Read in English Manifeste Fédéraliste Ouest-Africain Le constat Soixante ans après que la majeure partie des vingt-et-un Etats d’Afrique de l’Ouest inclus dans ce projet fédéral aient nominalement acquis leurs indépendances, on ne peut constater qu’un échec total sur les plans du développement économique et social et de la construction d'États stables, démocratiques, légitimes et souverains. Bons derniers de classement quand il s’agit des indicateurs de développement humain et de performance économique, le Bénin, le Burkina Faso, le Cameroun, la République Centrafricaine, la République du Congo, la Côte d’Ivoire, le Gabon, la Gambie, le Ghana, la Guinée, la Guinée-Bissau, la Guinée Equatoriale, le Libéria, le Mali, la Mauritanie, le Niger, le Nigeria, le Tchad, le Togo, le Sénégal et la Sierra Léone occupent le haut du classement en matière de corruption, de coups d’Etat, de conflits inter-communautaires, de fuite des capitaux et des cerveaux ou encore d’émigration suicidaire. Certains optimistes ont pu espérer que les taux de croissance économique soutenus des vingt dernières années allaient se matérialiser en une amélioration des conditions de vie et en une pacification des sociétés. Mais il n’en fut rien, partout la pauvreté domine, la puissance publique est quasi-inexistante, les sociétés sont fracturées et les tentations séparatistes grandissent crise politique après crise politique. Profitant de ce chaos généralisé, les puissances hégémoniques d’hier et d’aujourd’hui avancent leurs pions dans une Afrique Occidentale dont l’importance géostratégique attire toutes les convoitises. Et alors que l’on débat sur les opportunités et les dangers que présente la coopération avec telle ou telle puissance extérieure à la région, la grande absente de la conversation est pourtant la plus évidente: la coopération entre les États intérieurs à l’Afrique de l’Ouest. En effet, le sous-continent rassemble près d’un demi-milliard d’habitants qui malgré une diversité de langues, de religions et de passés coloniaux sont unis par une longue histoire d’échanges et de migrations au sein d’un espace géographique intégré d’un peu plus de neuf-million de kilomètres-carré et distinct de régions d’Afrique plus lointaines se trouvant au delà de déserts et de denses forêts équatoriales. S’il existe bien quelques organisations intergouvernementales telles que la CEDEAO, la CEMAC ou encore l’Union Africaine censées mettre en oeuvre l’intégration et la coopération entre les États, force est de constater que la réunion d’Etats eux-mêmes faibles dans des institutions supra-gouvernementales peu efficaces résulte en une addition à somme négative sur le plan des réalisations concrètes. En reconnaissant la faillite totale des gouvernements post-coloniaux à répondre aux attentes des populations et à mitiger leur nature d'aberrations historiques, face à la certitude qu’ils seront incapables de faire face au risque imminent d’implosion ethnique et sociale ou à la vassalisation sous la pression des grandes puissances et de la “communauté internationale”, et en réalisant l’inefficacité des instances de coopération régionale, je soumets par ce présent document un projet de Fédération Ouest-Africaine qui selon moi sera le mieux à-même de permettre aux quatre-cent-quarante-cinq-million d’Africains de l'Ouest de prendre le chemin du développement, de la souveraineté et de l’honneur retrouvé. La vision La fédération Ouest-Africaine en bleu et les pays ayant un plus important PIB nominal en 2020 en rouge La fédération Ouest-Africaine, pouvant être baptisée Fédération du Ghana en mémoire de l’illustre empire médiéval et en hommage au plus grand des panafricanistes Ouest-Africains Kwame Nkrumah, se veut être une revanche sur l’histoire. Il s’agit de laver l’affront de la conférence de Berlin qui en 1885 partagea le sous-continent entre les grandes puissances Européennes au mépris des peuples autochtones et de leurs histoires pluri-séculaires. Unis dans une fédération qui possèderait la troisième plus grande population au monde, la cinquième superficie et la dix-huitième économie en terme de PIB nominal pour l’année 2020, les peuples ouest-africains seront non seulement en capacité de faire face aux visées impérialistes des Etats-Unis d’Amérique, de la Russie, de l’Inde, de la Chine, de la France, du Royaume-Uni, de la Turquie, de l’Arabie-Saoudite ou encore du Brésil, ils seront représentés à la table des grands en tant que partenaires affranchis des tutelles et soucieux de la défense de leurs intérêts dans un ordre mondial multipolaire. A l’évocation de ce projet fédéral, certains pourront penser que l’union de pays n’ayant pas su permettre à leurs populations aux identités diverses de vivre en harmonie est une idée déraisonnable comme le prouve la faillite du supposé fédéralisme Nigérian, qui sur le papier est en fait cinquante-pour-cent de cette Fédération Ouest-Africaine en terme de population. Effectivement, si l’objectif était simplement d’additionner les vingt-et-un pays existants et de les doter d’un gouvernement théoriquement fédéral mais en pratique centralisateur et autoritaire dans la tradition post-coloniale, on ne ferait qu’additionitioner les problèmes sans finalement se donner sensiblement plus de moyens pour les résoudre. L’union des Etats d’Afrique de l’Ouest au sein d’un Etat fédéral devra naturellement s’accompagner d’une refonte totale des conceptions d’organisation du pouvoir qui ont dominé jusqu’ici. Le présidentialisme devra laisser place au parlementarisme, le centralisme aux autonomies locales étendues, et les frontières de la conférence de Berlin seront abolies pour réorganiser la fédération sur la base d’entités ethnolinguistiques cohérentes d’où pourront éclore des cultures civiques cohésives, inclusives et dynamiques répondant au besoin des peuples de reconnaissance de leur singularité identitaire. Avec un cadre institutionnel rénové, la fédération pourra tirer profit de la force du nombre et des économies d’échelle pour adresser les différents enjeux auxquels elle aura à faire face. Parmi les principaux défis seront la pacification du territoire et le maintien de l’ordre avec pour objectif à court terme de se passer d’assistance étrangère, le développement économique et social qui se voudra en adéquation avec l’impératif de sauvegarde environnementale, ou encore la réhabilitation et l’affirmation du patrimoine culturel et des identités Ouest-Africaines. La fédération pourra compter sur une population jeune et croissante qu’il lui faudra éduquer et offrir des perspectives professionnelles de qualité. Elle disposera de ressources naturelles nombreuses et variées dont elle devra faire une gestion responsable pour le bénéfice du plus grand nombre. Enfin, celle-ci puisera sa force spirituelle dans ses cultures millénaires la portant vers un futur mondialisé avec fierté et assurance. Fer de lance de l’Afrique Noire, elle viendra rediriger vers l’espace Atlantique une partie de l’innovation, du commerce, et de la production culturelle dans un équilibre mondial qui tend à pencher vers le Pacifique. Organisation politique En rupture avec les systèmes politiques post-coloniaux, le gouvernement fédéral sera organisé selon un modèle parlementaire, ses pouvoirs seront limités aux fonctions régaliennes d’intérêt commun à toutes les entités fédérées et à des projets d’infrastructure, d’industrie, de recherche ou de culture d’envergure fédérale définis dans un esprit de consensus. Le principe d’exclusivité administrative des entités fédérées restreindra la fonction publique fédérale aux organes décisionnaires centraux avec un soin particulier accordé à la représentation juste de chaque entité fédérée. Schéma politique Le pouvoir législatif sera partagé entre deux chambres parlementaires. La chambre basse rassemblera cinq-cent représentants dont le partage par entité fédérée se fera sur une base proportionnelle à la population. A ceux-ci s’ajouteront un représentant par entité fédérée afin de garantir que les entités à faible population aient une représentation adéquate. Les représentants de la chambre basse devront être élus au suffrage universel selon un mode de scrutin propre à chaque entité fédérée. La chambre haute comptera un représentant par entité fédérale, ses membres pourront être nommés par les gouvernements fédérés ou élus par tout ou partie de leurs citoyens. Le pouvoir exécutif sera détenu par le Gouvernement Fédéral et par le Président de la Fédération. Le Gouvernement fédéral dont le dirigeant sera nommé par le Président de la Fédération puis élu par la chambre basse aura pour charge de mettre en œuvre les politiques fédérales sous le contrôle de la même chambre basse du parlement. Le Président, au rôle fondamentalement honorifique, sera garant des institutions et sera élu par les membres de la chambre haute du parlement. Enfin, le pouvoir judiciaire sera entre les mains de la Cour Suprême Fédérale dont les membres seront nommés par le Président et confirmés par la chambre haute du parlement. Sièges à la chambre basse du parlement fédéral par entité fédérée L’appareil légal du pouvoir fédéral sera constitué de la Constitution Fédérale, des Règlements et Décisions Fédérales, des Lois de Finance Fédérales, des Directives Fédérales, des Ordonnances Exécutives Fédérales et des Arrêts de la Cour Suprême Fédérale. La Constitution Fédérale sera la loi fondamentale avec laquelle tout acte légal émanant du gouvernement fédéral et des entités fédérées devra être en accord, les révisions constitutionnelles devront être promulguées par les deux chambres du parlement et soumises à un droit de veto du Président de la Fédération. Les Règlements et Décisions Fédéraux seront des actes coercitifs devant être appliqués par toute entité fédérée, personne physique ou morale concernée, ceux-ci seront votés par les deux chambres du parlement. Il en est de même pour les Lois de Finance Fédérales qui définiront les budgets annuels de la fédération et les participations de chaque entité fédérée à celui-ci. Les Directives Fédérales, elles aussi votées par les deux chambres parlementaires fixeront des objectifs communs que les entités fédérées auront à atteindre par des moyens qu’elles pourront définir indépendamment. Les Ordonnances Exécutives Fédérales permettront aux organes exécutifs du Gouvernement Fédéral de prendre des décisions à effet coercitif dans un nombre de situations limité et sous contrôle des chambres parlementaires et de la Cour Suprême Fédérale. Enfin, la Cour Suprême fédérale aura le pouvoir d’invalider tout acte législatif, exécutif ou judiciaire pris à tout niveau de gouvernement au sein de la fédération et qui sera déclaré non-conforme à la constitution. Les domaines de compétence exclusive du gouvernement fédéral devront être limités aux fonctions régaliennes d’intérêt commun à toutes les entités fédérées, cela comprend la défense, la diplomatie, la monnaie, le commerce international et l’immigration. Pourront également être définies des politiques communes dans tous les autres domaines de la société. Afin d’éviter la concentration du pouvoir au niveau fédéral, le principe d’exclusivité administrative des entités fédérées limitera la fonction publique fédérale hors armées aux organes décisionnels centraux du Gouvernement Fédéral, ses membres auront alors le statut de fonctionnaires détachés de leurs entités fédérées respectives qui auront à charge de les rémunérer. Chaque entité fédérée devra dans les effectifs de personnel de chaque institution fédérale être représentée proportionnellement à son nombre de sièges à la chambre basse du parlement fédéral. Les politiques fédérales seront mises en oeuvre par les administrations fédérées et les manquements aux règles de droit fédérales seront réprimées par des pénalités financières uniquement. Langue ou ethnie principale par entité fédérée Afin d’assurer une juste représentation des principaux groupes ethniques d’Afrique de l’Ouest et d’abolir les divisions entre pays aux passés coloniaux Britannique, Français, Portuguais et Espagnol, les vingt-et-un pays inclus dans ce projet fédéral seront remplacés par soixante entités fédérées basées sur des critères ethno-linguistiques mais répondant également à un critère de viabilité économique: la présence sur le territoire d’au moins une agglomération urbaine de plus de cent-mille habitants. Les groupes ethniques aux langues et dialectes proches et/ou ayant appartenu aux mêmes Etats précoloniaux sont regroupés dans les mêmes entités fédérées dans le but d’éviter un morcellement extrême qui compliquerait le fonctionnement de la fédération. Le modèle présenté ci-dessus résulte en une population moyenne d’environ sept-virgule-cinq-million d’habitants par entité fédérée, pour une superficie moyenne de cent-cinquante-mille kilomètres-carré et un total de cinquante-trois communautés ethno-linguistiques principales. Cela donne un paysage géopolitique culturel intérieur comparable à celui de l’Europe Centrale mais à l’échelle d’une fédération grande comme les Etats-Unis d’Amérique qui eux mêmes comprennent cinquante États fédérés. Population par entité fédérée: Marron: >trente million Rouge: > quinze million Orange: > cinq million Jaune: < cinq million Informations démographiques supplémentaires Chaque entité fédérée se conçoit comme une nation quasi-indépendante, son système politique est choisi librement en dehors d’éléments obligatoires que sont une constitution établissant la séparation des pouvoirs exécutif, judiciaire et législatif et l’élection des membres d’au moins une chambre parlementaire au suffrage universel direct. Ces entités peuvent prendre les titres de République, de Royaume, d’Emirat, ou bien de formes d’Etat indigènes. Elles peuvent également adopter une ou plusieurs langues officielles, un drapeau et autres symboles officiels, un hymne et une devise et ont tout pouvoir de légiférer dans les domaines ne relevant pas de la compétence exclusive du gouvernement fédéral. Toute modification de frontières ou fusion ou séparation d’entités fédérées devra faire l’objet d’une Révision Constitutionnelle. Dans le but de modérer les conséquences d’une mobilité accrue entre les différentes régions de la fédération, chaque entité fédérée a la possibilité d’établir une citoyenneté locale réservant la participation au processus politique local ainsi qu’à certains emplois et fonctions régaliennes aux détenteurs de ladite citoyenneté. Cependant, et afin de ne pas causer de confusion et d’hostilité, les citoyennetés locales doivent-être automatiquement accordées à tout citoyen des vingt-et-un pays considérés dans le présent projet né sur le territoire de l’entité fédérée concernée avant la formation de la fédération de même qu’à ses descendants. Les entités fédérées peuvent également, et en suivant des règles communes, fermer temporairement tout ou partie de leurs frontières à la circulation de biens, de personnes et de capitaux. Considérations économiques Bien que le modèle d’organisation politique précédemment exposé puisse donner naissance à une grande diversité de trajectoires en matière de politiques sociales et économiques au niveau des entités fédérées, la marge de manœuvre du gouvernement fédéral est suffisamment étendue pour autoriser la mise en place de stratégies de développement communes. En effet, le but principal de ce projet fédéral est de démarrer le processus d’industrialisation de l’Afrique de l’Ouest, objectif qui, il me semble, déterminera la longévité de la fédération. C’est une tâche ardue qui attendra les hommes et les femmes aux commandes de cette potentielle superpuissance formée sur la base d’Etats qui aujourd’hui n’ont qu’à peine dépassé le stade d’économies de rentes dépendantes des secteurs de production primaires pour la plupart peu mécanisés et d’aides extérieures, où les pouvoirs publics sont en tous points défaillants en dépit de très nombreux atouts naturels et démographiques. Entités fédérées par groupe d’indicateur de développement humain. Estimation d’après les données des Nations Unies pour 2020 Rouge: faible Orange: moyen Vert: élevé L’urgence est de rompre avec les dogmes du Consensus de Washington qui depuis les années quatre-vingt du dernier siècle ont grandement réduit la capacité des pouvoirs publics à réaliser les investissements en infrastructures, services sociaux et industries stratégiques nécessaires à l’industrialisation du sous-continent. Confrontés à la réalité que les investissements privés dans ces domaines vitaux que les politiques néo-libérales promettaient ne se sont pas réalisés après plus de trente ans d’attente, c’est le retour d’un Etat interventionniste que le bon sens nous impose aujourd’hui. Néanmoins, en gardant conscience des faiblesses organisationnelles des secteurs publics Ouest-Africains, il serait mal avisé d’impliquer directement la puissance publique dans les processus de production par l’intermédiaire d’entreprises d’Etat. Une meilleure alternative serait, selon le modèle des organismes paraétatiques américains Fannie Mae et Freddie Mac, d’investir au niveau fédéral dans les créances que les banques domestiques détiennent vis-à-vis des entreprises locales afin d’augmenter la disponibilité de crédit auprès du secteur privé. Celui-ci pourrait ainsi disposer des financements nécessaires à l’acquisition d’équipements, de structures et d’actifs de propriété intellectuelle lui permettant d’augmenter sa productivité. Parallèlement l’Etat fédéral percevrait des intérêts lui offrant une source de revenus immédiats et prévisibles. Ce type d’investissement couplé à l’échelle démographique de la fédération et à un taux d’endettement mutualisé des Etats Ouest-Africains modéré de trente-deux-pour-cent du PIB en 2020 offre une capacité d’emprunt public en devise nationale accrue étant donné la faible probabilité que le coût de la dette souveraine ne dépasse ou même ne se rapproche des revenus générés par les créances achetées au système bancaire national. Il est même souhaitable que l’endettement public soit soutenu au point qu’un effet d’éviction se produise et dirige une part importante des capitaux disponibles à l’emprunt vers les prêts aux producteurs par l’intermédiaire de l’Etat et au détriment de prêts destinés à des investissements spéculatifs pouvant mettre en péril les cycles d’expansion économique. De plus, en cas de crise rendant de nombreux producteurs insolvables, il sera plus aisé pour l’Etat fédéral de surmonter les défauts de paiement sur les créances qu’il détient que cela ne le serait pour les établissements de crédit privés. Pour contrer les effets potentiellement inflationnistes d’une stratégie de croissance par l’endettement public et pour que la politique monétaire soit en phase avec la réalité économique, il est crucial que la banque centrale soit indépendante et adopte une politique de taux de change flottant. À ce sujet et dans l’hypothèse où la fédération serait baptisée Ghana, il n’y aurait pas de problème à conserver comme devise le Cedi Ghanéen qui en plus d’être actuellement la monnaie Ouest-Africaine ayant le taux de change le plus élevé face au Dollar Américain a la qualité de signifier caurie en langue Twi (aussi appelée Akan). Dans l’objectif de favoriser l’appréciation du cours de la monnaie par une balance commerciale neutre ou positive, il sera souhaitable que le gouvernement Fédéral établisse annuellement une valeur totale d’importations autorisées qui soit égale ou inférieure aux prévisions d’exportations pour l’année à venir. Le gouvernement fédéral pourra bénéficier d’un revenu optimal semblable à un droit de douane en vendant aux enchères des licences d’importation auprès d’importateurs agrémentés. Il faut bien préciser que le but recherché tient moins du protectionnisme que du soutien au taux de change et à l’opportunité de recettes fiscales. Par un processus similaire, des titres de séjour permanents pourront être vendus aux enchères dans les limites d’un quota défini par le pouvoir fédéral, puis distribués aux candidats à l’immigration par l’intermédiaire d’organismes autorisés. Aux trois sources de financement propre dont le gouvernement fédéral pourra disposer que sont l’investissement, la vente de licences d’importation et de titres de séjour permanents pourront s’ajouter des contributions des entités fédérées proportionnellement au produit intérieur brut de chacune d’entre elles, tandis que la redistribution fédérale devra se faire en fonction de leur population. Il est souhaitable que l’imposition de l’activité économique interne soit une prérogative exclusive des entités fédérées, cela incluant les ressources minières dont rien ne justifie un partage fédéral, pas plus qu’il ne serait raisonnable de partager la pluie et le soleil. Le but étant de mettre un terme aux rivalités inter-régionales suscitées par des tentations d’accaparement par les autorités centrales de rentes issues de ressources minières, phénomène qui je crois est responsable d’une grande partie de l’instabilité et de la mal gouvernance qui caractérise l’Afrique Occidentale contemporaine. Pour plus de transparence et pour une redistribution optimale, il sera préférable que les revenus propres du gouvernement fédéral soient versés directement aux résidents de la Fédération. Les avantages d’une redistribution directe sont multiples. Dans un premier temps, cela permet que chacun ait une idée claire de la valeur des recettes publiques. Ensuite, il s’agit d’une méthode efficace pour diminuer les inégalités économiques interpersonnelles et interrégionales. La sécurité financière permettra à d’augmenter le pouvoir d’achat des ménages et favorisera la croissance d’un marché de consommation intérieur en mesure d’absorber des produits et services à plus forte valeur ajoutée. Ce revenu universel et inconditionnel donnera à la population active la possibilité de se retirer du marché de l’emploi pour se former et entreprendre avec une pénalité financière réduite. Enfin, ce dispositif offrira aux entités fédérées une base de contribuables aux revenus connus et faciles à imposer. Objectif de revenus et dépenses primaires du gouvernement fédéral Parmi les termes pouvant qualifier la stratégie économique ici exposée, on peut citer le capitalisme d’Etat, matérialisé par des investissements massifs par la puissance publique dans les crédits accordés aux entreprises. Ce capitalisme d’Etat caractérisé par un recours décomplexé à l’endettement en vue de mobiliser les capitaux disponibles pour la production et au détriment de la spéculation se veut productiviste et vise à prévenir les dérives du capitalisme financier. Malgré cela, on peut dans une large mesure parler de libéralisme économique avec un État supportant le développement du secteur privé par des financements indirects et en obtenant de celui-ci des intérêts plutôt que des impôts. De plus, l’existence d’un revenu de base universel donnera aux ménages la capacité d’accéder à des services de santé et d’éducation fournis par des acteurs privés à but lucratif ou non, cela réduisant le contrôle direct du secteur public aux fonctions régaliennes primaires et à quelques secteurs stratégiques boudés par les investisseurs privés. Cependant, le contrôle du commerce extérieur peut s’apparenter à du mercantilisme même si le but visé n’est pas de protéger artificiellement les producteurs locaux mais de soutenir le cours de la monnaie nationale et d’obtenir des recettes fiscales directes par la vente de licences d’importations. Une monnaie forte permettra des gains de pouvoir d’achat et de compétitivité réels à la différence d’une politique de dévaluation dont les bénéfices ne sont qu’éphémères et à long terme illusoires. Enfin, le souci de redistribuer équitablement les revenus et d’apporter une sécurité financière accrue aux individus entre dans le champ de la social-démocratie, une social-démocratie répondant non seulement à des impératifs humanistes mais aussi pensée pour favoriser l’entreprenariat et les gains de compétitivité qui en découlent. Il serait impossible de nommer un exemple historique ou actuel duquel cette stratégie serait inspirée. Néanmoins, l’endettement et l’interventionnisme élevés de l’autorité étatique dans l’allocation des capitaux se rapproche et vise à répliquer le succès de la Chine en termes de croissance économique et d’industrialisation. Mais en contradiction radicale avec le système Chinois, le soutien et la quasi-exclusivité donnés au secteur privé dans la propriété des moyens de production, de même que la recherche de compétitivité fiscale ont pour objectif d’offrir un environnement d’affaires similaire aux pays occupant actuellement les premières places du classement de la liberté économique à savoir Hong-Kong, Singapour, la Nouvelle-Zélande et la Suisse, bien que les restrictions à l’importation nous renvoient à l’Europe et aux Etats-Unis de la révolution industrielle. La politique de monnaie forte quant-à-elle vise à suivre une trajectoire de développement similaire à l’Allemagne, à l’Autriche et à la Suisse de la seconde moitié du vingtième siècle, pour à terme atteindre et dépasser leur niveau d’excellence industrielle. l’instauration d’un revenu de base universel vient dépasser les social-démocraties scandinaves et a pour objectif d’égaler voire surpasser leur modèle de société harmonieuse, efficace, innovante et aux standards éthiques élevés. Ce soutien au pouvoir d’achat permettra de réaliser plus rapidement la transition vers une économie mécanisée reposant sur la consommation et les secteurs à forte valeur ajoutée en limitant les difficultés sociales liées à la raréfaction des emplois faiblement qualifiés notamment dans les secteurs agricole et manufacturier. Enfin, en s’ouvrant à l’immigration en échange d’un droit de résidence financièrement élevé, il sera possible de recruter des talents étrangers en filtrant les candidats apportant des compétences techniques et des capacités entrepreneuriales au soutien du développement économique dans des proportions similaires au Canada et à l’Australie. En prenant les meilleurs éléments de ces modèles économiques au succès démontré, il ne faudra à la Fédération d’Afrique de l’Ouest que quelques décennies pour combler son retard et s’imposer en moteur de la croissance mondiale. Considérations culturelles Proposition de drapeau national: le jaune symbolise le soleil du nord, le vert les forêts du sud, le bleu l’océan et les diasporas, les vingt-et-unes petites étoiles les vingts-et-un anciens pays et la grande étoile l’unification fédérale. Je propose de remplacer le traditionnel rouge sang panafricaniste pour un bleu évoquant espoir et ouverture aux diasporas transatlantiques. Au moins aussi importantes que les réforme institutionnelles et économiques, des réformes culturelles visant à restaurer la fierté nationale dans un esprit d’inclusion et de partage viendront mettre un terme à plus d’un siècle d’adoption forcée ou volontaire mais aveugle de paradigmes exogènes ayant profondément désorienté l’âme des sociétés Ouest-Africaines. Au premier rang des impératifs de renaissance civilisationnelle se trouve la réhabilitation des langues nationales. Il n’y a qu’en Afrique et particulièrement dans sa partie occidentale que les langues que parlent la majorité des habitants ne sont pas celles de l’administration, de l’éducation, des médias et de la vie économique formelle. Cet état de fait est un grave déni de démocratie favorisant la confiscation des pouvoirs par une élite culturellement extravertie tenant les masses à distance de la vie civique par la barrière linguistique. L’hégémonie des langues étrangères est aussi un important obstacle dans le domaine éducatif compliquant l’acquisition des savoirs fondamentaux et causant l’échec scolaire de masse, facteur primaire de stagnation technologique, à son tour responsable d’une atrophie économique source de pléthore de dysfonctionnements sociaux et civiques. S’il était compréhensible que lors des indépendances, le nombre élevé de langues et dialectes sans littérature écrite et au nombre de locuteurs faible ait rendu l’adoption de langues nationales peu pertinent dans un contexte technologique ne permettant pas la traduction en masse d’ouvrages et de documents, en ce début de vingt-et-unième siècle, la cinquantaine de langues nationales parlées par plus de quatre-vingt-pour-cent du demi-milliard d’habitants du sous-continent Ouest-Africain est le vecteur de communication le plus naturel au quotidien de millions de personnes dépositaires d’un patrimoine culturel millénaire et précieux se trouvant aujourd’hui menacé par le simple fait de préjugés infondés. Car il faut bien s’avouer que les langues étrangères n’ont apporté ni le sentiment d’unité nationale, ni le développement technologique et économique, ni l’ouverture internationale positive supposés justifier leur maintien à leur position hégémonique. Exemple de texte en Nsibidi moderne Si l’islandais parlé par trois-cent-soixante-mille Islandais permet à l’Islande d’obtenir un PIB par habitant cent-sept fois plus important que celui du Niger et si l’hébreux, langue morte puis ressuscitée de neuf-million d'Israéliens permet à ceux-ci d’avoir une espérance de vie de trente ans supérieure à celle des habitants la République Centrafricaine, il n’y a aucune langue en Afrique de l’Ouest qui soit dans l’incapacité d’être véhicule de modernisation. Ceux qui prétendront que les la plupart des langues Ouest-Africaines sont illisibles car tonales devront être informés que le Mandarin que l’on dit langue du futur est lui aussi tonal et que le système idéographique ancestral Nsibidi des nations Ejagham, Efik et Igbo a été modernisé et simplifié sur un système au moins aussi efficace que l’écriture Chinoise pour les langues à tons. Il faudra donc graduellement mais sûrement avec l’appui d’organismes publics de régulation linguistique au sein de chaque entité fédérée, remplacer les langues étrangères dans leurs fonctions actuelles par des langues nationales dans le respect des minorités linguistiques sur les modèles Indien, Suisse ou encore Canadien. Les toponymes en langues étrangères seront remplacés par des toponymes en langues locales, la fédération n'intégrera ni la Francophonie, ni le Commonwealth, ni la Communauté des Pays de Langue Portugaise car elle ne sera ni francophone, ni anglophone, ni lusophone. Enfin, les médias audiovisuels dépendant de gouvernements étrangers seront bannis des grands canaux de diffusion. Il faut bien comprendre qu’il ne s’agit pas d’une démarche de repli identitaire mais de bon sens et de protectionnisme culturel similaire à ce que toutes les nations du monde dotées d’un sens minimal d’orgueil national appliquent sans se poser de question, à commencer par la France qui entend voir la démographie Africaine porter sa langue au troisième rang des plus parlées au monde au cours de ce siècle. Ne lui faisons pas cette faveur. D’autant plus qu’il y a en Afrique de l’Ouest une langue, le Haoussa, qui avec plus de cent-million de locuteurs natifs et secondaires répartis sur un vaste espace au centre-nord du territoire est plus utilisée que le Français au sein de la future fédération et le talonne au onzième rang mondial. Enseigné dès l’enseignement primaire aux côtés des langues locales ainsi que dans la fonction publique fédérale en vue de remplacer l’anglais et le français, il pourra apporter de l’unité dans un paysage de multilinguisme extrême sans recours à une langue étrangère. Autre candidat, le Yoruba, langue principale de la mégalopole de Lagos (Eko) parlé par près de cinquante-million de personnes et, selon de multiples sources, langue africaine la plus parlée hors d’Afrique pourrait remplir le rôle précédemment suggéré pour le Haoussa. Quant aux langues étrangères, il est important qu’elles soient enseignées au niveau secondaire en tant que matières obligatoires ou options facultatives pour répondre aux exigences de communication internationale des futurs travailleurs qualifiés. Exemple de standard fédéral d’organisation du temps scolaire Accompagnant la révolution linguistique, un effort de réhabilitation et de valorisation des patrimoines culturels matériels et immatériels autochtones devra être mis en œuvre tant dans la célébration et le partage des différences que dans la mise en exergue des nombreux traits communs aux cultures ancestrales d’Afrique Occidentale, notamment ceux liés au rapport à l’environnement naturel. A cette fin, une entité fédérée différente sera mise à l’honneur chaque année par le pouvoir fédéral, sa culture sera promue lors d’évènements sur tout le territoire de la fédération. Dans le même temps, une campagne de rapatriement des antiquités subtilisées durant les occupations française, britannique, portugaise et espagnole sera entreprise une fois que les capacités de sécurisation et de conservation de ces biens historiques seront suffisantes. En parallèle, les symboles coloniaux seront détruits, les icônes Africaines de la collaboration coloniale et postcoloniale seront déchues de leur place dans le récit national et reléguées à l”infamie, la mémoire des résistants à l’invasion et à l’occupation sera honorée avec vigueur et les apologies du colonialisme seront pénalisées. La politique culturelle n’aura pas pour seul but de doper l’orgueil national, elle montrera un chemin pour le reste de l’Afrique Noire ainsi que ses diasporas. Enfin, c’est avec fierté et confiance que la fédération Ouest-Africaine partira à l’assaut de la mondialisation avec en lieu et place d’armes, un héritage culturel singulier et trop longtemps sous-estimé. Mot Final Les cinquante plus grandes aires urbaines et la distance entre les deux plus éloignées. Distance similaire à celle séparant Seattle et Miami aux Etats-Unis, mais supérieure de près de mille kilomètres à la distance séparant Lisbonne d’Helsinki dans l’Union Européenne, Porto Alegre de Manaus au Brésil, Perth de Brisbane en Australie ou encore Urumqi de Hong-Kong en Chine Certains pourront voir en ce projet une étape intermédiaire en vue d’une complète unification du continent Africain. Je le conçois à titre personnel comme une fin en soi et encourage la formation de fédérations similaires dans les autres parties du continent. Car il faut prendre conscience de l’immensité territoriale de l’Afrique, de la diversité de ses peuples et de la nécessité que les populations soient relativement proches tant géographiquement qu’émotionnellement des centres de pouvoir. Par sa superficie, sa population, ses richesses naturelles et culturelles, et sa position à la croisée des mondes Subsaharien, Atlantique et Moyen-Oriental la fédération d’Afrique de l’Ouest, ou plutôt la Fédération du Ghana aura tous les atouts pour trouver rapidement sa place parmi les acteurs majeurs du monde à venir et de l’histoire qu’il reste à écrire, à condition que ceux qui en auront les clés saisissent les opportunités à leur portée.