE L'ETUDE: LES PREVISIONS ENERGETIQUES 1. Les prévisions énergétiques en général Dans le domaine énergétique, les prévisions les plus complètes ont pour but de fournir deux types essentiels de renseignements, les uns relatifs aux besoins des différentes groupes de consommateurs d'énergie, les autres concernant les quantités d'énergie primaire indispensables pour satisfaire de tels besoins. Si le pays considéré dispose d'un plan d'ensemble de déve- loppement économique et énergétique, les deux buts pré-cités se retrouvent sous la forme d'objectifs: a) "déterminer les divers besoins d'énergie à satisfaire pour atteindre un niveau donné de production nationale"; b) "utiliser les sources d'énergie disponibles de la façon la plus ration- nelle, compatible avec une répartition économique de la demande d'éner- gie" *. Dans une économie non planifiée, le but de toute prévision énergétique sera de déterminer l'intervalle probable dé variation des besoins. Enfin, de façon plus particulière, les prévisions énergétiques peuvent être utilisées, * Commission Economique pour l'Europe, Méthodes et principes de besoins futurs en énergie. Nations Unies, New-York, 1964, S T / E C E / E N E R G Y / 2 , p. 27. Unauthenticated Download Date | 7/4/19 5:55 AM Introduction 3 en vue de buts déterminés, à de multiples fins: choix de priorité en ma- tière d'investissement; rythme d'exploitation des ressources énergéti- ques; . . . Les buts doivent être distingués en fonction des niveaux de prévision. Celles-ci sont nécessaires pour déterminer les conditions du marché éner- gétique; les prévisions à moyen terme sont plutôt consacrées à l'établisse- ment, alors que les prévisions à long terme sont axées sur les conséquen- ces que peuvent exercer les différentes variables d'évolution (progrès techniques, tarifs, . . . ) sur le marché énergétique. Les méthodes de prévision appliquées dans le domaine énergétique ne diffèrent guère de celles employées dans les autres secteurs de l'activité économique. Elles sont souvent de la nature du calcul des probabilités, tout en restant basées sur l'extrapolation, c'est-à-dire sur l'idée que les fac- teurs de variation qui ont conditionné la demande d'énergie dans le passé continueront à agir dans l'avenir de la même façon. En fait, cette idée ne saurait refléter la réalité car le progrès technique, les variations du prix de l'énergie, . . . sont autant de facteurs susceptibles de modifier cette demande, de façon différente que pendant le passé. En effet, si d'une façon générale, l'établissement de prévisions paraît pouvoir être basé sur la régularité des phénomènes observés - tout au moins pour les besoins totaux en énergie primaire - il ne saurait en être de même des prévisions concernant la répartition des besoins entre formes d'énergie substituables. Des éléments d'irrégularité rendent plus difficile et plus aléatoire ce genre d'analyse. Les difficultés rencontrées proviennent du fait que la de- mande d'énergie dépend d'un certain nombre de facteurs (niveau de la croissance économique, progrès technique, mesures politiques affectant les prix, variations des conditions atmosphériques, épuisement des r e s - sources naturelles, . . . ). Parmi tous ces facteurs, on retrouve quatre grands types d'incertitudes pour lesquelles les méthodes d'extrapolation risquent d'être insuffisantes. Ce sont: le taux de croissance économique, le progrès technique, les variations de structure de l'économie, les facteurs politiques affectant le prix de vente de l'énergie. Pour intégrer ces incertitudes dans les prévisions à moyen ou long terme, seul le jugement permet de faire des hypothèses. Les principales méthodes d'extrapolation peuvent se classer en quatre catégories: a) L'extrapolation directe des taux de variation des besoins, fondée sur l'évolution des tendances passées, est la méthode la plus largement uti- lisée, soit à court terme, soit pour récapituler les tendances du m a r - ché. Elle peut paraître d'autant plus sûre qu'elle se base sur des séries chronologiques longues. b) L'extrapolation à partir de rapports fonctionnels observés apporte une amélioration par rapport à la méthode précédente en ce sens qu'elle établit un modèle simplifié de la situation en évolution. Elle est basée sur l'existence de prévisions de certaines variables économiques sup- Unauthenticated Download Date | 7/4/19 5:55 AM 4 Introduction posées évoluer conjointement aux besoins d'énergie. Un coefficient d'élasticité établit le lien entre la consommation d'énergie et le produit national. c) Un plan énergétique d'ensemble peut aussi être élaboré par sommation de toute une série de prévisions superposées dont il faut assurer la cohérence. Des études distinctes, par formes d'énergie et par secteurs utilisateurs sont établies. d) La méthode des prévisions par analyse comparative des tendances homologues dans différents pays commence aussi à être utilisée. L'évo- lution future découle de l'étude comparative d'un même phénomène éco- nomique s'étant produit dans d'autres pays à structure économique s e m - blable, mais plus avancés. Pour réaliser une prévision d'ensemble, intégrée et cohérente, il n'existe pas de méthode spéciale d'harmonisation des résultats obtenus à partir des différentes méthodes. La marche à suivre la plus employée procède par étapes successives, en prenant comme point de départ la consommation d'électricité et en terminant par les prévisions de répartition entre formes d'énergie substituables. Des ajustements, des contrôles et recoupements, au moyen de méthodes globales, terminent les calculs. 2. Les prévisions énergétiques dans le cadre français Après une présentation rapide de la notion, des méthodes et problêmes posés par la prévision énergétique, nous allons nous attacher plus spéciale- ment aux prévisions énergétiques réalisées à l'occasion de l'expérience française de planification. Les objectifs généraux de la politique énergétique française à long terme, tels qu'ils sont définis aussi bien dans le rapport de la Commission de l'Energie du IVe Plan * que celui du Ve Plan * * , ont été tracés dans les perspectives suivantes: "satisfaire les besoins des utilisateurs au moindre coût entendu pour la nation, tout en respectant certaines conditions impé- ratives d'ordre social ou d'ordre national, telles que la sécurité d'appro- visionnement ou l'équilibre des activités régionales". L'énoncé de cet ob- jectif, reposant sur le principe d'optimalité, implique que "l'on tienne compte de la compétitivité des différentes sources d'énergie, les sources les moins coûteuses étant appelées, à service égal, non seulement à assu- r e r le développement des besoins mais encore éventuellement à se substi- tuer aux sources déjà existantes plus chères". Il s'ensuit que les pouvoirs publics doivent intervenir pour coordonner et harmoniser l'ensemble, sur- tout si l'on se place dans la perspective d'intégration de la politique éner- gétique française dans un contexte européen. De plus, les perspectives énergétiques s'intègrent naturellement dans les objectifs généraux du Ve * Commissariat Général du Plan, Rapport général de la Commission de l'Energie, IVe Plan, Imprimerie Nationale, P a r i s , 1961, p. 33. ** Commissariat Général du Plan, Rapport général de la Commission de l'Energie, Ve Plan. Unauthenticated Download Date | 7/4/19 5:55 AM Introduction 5 Plan (1966-1970) et même bien au-delà car la nécessité d'une politique continue à long t e r m e a rendu indispensable de p r é c i s e r l'horizon plus lointain de 1985. Etant donné les nombreuses difficultés que pouvait r e n c o n t r e r l ' é l a b o r a - tion d'un tel modèle, auquel il faut ajouter la méconnaissance d'un certain nombre d'éléments, la Commission de l'Energie du Ve Plan s ' e s t r a l l i é e à une méthode de prévision où les schémas i t é r a t i f s et les jugements de bon sens constituent la base méthodologique simplifiée. La p r e m i è r e étape a consisté à calculer la demande totale f u t u r e d'énergie, par extrapolation des données du p a s s é . Puis la répartition de cette demande entre les diffé- r e n t e s sources d'énergie a été prévue, en tenant compte de la compatibilité avec un approvisionnement dont on suppose connues les conditions de coûts. La méthode adoptée comporte a l o r s de nombreux va-et-vient entre les prix et les quantités. La méthodologie de la prévision des besoins consiste finalement, avec des méthodes simples (ajustement linéaire et exponentiel, utilisations de nombreuses périodes de b a s e , . . . ), à confronter une p r é v i - sion globale et une prévision semi-analytique (besoins par usage). Quant aux principales incertitudes concernant la détermination des perspectives énergétiques, elles sont fort n o m b r e u s e s . C ' e s t tout d'abord la c r o i s s a n c e de l'activité économique nationale (taux de c r o i s s a n c e prévu au cours du Ve Plan et au-delà: + 5% par an); les p r o g r è s techniques p e r - mettant de produire de l'énergie nucléaire; la possibilité de disposer ou d ' i m p o r t e r des r e s s o u r c e s importantes en gaz naturel; . . . Plus on avance dans l'avenir, plus les incertitudes s'accumulent et plus il faut considérer les r é s u l t a t s des prévisions avec prudence. La Commission de l'Energie a élaboré des perspectives de c o n s o m m a - tion d'énergie, que nous analyserons brièvement tant sur le plan de la m é - thode que sur celui des r é s u l t a t s , en insistant plus particulièrement sur la demande nationale tout d'abord, la demande du secteur industriel ensuite, à la fois au niveau de la demande totale et au niveau de la répartition entre f o r m e s d'énergie. Pour calculer la demande totale d'énergie, la métholodogie comporte t r o i s étapes. Tout d'abord, une projection globale, b a s é e sur l'extrapolation des tendances p a s s é e s (1949-1964) et sur une s é r i e d ' a j u s t e m e n t s exponen- t i e l s par période de sept ans, a p e r m i s de privilégier deux p e r s p e c t i v e s . Cette p r e m i è r e approche a été complétée par d ' a u t r e s prévisions t i r é e s de l'application d'un coefficient d'élasticité consommation d'énergie / p.i.b. D'un a u t r e cOté, une projection analytique (ou semi-globale) a p e r m i s de f a i r e la somme des besoins des g r o s consommateurs (transports, s i d é r u r - gie, industrie, secteur domestique, besoins d'électricité). P u i s la cohé- rence entre les r é s u l t a t s des deux méthodes a été r é a l i s é e . Une fois p r é - c i s é le niveau global de la consommation, il a fallu prévoir la répartition des besoins entre f o r m e s d'énergie p r i m a i r e . Celle-ci a été calculée en faisant, pour chaque énergie, la somme des besoins des utilisateurs finaux et des t r a n s f o r m a t e u r s d'énergie (cokeries, usines à gaz, r a f f i n e r i e s ) qui avaient donné lieu à des études s e c t o r i e l l e s . Les r é s u l t a t s obtenus sont récapitulés dans le tableau 1. Deux p e r s p e c - tives de consommation ont finalement été r e t e n u e s , l'une correspondant à Unauthenticated Download Date | 7/4/19 5:55 AM 6 Introduction Tableau 1 Prévisions de consommation globale d'énergie (en millions de TEC) 1960 1964 1965 1970 1975 Consommation totale 129,8 163,8 162-165 196 -204 236-310 Combustibles solides 70,2 74,3 70,2-71,6 63,0-64,8 56,3-57,8 Produits pétroliers 39,0 66,2 65,0-66,3 94,0-99,7 124,0-136,1 Gaz primaire 4,5 8,3 8,0-8,9 14,7-15,2 22,5-23,9 Hydraulique 16,1 14,8 17,8 20,7 23,2 Nucléaire - 0,2 0,4 3,6 10,0 1980 1985 Nucléaire Nucléaire Nucléaire Nucléaire faible fort faible fort Consommation totale 286-•310 286-310 344-383 344-383 Combustibles solides 52,0-54,0 52,0-54,0 48-50 48-50 Produits pétroliers 157,1-•176,5 146,2-163,5 182-210 156-185 Gaz primaire 31,5-34,1 30,4-33,1 40-44 37-41 Hydraulique 25,4 25,4 27 27 Nucléaire 20,0 32,0 47-52 76-80 Source: Commission de l'Energie, Ve Plan, op. cit., p. 13. un taux de croissance de la consommation de 3,95% par an, l'autre à un taux de 4% par an. Au niveau de la répartition, malgré l'incertitude beau- coup plus grande, la réussite du nucléaire, à plus ou moins brève éché- ance, apparaît comme le phénomène marquant. Nous avons vu que les prévisions de demande totale et par formes d'énergie étaient basées en grande partie sur des prévisions analytiques, en particulier sur celles des secteurs gros consommateurs d'énergie (transports, sidérurgie, centrales thermiques, secteur domestique, indus- trie). Il serait maintenant intéressant de connaître comment ont été élabo- rées ces projections analytiques, en particulier celles du "secteur indus- triel" *. Les méthodes employées pour déterminer tout d'abord la demande totale de l'industrie en combustibles ** s'appuient sur les procédés d'extrapola- tion directe exponentielle et linéaire, par périodes de 7 ans entre 1949 et 1964 complétées par d'autres variantes (élasticité consommation d'énergie / p.i.b. de 0,65-0,70; liaison avec la valeur ajoutée) et par des études effec- tuées sur des branches d'activités particulières. Pour la répartition entre combustibles, la méthode suivie a tenu compte * Celui-ci s'entend hors sidérurgie. ** Nous n'envisageons ici que les besoins en combustibles, en excluant l'électricité. Unauthenticated Download Date | 7/4/19 5:55 AM Introduction 7 des hypothèses déjà faites sur le plan de la compétitivité entre formes d'énergie et sur les disponibilités. Le point de départ a été l'estimation de la part du gaz naturel à partir des ressources disponibles actuellement et dans le futur, à partir de la situation des U.S.A. et de l'évolution de la part du gaz les années précédentes. L'évolution de la part des produits pétro- liers repose sur l'idée d'un développement exponentiel, limité toutefois par celui des ventes de gaz (exemple du Sud-Ouest et des U.S.A.). La part du charbon est obtenue par différence et la cohérence de ce chiffre est con- trôlée par d'autres estimations (extrapolation directe, étude de l'évolution passée des pourcentages). Il en est de même pour la cohérence finale qui est assurée pour les années 1970, 1975, 1980 et 1985, avec toutes les in- certitudes que ces prévisions supposent. Les résultats sont récapitulés dans le tableau 2 où apparaît la r é g r e s - sion constante du charbon au profit des hydrocarbures, ainsi que la ten- dance à la stabilisation de la répartition à partir de 1975. Tableau 2 Prévisions de consommation de combustibles par l'industrie (en millions de TEC). Répartition en pourcentages 1960 1964 1965 1970 1975 1980 1985 Consommation totale 27,4 35,0 33,2-34,2 38,0-41,0 43,0-49,5 48,5-59,0 55-70 Combustibles solides 55,5% 37,5% 35,5% 19,0% 10% 6% 4% Produits pétroliers 35,0% 48, 5%i 49,0% 60,5% 63% 63% 63% Gaz 9,5% 14,0% 15,5% 20,5% 27% 31% 33% Source: Rapport de la Commission de l'Energie, Ve Plan, op. cit., p. 224. 3. Les prévisions énergétiques par secteur. Le cas des ciments Les prévisions consacrées à l'industrie se présentent sous une forme presque analytique, mais de façon précise les prévisions de répartition entre combustibles ne s'appuient en aucune façon sur l'évolution des prix relatifs des combustibles*. On arrive à une répartition des besoins d'éner- gie entre les différentes sources indépendamment des prix du charbon, du fuel et du gaz. En effet, la Commission a estimé ne pouvoir retenir le fac- teur "prix des différents combustibles" car il est entaché de trop d'incerti- tudes et elle a opté pour des méthodes de prévision basées sur d'autres facteurs. Cependant, il apparaît, dans le cas de prévisions analytiques concernant de gros consommateurs d'énergie, que la répartition entre sources d'éner- * Rapport général de la Commission de l'Energie, IVe Plan, Annexe 5, p. 310. Unauthenticated Download Date | 7/4/19 5:55 AM 8 Introduction gie dépend des niveaux comparés des coûts de l'énergie pour l'utilisateur. C'est ainsi que la C.E.C.A., dans le rapport "Etudes sur les perspectives énergétiques à long terme de la Communauté Européenne" fait appel au facteur coût du combustible pour l'utilisateur de façon précise: "l'idée di- rectrice est que cette répartition se fait sur la base des coûts comparés pour l'utilisateur, compte tenu pour celui-ci des avantages propres de chaque forme d'énergie. L'application rigoureuse de cette idée consisterait à examiner successivement la situation de chaque catégorie d'utilisateurs groupant dans chaque région des usagers comparables" *. Cette méthode est valable essentiellement pour la prévision de la couverture des besoins concurrentiels. Elle ne saurait s'appliquer à l'évaluation des besoins spé- cifiques et on peut encore s'en passer pour l'évaluation des besoins cou- verts par une production énergétique à écoulement certain. Le recours à la notion de coût comparé des divers combustibles pour l'utilisateur devrait permettre de réduire les marges d'incertitude concernant la répartition entre combustibles. Bien entendu, la connaissance future des coûts pour l'utilisateur reste t r è s difficile à évaluer. Elle dépendra à la fois des ni- veaux comparés probables des coûts de production des combustibles et de la politique énergétique suivie (relèvement des prix des produits énergéti- ques importés par suite de droits de douane ou aide accordée au charbon communautaire). Il faut mentionner qu'une étude de ce genre ** a été réalisée par la Commission de l'Energie au sujet de la répartition des besoins en combus- tibles par les centrales thermiques. L'idée directrice reposait sur les niveaux comparés des coûts des combustibles et les prévisions étaient régionalisées. Ce type de prévision analytique, faisant appel en plus des méthodes d'extrapolation à des méthodes de jugement, demanderait à être généralisé malgré les difficultés et aléas qu'il présente. C'est ainsi qu'au sein du s e c - teur "industrie", on trouve un certain nombre de secteurs gros consomma- teurs (chimie; papeterie; textiles; matériaux de construction, ) dans lesquels les combustibles sont substituables en partie (usage vapeur; usage four) et pour lesquels le coût de l'énergie n'est pas indifférent. Parmi les secteurs où une telle étude serait souhaitable, les ciments paraissent devoir s'imposer à juste titre: a) Les cimenteries représentent un t r è s gros consommateur de combusti- bles (un des premiers clients du secteur industriel). b) L'énergie, et plus spécialement les combustibles, entrent pour une grosse part dans le prix de revient (40% environ). Le ciment est l'un des produits manufacturés où il entre le plus d'énergie, sous forme directe. c) C'est un secteur où les combustibles sont parfaitement substituables (exception faite des fours droits où il s'agit d'un usage spécifique). J u s - qu'à ces dernières années, le charbon y avait conservé un monopole * "Etudes sur les perspectives énergétiques à long terme de la Communauté Euro- péenne", CECA, Luxembourg, décembre 1962, p. 117. ** IVe Plan, Annexe 8, valable aussi pour le Ve Plan. Unauthenticated Download Date | 7/4/19 5:55 AM Introduction 9 d'emploi. Devant la concurrence des autres combustibles, on peut se poser le problême de son avenir dans ce domaine, d) Les cimenteries sont un secteur fort représentatif de l'usage four. Or, dans le total des combustibles consommés par l'industrie les usages fours représentent 35% (usage vapeur 55%; usages spécifiques 10%). A ce propos, le rapport de la C.E.C.A. déclare: "En 1975, 80% des usages fours seront passés au fuel ou au gaz, si l'on admet que le rapport de prix à la calorie reste dans la fourchette 0,8-1,20. La durée de vie des fours étant de l'ordre de 15 à 20 ans, les effets d'inertie technique doi- vent être faibles. Mais, le charbon pourrait garder certains grands dé- bouchés dans les chaux et ciments, si le rapport des prix à la calorie est suffisamment voisin de 1" *. Ces dernières affirmations confirment donc l'intérêt qu'il y a d'analyser la répartition future des combustibles dans ce secteur, surtout en cas d'évolution des prix en faveur des hy- drocarbures. II. LE CADRE DE L'ETUDE: L'INDUSTRIE CIME NT 1ERE FRANÇAISE 1. L'économie de l'industrie cimentière 1.1. La p r o d u c t i o n L'industrie cimentière est née au milieu du 19ème siècle, à la fois dans la région de Boulogne et dans celle de Grenoble. Mais, en vérité, la fabri- cation du ciment artificiel n'a véritablement pris son essor qu'au début du 20ème siècle. Jusqu'à 1920-1930, la production de liants naturels (chaux hydrauliques, ciments naturels) avait conservé la primauté et devançait la production de ciments artificiels. C'est à partir de cette époque que s'est produit un renversement de situation aboutissant à un déclin très net de l'emploi de la chaux en faveur du ciment artificiel. La production de ce dernier s'est développée depuis le début du siècle de façon régulière, à l'exclusion de deux périodes de marasme correspondant, la première à la première guerre mondiale, la seconde à la crise économique mondiale de 1930 à laquelle se sont ajoutés les effets de la deuxième guerre mondiale. Evaluée à un million de tonnes entre 1900 et 1905, la fabrication du ciment atteignit 5 millions en 1931. Ce fut au cours de la période 1920-1931 que l'essor fut le plus rapide et le nombre de créations d'usines le plus impor- tant. Les effets conjugées de la crise économique, puis de la guerre abou- tirent à un déclin de la production (1,3 million de tonnes en 1944). Depuis cette période, la production de ciments n'a cessé de croître, comme en témoigne le tableau 3. D'une façon générale, la production de ciments s'est développée à un rythme notablement supérieur à celui de la production industrielle. Sur la base 100 en 1938, le ciment a atteint l'indice 584 en 1965, et la production industrielle 306 en 1965. * Etudes sur les perspectives énergétiques à long terme de la Communauté Euro- péenne, op. cit., p. 124. Unauthenticated Download Date | 7/4/19 5:55 AM 10 Introduction Tableau 3 x Production de liants hydrauliques Années Ciments Chaux Années Ciments Chaux 1913 1,9 2,3 1958 13,4 1,3 1932 5,0 2,7 1959 14,0 1,2 1938 3,8 1,5 1960 14,2 1,28 1944 1,3 0,7 1961 15,5 1,26 1948 5,4 2,0 1962 16,7 1,27 1950 7,2 1,4 1963 17,7 1,18 1955 10,5 1,3 1964 21,3 1,36 1956 11,2 1,3 1965 22,2 1,3 1957 12,5 1,4 22,2 1,3 Source: Syndicat National. En 1964, la France a produit 21,3 millions de tonnes de ciments toutes catégories, ce qui représente 5,2% de la production mondiale (6ème rang parmi les producteurs mondiaux). L'industrie cimentière ne produit pas une qualité de ciment, mais au contraire différentes qualités. La réparti- tion entre les différentes catégories montre la part massive prise par les ciments Portland au détriment des ciments métallurgiques. Tableau 4 Répartition de la production par catégories de ciments Ciments Portland Ciments métallurgiques Autres ciments 1950 67% 29% 4% 1954 71% 24% 5% 1958 75% 20% 5% 1962 79% 16% 5% 1964 81% 14% 5% 1965 82% 12% 6% Source: Syndicat National. Les variations saisonnières sont aussi un phénomène à ne pas négliger dans le secteur cimentier. En effet, production et consommation sont étroitement liées car les difficultés de stockage des produits finis obligent la production à suivre les fluctuations de la consommation. Cette dernière est, à son tour, étroitement dépendante d'activités très saisonnières (bâti- ment; travaux publics). Il s'ensuit que la production des mois d'été-est supérieure de 30-40% à celle des mois d'hiver. Cette irrégularité dans le rythme de production oblige les cimentiers à sous-utiliser leur capacité de production à certaines périodes et à sur-dimensionner certaines installa- Unauthenticated Download Date | 7/4/19 5:55 AM Introduction hou s liants hydrauliques hou s liants hydrauliques — chaux hydrauliques «t liarrts assimiles 1 / i / / / / ( / t / / / / / / ! t / / t 1 t / / / / / / / / / ! > \ / / / ! \ S, / / \ N } / - / s / 1 / > s / / N • ! / \ — / 1930 1935 19*0 1945 1950 1955 1960 1965 Graphique 1. Production française de liants hydrauliques (ciments, chaux hydrauliques) Unauthenticated Download Date | 7/4/19 5:55 AM 12 Introduction tions. D'une façon générale, le pourcentage d'utilisation des installations est de l'ordre de 80-90% de la capacité totale. La répartition régionale de la production en 1965 montre une concentra- tion géographique nette au profit des zones urbanisées et industrielles. Nord - Pas de Calais 16,2% Paris et bassin parisien 22,5% Ouest 6,5% Sud-Ouest 13,0% Méditer rannée 14,3% Sud-Est 16,0% Est 11,5% Source: Rapport du Syndicat National sur l ' e x e r c i c e 1965, Annexe VI. En 1965, soixante et une usines, dotées d'une production moyenne de 360.000 tonnes/an, assuraient la production qui se révêle concentrée tech- niquement. Cette concentration s'est traduite par l'augmentation régulière du tonnage produit par usine: 1938 63.000 tonnes/an par usine 1954 150.000 1958 200.000 1962 275.000 1964 330.000 1965 360.000 En réalité, la capacité des différentes unités est très variable (de 50.000 tonnes/an à près d'un million de tonnes/an). La distribution du nombre d'usines selon les tailles montre bien le phénomène de concentration tech- nique évoqué précédemment. Le nombre de petites cimenteries (inférieures à 100.000 t/an), déjà très restreint, diminue rapidement et ne représente plus qu'un pourcentage infime de la production). A l'opposé, un tiers des usines (capacités supérieures à 500.000 tonnes/an) assure plus de la moitié de la production. 1961 1964 1965 Usines inférieures à 100.000 t/an 11 6 2 Usines comprises entre 100 et 300.000 t/an 18 21 22 Usines comprises entre 300 et 500.000 t/an 27 18 19 Usines supérieures à 500.000 t/an 11 19 18 En dépit des apparences (30 sociétés pour 61 usines), la concentration financière qui accompagne la concentration technique est très forte dans cette branche. Trois sociétés et leurs filiales se partagent 60% de la pro- duction (Sté Lafarge: 19 usines et 32% de la production; Ciments Français: 11 usines et 16%; Sté Poliet et Chausson: 6 usines et 12%). Quelques autres sociétés déjà importantes (Ciments Vicat; Ciments de la Loisne; Ciments d'Origny, Sté Lambert) jouent un rOle considérable alors qu'une vingtaine d'entreprises réalisent le solde. Unauthenticated Download Date | 7/4/19 5:55 AM Introduction 13 J j u s q u ' à 1 0 0 . 0 0 0 T. J d e 1 0 0 . 0 0 0 à 3 0 0 . 0 0 0 T. J l l d e 3 0 0 0 0 0 à 5 0 0 0 0 0 T. J | a u - d e l à d e 5 0 0 . 0 0 0 T. lo f h n q h e n uVgifcinìÈCSS g j g v . h o u b o u r d i n l u m b r e » : u s i n e s f o n c h o n n a n t a u c h a r b o n g u e r v i l l o " " a u f u e l n i c o l e " " a u g a z u » u n e i c a u ï lin J l n e u v i l i e s u r e v a u f . T í " V I migriy tTe b e n o i l e > N j m o n le b o u r g • c o > o m b e l l e s q q p q < n v i l t e ^ . j y b e o u m o n t t u r o n e limq ^lL ttrvill«^-^ i o r ì t ì e i l l c s e n p o r i s n ] v i o u l a n g e » , Ciery"ille v —') ) c o u v r o f .JïauJneî ^"jhogondang«^ s y- f ^Jg r a q n y " j "j^ompy jtfKeming/ j r ® u v e « r n a n » « A j I <1. p i e r r e J a c o u r y i " " Jila < "•jJTëïpiel / f r a n g e y J S J t ^ c r u g e y v a l d ' a z a r g u e » á h 1 1 c h a i r e tur r n o n « q l f K t r c h jlchgmpqqnole f m o n t a l i e u v o r c i e u J | c h q m b e r y s ^reppfr jJa^ggreve ¿ \aenevrey de \vif blexoa j rqntgil Carte 1. Carte des cimenteries 1960-1961 Capacité de production et combustible employé Unauthenticated Download Date | 7/4/19 5:55 AM 14 Introduction 1.2. L e s f a c t e u r s d e p r o d u c t i o n Pour produire une tonne de ciment Portland (avec la voie humide), i l faut en moyenne 1,6 tonne de calcaire, 0,3 tonne d'argile, 0,2 à 0,3 tonne de charbon; 100 kW/h d'électricité; 1 à 2 heures de main d'oeuvre, auxquels il faut ajouter l'utilisation d'installations t r è s importantes. L'énumération des différents facteurs de production permet de se f a i r e tout de suite une idée sur cette industrie, traitant de très gros tonnages de matières p r e m i è r e s , utilisant peu de main d ' o e u v r e . . . 1.2.1. Les investissements Cette industrie exige d'énormes investissements. Actuellement, la cons- truction d'une unité de 300.000 tonnes/an nécessite une mise de fonds ini- tiale de 180 à 200 Francs par tonne de capacité annuelle. Le coût des in- vestissements à la tonne varie sensiblement avec la capacité. Les écono- mies d'échelle * ainsi réalisées sont retracées par les indices * * suivants: France U.S.A. U.R.S.S. 200.000 t/an 100 100 100 300.000 t/an 90 83 64 500.000 t/an 80 80 58 1.000.000 t/an 60 56 46 Pour les usines déjà construites, l'accélération du progrès technique conduit à amortir très rapidement les installations (durée moyenne * * * de 12 ans environ). La progression de la production liée au rythme du progrès technique impose donc à l'industrie cimentière de consacrer des sommes de plus en plus importantes aux investissements: 1956 64 millions de Francs 1962 153 millions de Francs 1960 100 millions de Francs 1963 350 millions de Francs En règle générale, étant donné la rareté de création des cimenteries, les investissements sont surtout consacrés à l'extension et à la modernisa- tion des usines existantes. L'achat d'équipements (machines; outillage; véhicules) en absorbent 50 à 70%, la construction de bâtiments neufs 15 à 25%; le gros entretien 5 à 10%. 1.2.2. La main d'oeuvre L'industrie cimentière utilise un effectif assez restreint (15.000 person- nes environ). La stabilité de ce chiffre depuis de nombreuses années est * En France, on considère que le seuil en dessous duquel une cimenterie nouvelle n'est pas viable économiquement s'établit à 200.000 t/an. ** Source: Jacques Reynaud, Les investissements dans l'industrie des chaux et ciments, Faculté de Droit de Paris, 1965 et Nations Unies, Etudes sur les aspects économiques de l'industrie, New-Yôrk, 1963, ST/ECA/75, p. 3. *** Soit 10 ans pour le matériel, 20 ans pour les bâtiments et 5 ans pour les véhi- cules. Unauthenticated Download Date | 7/4/19 5:55 AM Introduction 15 remarquable. Il s'explique, en dépit des hausses croissantes de la produc- tion, par l'évolution remarquable de la productivité: 1953 3,42 heures de travail par tonne de ciment 1957 2,25 1960 1,94 1962 1,56 1965 1,14 l a mécanisation accrue nécessite de plus en plus une main d'oeuvre qualifiée et le fonctionnement général de l'entreprise fait de plus en plus appel aux cadres et ingénieurs (qui sont passés de 16% du personnel en 1953 à 24% en 1962). 1.2.3. L'énergie Elle joue un rôle primordial, à la fois en tant que combustible et en tant qu'énergie mécanique - électricité - dans la fabrication du ciment. Etant donné l'importance du poste combustible dans ce secteur, et étant donné qu'il demeure dans cet ouvrage notre préoccupation essentielle, nous lui consacrerons une présentation spéciale dans le paragraphe 2. Quant à la consommation d'électricité, elle s'établit aux environs de 85 kW/h par tonne de ciment. 1.2.4. La structure du prix de revient du ciment Le tableau 5 récapitule les différents éléments du prix de revient pour la France et quelques autres pays à titre de comparaison. Tableau 5 Structure du prix de revient du ciment Allemagne U.R.S.S. U.S.A. France (1963) Amortissements 21,6 9,6 22,5 20-30% Salaires 8,2 22,3 13,9 15-20% Combustibles 21,0 37,1 14,3 30-40% Electricité 12,5 12,6 Divers (frais généraux, sacs) 36,7 31,0 36,7 20-35% 100% 100% 100% 100% Source: Allemagne, URSS, USA: Etudes sur l e s aspects économiques de l'indus- trie, I. Ciment, Nations Unies, New York 1963, ST/ECA/75, p. 1; France: Rapport de R. Meyzenc, Colloque Européen d'Economie de l'Ener- gie, Mai 1965; Fabre, L'évolution de l'industrie cimentière française, tiré à part p. 11. L'importance des f r a i s d'énergie et d'amortissement, au détriment des frais de main d'oeuvre est très nette, pour la France surtout. Unauthenticated Download Date | 7/4/19 5:55 AM 16 Introduction 1.3. L e s d é b o u c h é s et l e s p r o b l è m e s de l o c a l i s a t i o n Avant de donner un aperçu sur l'importance de la consommation de c i - ment, rappelons-en les principales utilisations. Le ciment est un produit intermédiaire, matière première de base de deux secteurs d'activité (cons- truction et travaux publics), qui dépendent eux-mêmes de l'activité écono- mique du pays dans son ensemble. La construction absorbe environ 75% du total (logement; constructions industrielles; bâtiments publics; habitat ru- ral) et les Travaux Publics 25% (énergie; transports; défense nationale). La France se situe actuellement au 7ème rang en Europe pour la con- sommation de ciment par tète d'habitant. Cette dernière progresse régu- lièrement et rapidement chaque année, atteignant 442 kg/habitant en 1965 et rejoignant presque la consommation moyenne des pays du Marché Commun. L'évolution totale de la consommation française, retracée par les chiffres ci-dessous - en milliers de tonnes - montre le même phénomène. Produc- tion et livraisons restent très voisines en quantité, ce qui explique la très faible part prise par le commerce international (644.000 tonnes exportées et 20.000 tonnes importées en 1965) dont l'activité décline de plus en plus chaque année. 1950 6.172 1961 14.426 1952 7.513 1962 16.665 1954 8.449 1963 17.930 1956 10.385 1964 20.580 1958 12.487 1965 21.611 1960 13.161 Au niveau régional et départemental, il apparaît d'assez fortes diver- gences dans les quantités consommées, ainsi que dans les rythmes de croissance. Les noyaux de fortes concentrations urbaines absorbent à eux seuls une part notable de la consommation française. C'est ainsi que depuis une dizaine d'années, une quinzaine de départements représentent 50% en- viron des livraisons totales. En 1964, les principaux centres consomma- teurs ont été les suivants: District parisien 3.870.000 t soit 19% des livraisons françaises Nord et Pas de Calais 1.340.000 t 7% RhOne, Isère, Savoie 1.340.0001 7% Est (Moselle, Meurthe et Mos) 1.130.000 t 6% Bouches du RhOne 920.000 1 5% A l'opposé, une vingtaine de départements, parmi les plus sous-déve- loppés, ne consomment que 10% des livraisons totales. Nous avons constaté, au niveau national, un équilibre global entre pro- duction et consommation. Etant donné les très fortes inégalités dans les consommations départementales, il est difficile de r