des premiers sons de la terre ses lambeaux me transportent sur leurs vagues dérivent sur une lumière Avalé par la mémoire au gré des mouvements tendres le corps à l'équinoxe bouscule les mots fulgurants puisés sur les lèvres de mai m'empoignent me ramènent jusqu'au rêve fané sur des grèves impossibles de décembre vibrent de mots naissants vont me perdre dans le silence à tout jamais PLEIN SILENCE Note après note SI TANT DOUX une musique appelle le mot d'amour Si les ailes te poussent échoué à contre jour rose de nuit devant une porte close la lune te semblera à double tour ailée enferme la farandole la nuit te portera d'années nanties vers des étoiles dans le néant à faire craquer le coeur enferme les notes si tendre si doux enferme le mot si tant doux enferme le jour au temps doux du temps danse autour effleure la lune son silence FONTE Ce ciel d'avril lance ses éclaboussures de soleil fondant sur mes âges fragiles J'ai mille ans peut-être même plus. Je ne compte pas mes pas d'un temps défini. Je préfère l'infini, l'ailleurs, l'innombrable. J'erre au delà des habitudes. Je parle en langue svelte, langue incontournable des émois lancinants. Un lance-émois, une plate-forme pour les âmes habituées au silence. Lancez-moi par-dessus bord et je ferai dix vagues a capella. J'accaparerai vos émois à en faire sauter vos fusibles. Sans doute qu'il fera noir. Mais le noir, ça n'a jamais tué personne. S'il n'y avait pas de noir, on ne pourrait le comparer au blanc. Pellicule renversante plongée dans l'onde d'une âme multiple en tournée dans le sens des aiguilles. Ne laisse aucun repos dans le lit des indépendances. Ne laisse aucun choix d'approuver ou de désapprouver. Ne laisse passer qu'une infime lueur à travers le voile opaque de la peine heureuse. Ne reste qu'à parler du silence têtu à travers le grillage des interruptions des absolus dans ce rêve infini d'images de sens livrés au sens un silence de mort prématuré rassembleur de fausse monnaie INSPIR LIQUIDE Mieux vaut semer de l'herbe que de semer de l'eau le végétal comme une douleur plongée dans l'oublié liquide sans importance sans connaissance MYSTÈRE DES BÊTES À PAROLES Drôle de bêtes emprisonnées dans des corps trop lourds. Prisons humaines dans le jouissif des séductions, éclatent en moments insaisissables, s'écrivent et fusent essentiel à travers le voile du non dit. Fuse la paix des linges transportés par les marées Fusent les marées silencieuses jusqu'à l'intime des solitudes Fuse la solitude parmi les lueurs de la beauté Fuse la beauté des langues apprises dans le secret des complicités Fuse la complicité des mots approuvés par le désir Fusent les désirs jumelés aux verbes entretenus Fuse le verbe fermenté dans l'écho dans l'espace dans l'extase PLAGE SAGE Dérive des eaux jusqu'aux lèvres abandonnées à l'ivresse des plages Dérive des mots vers les sables mouvants de la chair invisible Dérive du temps ses mouvements ondulés par le coeur accueillis Dérive des mains sur la lune offerte au vertige des mots FRÔLEMENT DROLEMENT ERREMENT Au jardin des prononciations Les vertiges parcourent une parole remue la terre les nuits ondulées creuse des sillons vestiges des mouvances sème des signes vertigineux d'une lune ancienne quand la main frôle délaissée sur la page l'instant des enchantements RESSEMBLANCE À L'ÉCRAN L'ERRANCE En leurs chastes tutoiements Quand les battements sont de rigueur les solitudes s'absentent le convenu devient obscène jusqu’au quai de nulle part de partout des emportements la langue viole l'indicible où la vague s'obstine se moque des chastetés intelligibles touche en ces moments d'ablution sous-marine secoue sous-jacente prononce la courbe emportés dans ce remous du corps des mots des voix caressantes dans l'espace hume donne du sens aux sens le parfum dans les parfums que répandent les cris des cris poreux À l'infini des courbes Long comme le jour les odeurs du silence rampent un baiser se prolonge jusqu'à l'essentiel dans l'interdit encerclé par les instants croisent les langues perdues d'une surface démesurée dans ce lieu fluide espace des transfigurations des rapprochements ENTRE GUILLEMETS Perdus dans les forêts du Nord, les secrets glissent dans le silence, accordés aux bruits d'un big town, dans une chambre errante entre les errances, s'absorbent, dérivent sur les jours. entre guillemets reposent me reposent sur un temps démesuré me projettent sur l'aube d'un regard nu le ventre aspiré par les battements fluides du va-et-vient des mots en ce non dit de l'existence insatiablement le silence des nuits enchante le contour des jours CRUE ROSE Éveillée la chair se conserve dans le miel et le blanc des mots réinventés promesse utopie crue rose rapt quand le printemps bouge traverse la sphère en son délire ses errances AU COEUR L'INSTANT ...et l'ombre la regarde sous sa nappe brillante comme le jour ressuscité la regarde à travers la main qui tire les mots hors de l'ombre Cette main ensoleillée pose ses empreintes au coeur de l'instant verse des lumières effervescentes sur l'horizon devant la mer enroule les jours autour du corps dressé les écrits la déplient la fibre suit le mouvement des vagues dérive le paysage en sa nuit LE TEMPS ABOLI Les nuits me déportent dans l'absurde les matins me transportent sur les dunes les déserts me reconnaissent les étoiles aussi j'efface les habitudes les croix incrustées dans les sables du temps en mouvement je plonge à vif dans mon Nord me soumets au prolongé des heures dans l'eau dans le vent dans les cris devant les oiseaux étonnés TRACÉ Dans le suivi du mouvement, des murmures renaissent, toujours renouvelés malgré l'absence, dans ce jus humain comme un rappel de nos ressemblances. Dans sa fureur l'être caresse la matière vibre à travers la couleur des émois retenus redépose sur le corps embrassé une lumière entrevue écho fluide d'une renaissance fécondée dans le mouvement d'une tendresse infinie Elle s'en retourne aux abois sur le tracé invisible d'une mémoire vive PRONONCIATION SOUSJACENDRES Les mots me parcourent dans tous les sens En ses coulées par ma démesure une montagne toujours me ramènent écoute les plaintes à l'essentiel d'un monde éclaté douce violence ce ne sont pas que des mots douce présence c'est une parole qui se prononce doux est l'écho dans le prononcé de l'être souvenu c'est une mémoire en mouvement trop forte chose me déchaîne trop forte dose me renvoie au silence oeuvrent les désirs me reprend me projette en ce silence entre les failles des murs phosphorescent au menu de l'nterdit SUEURS D'ENFANCE À même la vie PACTE IMPACT les petits esclaves que la cupidité soustraie Liée au blanc originel de leur enfance une absence hante l'histoire ne chôment pas cache ses échos sous la langue de leur âme perlent renouvelle la couleur du vivant des sueurs ses coulée de lumière sur leurs rêves déversées sur des montagnes de silences désenchantés projette sur le tableau ils rampent vers leur nuit l'image d'un chant immobile abandonnée à l'espoir d'un simple sourire au coeur de leur émoi CONSENTEMENT Ah ! la vie folle la folle vie CONTACT toujours transporte nos aujourd'hui Des poussées de violence dans les ailleurs contenues quand les ailleurs dans un tout petit rien primaire ne portent plus la vie s'épellent à son meilleur sur quelques lignes partagées enferme le trou éclatent sur les jours dans son égout retrouve la folle sans fracasser les fenêtres retrouve la vie la folle vie d'ailleurs l'ailleurs la vie follement consentie TRILOGIE SARCASTIQUE and a one and a three Vomir la vie Maniganceries and a two rêver l'amour en ce début autour des nuits de jeune nuit Ceci est un poème mort renverse les jours la poésie m'assaisonne de sa belle vie des alentours de mots enterré retire l'amour pour enjoliver la tristesse dans l'humour retire la vie des abandons des alentours la mort s'ennuie déploie ses ailes fluides Qu'il en soit ainsi salut bonjour sur mon âme insipide De l'amour Ne reste et gelée de la vie que mots d'amour se grise de l'humour rêvés de nuit se brise pour ma nuit toujours envient sur le rocher à mourir de rire la vie des morts des fuites que je salue oubliant de se payer dans l'aujourd'hui une cuite BLEU FRAIS ET FLUIDE L’éclat des feux des orages de la nuit sillonnent les jours rouges fait place au bleu frais fluide des recommencements toujours s'inspire au passé, s'amalgame au présent, délivre l'instant Ce vertige indomptable agrippé à l'écho des cendres, traverse le ciel endommagé se transmet fluide à travers les éclats de vide, le plein des sens, les sens abreuvés à la source des couleurs toujours fauves des mots transfigurés Le temps s'étire le temps chavire en ces jours nonchalants qu'un hiver attend PLONGÉE CHAUD ET COLLANT Insoutenable regard traversé par les jours Sous l'apparence cette emprise invisible des dehors desséchés que transporte la parole les heures lèchent en eaux vives les aisselles de l'ivresse d'une mémoire ruisselante de la chute lancent le jet des douches en plongée jusqu'à l'être réclamé en remous par la passion en silence des amours habitées en sourires transportés par le vent vers ce lointain regard recueilli © Éditions En Marge et Huguette Bertrand Dépôt légal / octobre 1999, 61 p. Bibliothèque nationale du Québec Bibliothèque nationale du Canada, ISBN 2-921818-16-7 - Tous droits réservés LES VISAGES DU TEMPS poésie de Huguette Bertrand Deuxième partie ONDES REBELLES Amis des ondes à l'ombre traverse le pays du coeur ORIFLAMMES l'échine redressée en ses douleurs Rouge feu flambeur que des rires de jour comme de nuit inondent l'appel du large espoir en secousses lance des oriflammes rythmées sur le coeur quand les doigts empoussiéré en rappel retenu dans l'égout tapochent un à genoux clavier sur un pou connecté gris aux ondes affranchies 24.06.99 et rebelles 16.06.99 LE DIT DE L'INÉDIT Tellement humide la vie tellement fluide DANS L'ONDULÉE DES ONDES la vie accrochée aux Fascinants les souvenirs espaces remplis de hauts et de bas de nos quotidiens d'éclats de rire de pleurs tellement quotidien de grincements de dents la vie de grincements de coeur parmi les miettes sur une balançoire de nos espoirs tantôt vers le haut sous-cutanés tantôt vers le bas espoirs toujours quand toujours la vie en émoi humides se laisse vivre sur les ondes à travers le fluide partagées d'un espace à même les jours ondulés quotidien le tien 17.07.99 le mien répété à tout jamais 06.07.99 PHÉNIX DENSE ET DANSE Amoureuse la mort se venge Devant le spontané du visage dans les cendres du le temps se fait danse désir autour des heures cendres cruelles guide nos pas denses cruels désirs et dansent les visages désirés soulèvent les autour du temps cendres se rapprochent soulèvent les ailes du hasard étonné l'oiseau debout désirs fulgurants issu des cendres par moment improvisent transcende l'amour et dirigent la mort au bec les regards retour aux cendres juxtaposés un cri d'oiseau 04.08.99 02.08.99 VIE SAGE DU TEMPS ESSENTIELLEMENT Quand les visages s'agrippent au temps À travers mots et le temps se crispe dires haletant les jours se me souffle des hiers rapprochent au bout d'un cri d'oiseau de l'essentiel m'accouche sur une surface bleu s'excitent libère quelques mots gris sans maudire le sud À la croisée des larmes quand le corps et des rires s'honore un visage éperdu d'une danse s'étonne sonore se moque du temps danse son nord il se repose 01.08.99 03.08.99 SOLO MÉNAGE D'AUTOMNE Solitaire Sortir l'âme de son présent la mémoire du la dégraisser au varsol coeur la passer au savon du pays des songes reprend son souffle la secouer violemment se réserve des de toute traces amoureuses rencontres la faire sécher sur les heures d'un mot à l'autre puis apprivoise les la voir disparaître continents dans une nuée sans broncher 07.08.99 06.08.99 DOUX EN NOUS REQUIEM POUR UNE DENT DE SAGESSE Songe d'août Ci-gît la dent apprivoisée ça coule de partout par un dentiste le sang les pleurs de l'avoir soulagée agonisent de quelques dollars sur la lèvre à faire dérailler les mots inférieure abandonnés à leur sort 14.08.99 14.08.99 ÉLÉMENTAL Vertement dressée JUMELAGE la table d'Émeraude invite l'eau Sur l'étendue captive le feu de nos différences le métal et le bois des pensées s'égrènent sous la lumière éperdues de lumière unique comme des enfants portée par le vent s'offrent la pluie d'une rive à l'autre en nos êtres démesurés 20.08.99 20.08.99 GOUTTE VAGUE Mortellement une goutte d'eau plonge LAPIS LAZULI DE LA PIE LA JOLIE dans la vague éternelle De ce tableau du mouvement l'abondance inonde la galerie s'enroule autour montre la détente des désirs quand la femme déborde d'elle caresse les pas on la préfère offerte sur les plages sur le mur des insolences amoureuses on la pense balayées par le on la trie propre temps on la tripote qu'un simple on la nomme souvenir chose sacrée vient éveiller on la projette en nos coeurs doux dans l'instant mâle délirants doux délires 26.08.99 retenus toujours en émoi 26.08.99 UN PEU DE NOUS un peu chaque jour l'âme BLEU TENDRESSE sous la pierre humide À travers les bruits du corps se déchaîne une berceuse accuse le fleuve s'enchaine au corps ses horizons étrange se parfume à l'eau vive tellement lointain de la tendresse glisse répand les frissons sur la rivière de ses ça berce bleu rêves ça frissonne en noir tellement tout ça se perçoit comme une présence proche parfumée à l'amour de la vie des pour l'illusion alentours la main sur le coeur toujours trop lourd devenu silence en silence verse l'amour 28.08.99 dans ce poème délivrée 27.08.99 LES PASSANTES Trois petites misères se L'INNOMMÉE promènent sur les toits gris Elle ne se nomme pas. Elle est tout simplement de passage dans de la ville un instant qui n'a pas de nom. Elle se prononce dans une parole s'arrêtent ça et là devenue insaisissable. Elle est insupportable devant tous les à l'orée des cerveaux qui font bombance. Elle se répète toujours dans le cheminées multiple en ses différences. Son frère se nomme silence, sa grignotent sur la soeur se nomme absence. Cependant, elle ne sait pas se taire. table Sans cesse se heurte à des coïncidences qui, de plus en plus, des invités creuse le vide devenu immense. Elle soulève des blancs, y quelques paroles appose une parole, et ne la reprend jamais. Elle révèle tous ses débiles secrets dans une seule parole répétée. Elle est captive dans sans formalité l'instant, existe pour la forme, bien évidemment ! Elle sécrète des progressent mots qui prennent sa forme, toujours puisés dans cet instant. vers des sentiments Elle ne sait faire autrement. Elle devient mirage dans l'imaginaire lointains de qui la voit. Par le regard, on croit parfois la reconnaître sans la entrevus connaître. Elle ne dit rien. Elle sait, sans savoir. par le bout de la lorgnette du coeur borgne 29.08.99 29.08.99 CHAUDEMENT L'ARGILE Au commencement était l'argile puis le centre à FISSURE rechercher minutie du geste Un ciel rouge orange feu regard posé sur le m'éclate en pleine figure mouvement court moment d'envol des formes vers le figé des gestes arrondies qu'arpente un chaud regard dans le feu erre circulaire sans fin À peine quelques traces sur la neige intouchable en ses imprimées dans l'âme bruits d'un bleu boréal insondable en ses moments inviolables nuits projetés dans la fissure impénétrable visage des mots à l'abri des extases tus dérive sur le bleu de la matière 16.09.99 matière fluide sans cesse renouvelée vibre s'infuse à même la terre partagée 15.09.99 CÉSURE Propulsé sur le fondant de l'horizon LA VIE À VIDE un mouvement interdit Un regard plonge dans les une fuite braises de l'âme un train d'enfer qu'enserre un doux roulent sur les parois d'un vide regard infini interrompu projettent sur d'autres regards par la violence des des moments doux flammes et chauds apaisées par le toujours éphémères lointain de la surface 17.09.99 chaude d'un ventre imaginé 17.09.99 BLEU DE PRÉSENCE Derrière le voile PARCOURS une présence s'immisce dans le feu des mots À l'horizon sous la peau un murmure sillonne les prés de la mémoire soulève s'apaise aux commissures des lèvres une tempête de qu'un souffle anime braises dans la fange des aurores toujours aperçue abreuvées dans un regard à la source de l'écume exilé sur la piste que les vagues transportent infini jusqu'à l'angle des corps de l'être inaltérables dévoré par les mots inaltérés toujours en marche déchirée dans le tracé fluide l'histoire se faufile de l'instant dans le blanc d'un prénom 17.09.99 absolu 24.09.99 © Éditions En Marge et Huguette Bertrand Dépôt légal / octobre 1999, 61 p. Bibliothèque nationale du Québec Bibliothèque nationale du Canada, ISBN 2-921818-16-7 - Tous droits réservés version html de ce recueil sur le site de la Bibliothèque nationale du Canada -1998 http://collection.nlc-bnc.ca/100/200/300/huguette_bertrand/visages/visage1.html Site personnel de l'auteure / The author's personal website : Espace poétique de Huguette Bertrand : http://www.espacepoetique.com Plan du site / Map site : http://www.espacepoetique.com/poete/map.html Courriel / Email : [email protected] *** End of the Project Gutenberg Etext of Les Visages du temps, poésie by Huguette Bertrand
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