Ce texte a été écrit en mars 2023 pour présenter les Soulèvements de la Terre en vue de tournées internationales à l’approche de la mobilisation du 25 mars “pas une bassine de plus” Tout commence en janvier 2021, dans le bocage de Notre-Dame-des-landes, près de Nantes... enfin « tout », non. Ce qui va s’agréger sous le nom « Les Soulève- ments de la Terre » et qui, en ce début 2023, se voit menacé de dissolution par l’État français, pour son rôle supposé dans « le virage radical des activistes écol- ogistes », est né là. Le récit que nous faisons ici est un récit situé. Il s’écrit depuis l’endroit et le moment précis où nous nous trouvons. Au sein d’un mouvement vaste et tumultueux. Il tente de retracer les éléments de contexte qui ont permi un ensemble de convergences concrètes, de constats communs, qui à leur tour, ont nourri l’expérience en cours au sein des Soulèvements de la Terre. Il ne prétend pas à l’exhaustivité, mais à mettre en partage les éléments saillants de cette toute jeune histoire. Il est tout à la fois une contribution et une invitation à une nécéssaire mise en commun de nos analyses, et de nos expériences de lutte, par delà les frontières. Janvier 2021, le moment a son importance, nous sommes à peine sortis des confinements successifs qui avaient mis à l’arrêt toute une partie du monde et qui, on le constatait alors, avait aussi eu raison des deux forces sociales qui avaient teinté d’espérance l’hiver 2019-2020. Le puissant et spontané mouve- ment des Gilets Jaunes d’un côté, la mobilisation inédite de la jeunesse dans les marches pour le Climat et sa myriade de groupes d’action, qui cherchaient à en repousser les limites, de l’autre. Deux mouvements. L’un qui sonnait brutalement la fin du silence résigné d’une partie de la population française, oubliée de la classe politique, le prolétariat non syndiqué, livré aux petits boulots et au petit entreprenariat, étranglé par la hausse du coût de cette vie là . L’autre qui sagement d’abord, mais de plus en plus fort, venait rappeler que les « générations futures » n’attendraient pas la fin du film catastrophe, qu’on leur servait depuis le berceau, pour se rebeller. Deux mouvements qui malgré tout ce qui aurait pu, aurait dû, les rassembler, ont eu bien du mal à se rencontrer. Les appels, d’un côté et de l’autre, à comprendre ce qui liait intimement les problèmes de « la fin du mois », à ceux de « la fin du monde », qui avaient marqué la fin du mouvement, s’étaient noyés dans un nuage de gaz. Malgré les nombreuses initiatives - sincères mais tardives - de convergence, lancées depuis divers endroits en France, ces deux élans n’ont pas eu le temps d’opérer les dépassements que leur rapprochement promettait. Des dizaines de mains arrachées, d’yeux crevés par les flash-ball, des milliers de procédures judiciaires ainsi que, et peut-être surtout, l’épuisement des unes et des autres à ne rien voir aboutir, avaient poussé le plus grand nombre, avant même l’éteignoir de « l’état d’urgence sanitaire », à rentrer chez soi. Au sortir des confinements, donc, comme dans de nombreux autres endroits du monde, beaucoup se demandaient comment ne pas ré-embrayer sur la vie d’avant, sur la fuite en avant qui nous avait amené là, au pied du mur du bou- leversement climatique, de l’effondrement de la biodiversité, du temps des pan- démies, des systèmes sociaux et sanitaires dépecés. On parle alors de « monde d’après » jusque dans les discours des politiques les plus cyniques. Alors que se lancent, de notre côté, des journées d’actions décentralisées dans tous les coins du pays « contre la ré-intoxication du monde », le monde de l’économie, bien arrosé d’argent public, ne tarde pas, lui, à reprendre sa course. On bétonne à nouveau à tour de bras. On se remet à construire des méga-bas- sines, ces réserves d’eau géantes à ciel ouvert creusées à même les terres agri- coles, pour « s’adapter au changement climatique », on prévoit d’en creuser d’autres pour compenser la baisse des chutes de neiges sur les pistes de ski... tout est fait, à nouveau, pour surtout pouvoir ne rien changer, ni aux modes de production, ni aux modes de vie, ni au partage des ressources. Ce qui frappe alors, au-delà des discours et du green-washing ambiant, c’est cette colossale inertie, cette incapacité général- isée à infléchir le cours des choses. Plus les constats, désormais largement publicisés, sur l’état catastrophique des ressources, sur les effets exponentiels du dérèglement climatique étaient alar- mants et incontestables, moins les gestes, d’où qu’ils viennent, semblaient à la hauteur de la situation. C’est à ce point là, devant ces constats là, que se lance, depuis la dernière lutte un peu massive et victorieuse contre l’artificialisa- tion des sols en France, sur la ZAD de Notre Dame des Landes – résistance locale qui a mobilisé nationalement contre la con- struction d’un aéroport international sur une zone de bocage -, un appel à faire converger les forces pour dépasser les limites ren- contrées dans l’isolement relatif des initiatives des unes et des au- tres. Les luttes syndicales paysannes empêtrées dans une forme de corporatisme sectoriel ; les marches pour le climat confrontées à l’impuissance sans horizon des manifestations, même massives; les modes d’action « autonomes » égarés dans leur propre dis- persion et leur absence de stratégie coordonnée ; les collectifs d’habitant.es qui mènent des batailles locales contre des projets écocidaires, sans avoir - trop souvent - les moyens de vaincre. C’est ainsi qu’est lancé le premier appel des « Soulèvements de la terre », depuis la rencontre de formes d’organisation, d’expériences et de manières de faire différentes, poussées par l’urgence de la situation à grouper leur forces sans nier leurs singularités. Des syndicalistes, des fermes, des collectifs d’habitant.e.s en lutte, des collectifs autonomes, des groupes écologistes, des associations citoy- ennes signent un appel commun qui parle en ces termes : « Seul un basculement radical - un soulèvement - pourrait permettre d’enrayer le réchauffement climatique et la 6ème extinction massive des espèces déjà en cours. Au fond, nous le savons, il ne nous reste aujourd’hui plus d’autre voie que de mettre toutes nos forces dans la bataille pour enrayer le désastre en cours, et abattre le système économique dévorant qui l’engendre. » Mais par où commencer ? Dans le sillage des luttes menées par le syndicalisme paysan non affilié à l’agro-industrie, minoritaire mais vivace, incarné aujourd’hui par la Con- fédération Paysanne -syndicat français pour la défense d’une agriculture pay- sanne*-, les composantesdu mouvement réunies à cette occasion ont identifié l’enjeu le plus immédiat, et le levier le plus puissant, à l’endroit des luttes sur le foncier. Dans les dix années qui viennent, en France, 50% des agriculteurs vont partir à la retraite, la plupart sans repreneurs. Les grands groupes de l’agro-ali- mentaire et les entreprises qui tablent sur le marché des « énergies vertes » l’ont bien compris, et se préparent, si rien n’est fait, à établir leur main-mise sur la vaste majorité des terres arables du pays. Ainsi ce sont déjà deux-cent fermes qui disparaissent chaque semaine dans le pays au profit d’infrastructures agri- coles toujours plus grandes, coupées du lien payan à la terre et inféodées aux industriels. Trois menaces principales planent sur les terres agricoles : celle de leur acca- parement sans reste par l’agro-industrie, qui les épuise et dilapide la ressource en eau ; celle de l’artificialisation croissante des sols, de leur « bétonisation », par l’urbanisme et par l’activisme économique des géants du bâtiment et des travaux publics ; celle de la destruction irréversible de la vie des sols par les engrais, pesticides, fongicides et herbicides déversés partout sur la terre par les multinationales de la pétrochimie. Au-delà des terres agricoles ce sont des milliers d’hectares de friches, forêts et zones humides, réserves vitales de bio- diversité qui sont dévorées elles-aussi par le tourisme, les centres commerciaux ou les avancées des métropoles. Ce choix d’intervention politique des “Soulève- ments”, cet angle d’attaque à mêmes les sols, lie tant la question écologique et paysanne de la reproduction des conditions de la vie sur terre, celle, sociale, de la répartition des ressources agricoles, hydrologiques, alimentaires, que celle, politique, de la structuration capitaliste des filières de production. Arracher des espaces au béton ou à l’agro-industrie, c’est aussi la possibilité de libérer des lieux, de s’y réapproprier des moyens de production et d’y inventer des formes de vie et de mise en partage plus désirables. Une fois les cibles identifiées, restait à trouver des manière adhoc de coor- donner les efforts et de les agencer stratégiquement. Le premier appel des Soulèvements de la terre inaugure un mouvement qui sera structuré autour de « saisons d’actions » décidées lors d’assemblées semestrielles. L’idée n’est plus là d’organiser des journées d’actions décentralisées, mais à l’inverse de cibler quatre à cinq mobilisations plus ou moins massives par « saison ». Il s’agit alors de regrouper régulièrement des forces au niveau national pour venir en appui à un front local à un moment charnière de son histoire : parce que les voies institutionelles classiques de contestation ont été épuisées sans être entendues, parce que des chantiers vont démarrer, des expulsions se produire, parce qu’il faut essayer autre chose, être plus visible, passer un seuil.... Au fil de ces actions appelées après chaque moment de rencontre entre les composantes du mouve- ment et les luttes locales, à mesure qu’elles émergent ou se manifestent, se tisse un récit et une stratégie qui se renforcent, s’étoffent dans l’enchaînement des évènements et dans l’enthousiasme des complicités nouvelles. De rassemblem- ents en rassemblements c’est tout un réseau de lieux et de nouveaux ancrages dans les territoires qui voit le jour. La volonté partagée, dans la construction de ces saisons des « Soulèvements de la Terre » est alors de scander la montée en puissance du mouvement de victoires inermédiraires. Il est décidé en ce sens que les gestes caractéristiques d’une mobilisation des Soulèvements de la Terre, seraient des occupations de Terre menacées , des blocages de chantier et d’industries, ou de démantèle- ments directs et collectifs d’infrastructures écocidaires. Ces 3 types de gestes sont privilégiés non pas évidemment parce qu’ils se suffiraient à eux-mêmes pour mener à bien des luttes, mais parce que leur diffusion semble aujourd’hui essentielle pour avoir un impact concret dans le champ politique et face à l’ur- gence climatique. Quand on se rend à un “acte” des Soulèvements de la Terre, on a alors de plus en plus à cœur de trouver des manières de se rassembler qui changent effectivement et directement quelque chose à la situation. En bientôt 2 ans une quinzaine d’actions nationales ont été ainsi menées et certains projets adverses mis à l’arrêt tandis que d’autres nécessiteront plus d’acharnement. Des personnes des 4 coins du pays ont ainsi convergé sur des terres vouées au béton dans un quartier populaire de Besançon pour y installer un marché pirate (jardin des Vaîtes), dans des vignes du jura ou du sud de la France pour y ven- danger sauvagement le raisin d’un milliardaire et en faire du jus pour les luttes, dans un bocage paysan de l’ouest du pays dévoré par des carrières de sable afin d’y démanteler une écluse qui privatise l’eau d’un ruisseau (Saint-Colomban), dans une forêt des Alpes pour appuyer les habitant.es de la vallée qui se battent contre sa destruction par l’industrie du tourisme et de la neige artificielle (la Clusaz), sur des terres maraîchères provençales menacées par une zone indus- trielle pour s’offrir un carnaval et s’attaquer aux engins du maire verreux local et promoteur immobilier (zap de Pertuis), mais aussi en manif sauvage sur les friches de la Prevalaye a Rennes contre l’extension d’un stade de foot ou sur des Collines de Haute-Loire pour stopper une route (rn88 - Pertuis)... Au fil du temps les formes d’organisation des Soulèvements évoluent. On se dote d’outils de suivi et de coordination, on s’ouvre à la constitution d’antennes locales. Le mouvement conserve un caractère hybride entre la coalition large de groupes et d’organisations, le réseaux d’ami.es, l’organisation, et le mouve- ment. L’envahissement simultané dès juin 2021 par plusieurs centaines de personnes de 3 sites majeurs de l’industrie du béton en région parisienne à l’appel des Soulèvements de la Terre et d’Extinction Rebellion a suscité de nombreux débats et certaines évolutions d’orientation au sein des groupes écologistes. Les occupant.es ne se sont en effet pas contentés d’occuper les lieux mais ont cette fois-ci saboté des machines, silos, sacs de ciment pour empêcher les sites de redémarrer après leur départ. Ils ont alors mis en avant le terme de “désarme- ment” : “Lafarge (géant international du ciment) et ses complices n’entendent rien à la colère des générations qu’ils laissent sans avenir dans un monde ravagé par leurs méfaits. Leurs engins, silos et malaxeuses sont des armes qui nous tuent. Ils ne cesseront pas sans qu’on ne les y force. Nous allons donc continuer à démanteler ces infrastructures du désas- tre nous même. Nous appelons toutes celles et ceux qui se soulèvent pour la terre à occuper, bloquer et désarmer le béton.” Un tournant du mouvement: La lutte emblématique contre les méga-bassines dans les zones céréalières du Haut et du Bas-Poitou, marais et plaines du centre-ouest de la France Dans l’histoire encore récente des Soulèvements de la Terre, la rencontre avec des habitant.es du Marais Poitevin en lutte contre les projets d’irrigation de la céréaliculture industrielle, a marqué un tournant décisif. Depuis les années soixante-dix, une génération d’agriculteurs poussés par le mauvais vent de la filière agro-industrielle, va faire le pari de concurrencer les grandes plaines céréalières du bassin parisien, au prix de bouleverser de manière continue, quarante ans durant, le système hydrographique ancien, de ce qui était une des plus grandes zones humides de France. Arrivé au terme de ces choix de production extractivistes, la filière doit aujourd’hui faire face aux effets du bou- leversement climatique, et trouver l’eau qu’il n’y a plus l’été dans les cours d’eau et les nappes phréatiques. Non contents d’avoir fait cette prouesse d’avoir depuis vingt ans déjà fait courir les cours d’eau à l’envers, vers leurs sources, à force de ponctions trop importantes, ils projettent aujourd’hui de stocker l’eau l’hiver pour arroser l’été quand les rivières sont à sec. Des dizaines de projets de construction de réserves d’eau géantes à ciel ouvert ont vu le jour et, validées par l’État, devraient être construites avec de l’argent public. C’est face à cet aveuglement de la filière qui refuse de considérer le caractère désormais sui- cidaire de ses pratiques d’irrigation, que des habitant.es se sont soulevés depuis plus de vingt ans. D’abord relativement isolée face à la puissance du lobby agro-industriel dans cette région, cette lutte a progressivement pris de l’ampleur en cherchant à composer de nouvelles alliances. De la rencontre entre le collectif Bassines Non Merci, la Confédération Paysanne, syndicat agricole qui défend d’autres pratiques et le mouvement naissant des Soulèvements de la Terre, a émergé un nouveau cycle de lutte avec son rythme et ses enjeux propres. De septembre 2021 à aujourd’hui la montée en puissance des mobilisations, permise par ce nouveau plan de composition, a transformé cette lutte locale en une lutte d’envergure nationale, voire internationale, sur la question brûlante de l’accaparement de la ressource en eau par l’agro-industrie et son monde. Les premières mobilisations à quelques centaines qui parvenaient à investir les cratères géants creusés pour ces réserves d’eau, comme à Mauzé-sur-le- Mignon, ont vite fait face à des dispositifs policiers démesurés. Les autorités publiques se sont arc-boutées avec les syndicats agricoles défenseurs des pra- tiques industrielles, forçant une diversification des tactiques de lutte. Ce seront dès novembre 2021, près de 2000 personnes qui prendront d’assaut, après une course poursuite avec la police à travers champs, une méga-bassine illégale à proximité du nouveau chantier, transformé en forteresse. La foule des man- ifestants parviendra à « désarmer » cette bassine en détruisant ses bâches et son système de pompage. Au printemps suivant, avec le renfort de plus de 150 organisations et collectifs appelant, ce sont cette fois 6000 personnes qui con- tourneront le zonage militarisé mis en place par la préfecture, pour désarmer le système d’approvisionnement d’une future bassine, à la Rochénard, une autre commune du Marais Poitevin. Suite à ces manifestations, et sans doute large- ment inspirées par elles, des actions nocturnes ont neutralisé plusieurs autres bassines de la région. Ces actions revendiquées et parfois filmées, ont à leur tour popularisé ces gestes de « désarmement » facilement appropriables par toutes et tous avec des moyens rudimentaires, tels de simples cutters. Devant la surdité des autorités et des instigateurs de ces chantiers, le mouve- ment a continué à prendre de l’ampleur. Après un été de sécheresse historique, une nouvelle manifestation de masse s’est organisée à proximité de la petite commune de Sainte Soline dans une zone de plaine au sud du Marais Poitevin. Cette fois encore environ 8000 personnes ont bravé les arrêtés d’interdictions de manifester émises par la préfecture. Les manifestants de Bassines Non Merci et des Soulèvements de la Terre ont réussi le tour de force de prendre de court les forces de police, pour établir, en pleine zone interdite, un campement de base pour accueillir la foule des manifestants la veille de l’entrée en vigueur de l’interdiction. Le lendemain matin, ce sont trois cortèges de plus de 2000 man- ifestants qui ont, chacun par un chemin différent, débordé le dispositif polic- ier massif pour finalement atteindre les abords du chantier de la plus grosse méga-bassine jamais construite et pour certains y pénétrer en faisant tomber l’enceinte de sécurité. Le chantier sera mis à l’arrêt pendant plus d’une semaine. Cette dernière ac- tion, en rendant inopérants tous les efforts de l’état pour protéger le chantier, 3000 policiers anti-émeutes, sept hélicoptères, des barrages et des interdictions de manifester, a transpercé le black out médiatique jusqu’ici appliqué à ces mo- bilisations de défense de l’eau. La « bataille de Sainte Soline” a effectivement stoppé le chantier pendant plusieurs semaines, fait la une des télévisions et des journaux, et suscité des réactions en chaîne jusqu’aux plus hauts sommets de l’État. Ce sont sans doute les propos du ministre de l’intérieur, taxant la déter- mination des cortèges de manifestants, d’actes relevant d’une sorte «d’éco-ter- rorisme », au lendemain de la défaite cuisante des forces de police sur le ter- rain, qui ont alimenté le plus gros buzz de cettes séquence. "Eco-terrorisme" ou éco-résistance? Plus qu’un dérapage verbal, ces mots choisis du ministre préparaient la mise en oeuvre des moyens de l’anti-terrorisme dans la répression des actions de résistance écologique et paysanne qui ne cessent de se multiplier. Preuve en est, suite à une nouvelle action de « désarmement », cette foi-ci contre le géant du ciment français Lafarge, menée au petit matin du 10 décembre par deux-cent manifestants vêtus de combinaisons blanches, une enquête est ouverte par le parquet anti-terroriste et confiée à la Sous-Direction Anti-Terroriste. Cette ac- tion filmée et revendiquée par un collectif anonyme a mis à l’arrêt un des plus gros site de production du cimentier dans le sud de la France, occasionnant, selon les medias près de 4 millions d’euros de dommages à la multinationale Lafarge. L’affaire est cocace : c’est cette même entreprise, qui a été réce- mment condamnée, aux Etats-Unis, pour avoir financé Daesh en échange de la poursuite de ses activités d’extraction dans le désert syrien. Lafarge, outre son rôle majeur dans l’une des indus- tries les plus climaticides de la planète, a aussi été mis en examen en France pour “complicité de crimes contre l’humanité” dans le cadre d’une information judiciaire ouverte en juin 2017. Une mise en examen qui s’ajoute à deux autres pour “financement de groupe terroristes” et pour “mise en danger de la vie d’autrui”. Les Soulèvements de la Terre sont aujourd’hui pointés du doigt par les services de sécurité français comme étant les instigateurs d’un « virage radical du mouvement écologiste » en France et un rapport du renseignement français va jusqu’à préconiser sa dis- solution par l’État. Face à cette menace une tribune parue dans la presse début janvier a réuni plus de trois mille signatures en 48 heures, témoignant du fort soutien de nombreuses personnalités de tous horizons aux gestes de résistance active à la destruction du vivant et à l’accaparement des ressources naturelles. Les mois qui viennent seront décisifs pour l’avenir du mouvement et pour la bataille en défense de la terre et de l’eau. Soit le mouvement s’élargit encore et parvient à mettre un terme définitif aux programmes de constructions de bassines, soit le gouvernement parvient à diviser le mouvement, à réprimer ses franges les plus actives et à passer en force. C’est autant pour prendre une nouvelle fois de court les forces de répression, que pour faire résonner internationalement la lutte vitale pour la défense de la terre et de l’eau, que nous venons aujourd’hui à vous. Nous entamons une nou- velle mobilisation en vue du prochain acte de la lutte contre les méga-bassines, car il nous semble que cette bataille est décisive et vitale, comme le sont, ces dernières semaines, celle contre l’extension de la mine de lignite à ciel ouvert de Lützerath pour alimenter la fuite en avant énergétique en Allemagne, ou encore, celle contre la destruction de la Forêt d’Atlanta, au profit d’un centre d’entraînement de la Police, aux États-Unis. La prochaine manifestation massive appelée par Bassines Non Merci, Les Soulèvements de la Terre et la Confédération Paysanne aura lieu les 25 et 26 mars prochain quelque part dans le Poitou. Nous y invitons chaleureusement, toutes celles et ceux, d’un peu partout, qui n’ont pas prévu d’assister à « la fin du monde », depuis leur canapé. lessoulevementsdelaterre.org facebook.com/soulevementsterre instagram @soulevements.de.la.terre
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