Bitcoin et les cryptomonnaies Une é valuation approfondie à la lumière du droit islamique Huzayfah Mangera et approuvé par Mufti Abdur - Rahman Mangera Mufti Zubair Patel Centre de Fatwas Institut Whitethread 18 novembre 2025 TRADU IT EN FRANCAIS PAR DAR AL BITCOIN 1 TRADU IT EN FRANCAIS P AR DAR AL BITCOIN À propos de cette traduction Ce document est la traduction en fran çais d’une étude approfondie de Bitcoin à la lumière du droit islamique ( fiqh Ḥ anafī ) pour déterminer s’il peut être considéré comme richesse ( māl ) et s’il est permis par la Sharī ʿ ah. Il conclut que Bitcoin remplit les crit è res essentiels : • il est reconnu et valoris é par les gens ( tamawwul ) , • il peut ê tre stock é et utilis é (iddikhār) • il n ’ est pas intrins è quement interdit (taqawwum) Ainsi, Bitcoin est permis par d é faut, et les objections courantes li é es à son intangibilit é , s on prétendu manque de valeur intrinsèque , sa volatilit é , l ’ absence de soutien é tatique ou l ’ origine inconnue de son inventeur sont anal ys é s et l ’ auteur conclu qu ’ il s n ’ affectent pas son statut l é gal. Cette analyse s’étend également aux autres cryptomonnaies ( altcoins ) , mais la prudence est nécessaire : l es autres cryptomonnaies diffèrent considérablement par leur structure, leur objectif et leur légitimité, remettant en question leur conformité à la Sharī ʿ ah Ce document constitue une évaluation légale et éthique, non un conseil d’investissement, et toute interaction avec ces actifs doit se faire avec diligence et conscience des risques. Cette traduction vise à rendre ces idées accessibles au public francophone , qu’il soit musulman ou non , et intéressé par Bitcoin et l ’ éthique isl am ique La version originale est disponible à cette adresse en deux langues : • Anglais : https://www.whitethread.org/bitcoin - and - cryptocurrencies/ Cette traduction a été réalisée par Dar Al Bitcoin À propos de Dar Al Bitcoin Dar Al Bitcoin est une plateforme consacrée à l’éducation et à la promotion de Bitcoin selon les principes de l’islam. Elle propose ressources, formations et analyses pour aider à comprendre et adopter Bitcoin dans une démarche éthique, durable et cohérente On parle aussi de hijra financière : choix volontaire de s’éloigner progressivement du système financier basé sur le riba (intérêt, dette, création monétaire ex nihilo) pour adopter des pratiques économiques conformes à l’islam. 2 TRADU IT EN FRANCAIS P AR DAR AL BITCOIN Pour en savoir plus et nous suivre : • Twitter / X : https://twitter.com/ Amgad_Khafagy • Instagram : https://instagram.com/Dar.Al.Bitcoin • Telegram : https://t.me/daralbitcoin • YouTube : https://www.youtube.com/@DarAlBitcoin 3 TRADU IT EN FRANCAIS P AR DAR AL BITCOIN Bitcoin et les cryptomonnaies Une évaluation approfondie à la lumière du droit islamique Introduction ................................ ................................ ................................ .............................. 4 I. Bitcoin est - il licite ? ................................ ................................ ................................ ............... 5 i) Définir la Richesse ( Māl ) et la Valeur ( Taqawwum ) ................................ ............................... 5 ii) Bitcoin peut - il être considéré comme Richesse ( māl ) selon la Sharī ʿ ah ? .............................. 6 II. Comment les Cryptomonnaies doivent - elles être classées en droit Islamique (Sharī ʿ ah) ? 8 i) Les catégories de Richesse ( Māl ) en Sharī ʿ ah ................................ ................................ ....... 8 ii) Le concept de Fulūs et d’ I ṣṭ ilā ḥ ................................ ................................ ........................... 9 iii) Les étapes de la monétisation ................................ ................................ ............................ 9 iv) Le statut de Bitcoin comme monnaie ................................ ................................ ................ 10 III. Répondre aux Objections Courantes concernant Bitcoin en Sharī ʿ ah ............................... 11 i) Bitcoin est immatériel ................................ ................................ ................................ ......... 11 ii) Bitcoin n’a pas de valeur intrinsèque ................................ ................................ ................. 11 iii) Bitcoin n’est pas émis ou soutenu par un gouvernement ................................ .................. 14 iv) Bitcoin contient du gharar (incertitude) ................................ ................................ ............. 15 v) Bitcoin facilite des activités illégales ................................ ................................ .................. 17 vi) L’origine inconnue de Bitcoin ................................ ................................ ........................... 17 IV. Qu’en est - il des autres cryptomonnaies ? ................................ ................................ .......... 20 i) Quel rôle remplissent les cryptomonnaies ? ................................ ................................ ........ 20 ii) Les altcoins et leurs défis ................................ ................................ ................................ ... 21 iii) Manipulation de marché et fraude ................................ ................................ ................... 21 iv) La spéculation et ses risques ................................ ................................ ............................. 22 v) Stablecoins ................................ ................................ ................................ ........................ 23 vi) Une approche prudente ................................ ................................ ................................ .... 23 Conclusion ................................ ................................ ................................ ............................... 24 Appendix 1 : Qu’est - ce que les cryptomonnaies ? ................................ ................................ ... 25 Appendix 2 : Comprendre le système financier que Bitcoin cherche à remplacer ................... 31 Références ................................ ................................ ................................ ................................ 38 4 TRADU IT EN FRANCAIS P AR DAR AL BITCOIN Introduction Depuis sa création en 2008, Bitcoin est passé d’une expérience numérique obscure à un actif reconnu mondialement, facilitant quotidiennement des transactions de plusieurs milliards de dollars. À côté de Bitcoin, des milliers d’autres cryptomonnaies ont éme rgé, chacune avec des niveaux d’adoption et de légitimité variables. Leur ascension rapide a déclenché des débats intenses : certains y voient les fondations d’une nouvelle ère financière, tandis que d’autres les considèrent comme de simples bulles spécula tives ou des instruments d’instabilité financière. Les musulmans, comme une grande partie du public, ont généralement abordé les cryptomonnaies avec prudence. Beaucoup de savants ont hésité à émettre des verdicts, invoquant souvent l’incertitude concernant leur nature et leur fonction. Lorsque des objectio ns ont été formulées, elles se sont principalement concentrées sur la substance de Bitcoin, sa classification en droit islamique, ou son potentiel d’usage illicite. Cependant, ces discussions reposent fréquemment sur des hypothèses plutôt que sur une analy se juridique fondée sur des principes. Ce document propose une évaluation islamique structurée de la licéité de Bitcoin. Il commence par présenter les critères fondamentaux de la richesse ( māl ), tels qu’établis par les juristes ḥ anafites. Ces principes sont ensuite appliqués à Bitcoin afin d’évaluer s’il répond aux conditions requises pour être reconnu comme une forme de richesse en droit islamique. La discussion examine également sa classification — s’agit - il d’une monnaie ( thaman ) ou d’un actif ( ʿ ar ḍ ) ? Enfin, les objections courantes concernant la permissibilité de Bitcoin sont traitées, notamment celles liées à son intangibilité, sa volatilité et son potentiel d’utilisation abusive. Deux annexes figurent à la fin : l’une explique le fonctionnement d e Bitcoin, l’autre donne un aperçu du système financier moderne qu’il remet en question. Toute erreur dans ce travail est la mienne, et toute vérité qu'il contient vient d’Allah, le Très - Haut. Qu’Il nous accorde clarté et compréhension face aux questions nouvelles, et qu’Il nous guide vers ce qui est le plus bénéfique. Huzayfah Mangera 21/05/2025 (Dernière mise à jour) Approuvé par : Mufti Abdur - Rahman Mangera Mufti Zubair Patel 5 TRADU IT EN FRANCAIS P AR DAR AL BITCOIN I. Bitcoin est - il l icite ? Pour évaluer la licéité de Bitcoin, il est nécessaire d’établir les principes du droit islamique qui déterminent si un actif est valide et licite. Les juristes classiques ont formulé des définitions complètes de la richesse ( māl ) et de la valeur ( taqawwum ), qui servent de base pour analyser des actifs nouveaux ou non conventionnels. i) Définir l a Richesse ( Māl ) et la Valeur ( Taqawwum ) Les juristes décrivent l a richesse comme quelque chose reconnu par la société, licite d’usage et pouvant être stocké. Dans Al - Ba ḥ r al - Rā’iq , Ibn Nujaym (m. 970) cite Al - Kashf al - Kabīr [1] : وَ فِي ِ ِ الْكَشْف ِ ِ الْكَبِير ِ الْمَال مَا ِ يَمِ يل ِ ِ إلَيْه ِ الطَّبْع ِ وَ يمْ كِن ِ ادِخَاره ِ ِ لِوَ قْت ِ ِ الْحَاجَة ِ وَ الْمَالِيَّة إنَّمَا ِ َ ثَبَت ِ ِ بِتَمَوُّ ل ِ ِ النَّاس ِ كَافَّة ِ ْ أَو ِ ِ بِتَقَوُّ م ِ ِ الْبَعْض « La richesse est ce vers quoi la nature humaine tend et qui peut être stocké pour les moments de besoin. Son statut de richesse est établi par la reconnaissance de l’ensemble ou d’une partie des gens ( tamawwul al - nās kāffatan aw ba ʿ ḍ uhum ). » ( Al - Ba ḥ r al - Rā’iq , 5:277) Ibn ʿ Ā bid ī n (m. 1252), dans Radd al - Mu ḥ tār , développe cette compréhension : ِ َ الْمرَ اد ِبِالْمَال ِ ِمَا ِيَمِ يل ِإلَيْه ِ ِالطَّبْع ِوَ يمْ كِن ِادِخَاره ِلِوَ قْت ِ ِالْحَاجَةِ، ِوَ الْمَالِيَّة ِتَثْبت ِبِت ِ ِكَافَّة ِأَو ْ ِبَعْضِ هِمْ، ِ مَوُّ ل ِ ِالنَّاس ِ َ لِ ِكَح لِ َ ِيَكون ِمَا ِ ٍ لَ َ ِتَمَوُّ ل ِ وَ التَّقَوُّ م ِيَثْبت ِبِهَا ِوَ بِإِبَاحَة ِ ِا لِِ نْتِفَاع ِ ِبِه ِ ِشَرْ عا؛ ِفَمَا ِيبَاح ِب ِ ِ َ لَ ِ بَّة ِ ِحِ نْطَة ٍ ِوَ مَا ِيتَمَوَّ ل ِب ِ َّ لِ َ ِيَكون ِمتَقَوِما ِكَالْخَمْ رِ ، ِوَ إِذَا ِعدِم َ ِا لْْ َمْ رَ ان ِ ِلَم ْ ِيَثْبت ْ ِوَ احِ د ٌ ِمِ نْهمَا ِكَالد ِ ٍ إبَاحَة ِ ِانْتِفَاع ِ ِ ِ م ِ ِبَحْ ر ٌ ِملَخَّصا ِعَن ْ ِالْكَشْف ِ ِ الْكَبِير « La richesse (māl) est ce vers quoi les gens tend ent naturellement et qui peut être stocké pour les moments de besoin. Son statut de richesse est établi soit par une reconnaissance universelle, soit par une reconnaissance partielle ( tamawwul al - nās kāffatan aw ba ʿ ḍ uhum ). La valeur ( taqawwum ) est établie par cela ainsi que par la permissibilité d’en tirer profit selon la Sharī ʿ ah. Ce qui est permis d ’ usage mais non consid é r é comme richesse par les gens – comme un seul grain de bl é – n ’ est pas class é comme māl . Et ce qui est consid é r é comme richesse mais dont l ’ usage est interdit – comme le vin – n ’ a pas de taqawwum ... » ( Radd al - Mu ḥ tār , 4:501) 6 TRADU IT EN FRANCAIS P AR DAR AL BITCOIN La Majallah reprend ces critères dans son article 126 : مجلة الْحكام العدلية ) ص : 31 ) ( ِ الْمَادَّة 126 ) ( ِ الْمَال ِ َ هو مَا ِ يَمِ يل ِ ِ إلَيْه ِ طَبْع ِ ِ ا لْْ ِ نْسَان ِ وَ يمْ كِن ِ ادِخَاره إلَى ِ ِ وَ قْت ِ ِ الْحَاجَة ِ لِ مَنْقو ِ َ كَان ِ ْ أَو ِ َ غَيْر ِ ٍ مَنْقول ( « La richesse est ce vers quoi l’être humain tend et qu’il peut stocker pour un moment de besoin, qu’il s’agisse d’un bien mobilier ou immobilier. » ( Majallat al - A ḥ kām al - ʿ Adliyyah , 31) Conditions pour qu’un bien soit considéré comme richesse (māl) À partir de ces textes, trois conditions principales émergent pour qualifier un e richess e légitime en islam : 1. Capacité d’être stocké ( iddikhār ) Le bien doit pouvoir être conservé pour un usage futur, ce qui reflète son utilité et sa valeur potentielle. - Ainsi, les pensées ou émotions ne peuvent être classées comme richesse. - Les juristes notent que les services et les usufruits ( manāfi ʿ ) ne sont pas consid é r é s comme richesse pour cette raison. 2. Valeur reconnue / objet de désir ( tamawwul ) Le bien doit être quelque chose que les gens valorisent ou désirent, soit de manière universelle, soit au sein d’un groupe social reconnu. 3. Licéité d’usage ( taqawwum ) Le bien ne doit pas être intrinsèquement prohibé par la Sharī ʿ ah. Par exemple : le vin a de la valeur dans certaines sociétés, mais son usage est interdit, donc il n’est pas considéré comme richesse dotée de taqawwum Ces critères sont à la fois principiels et flexibles , permettant d’inclure des actifs conventionnels ou non conventionnels, tant qu’ils répondent à ces définitions. i i) Bitcoin peut - il être considéré comme R ichesse ( māl ) selon la Sharī ʿ ah ? En appliquant ces principes à Bitcoin, plusieurs observations s’imposent : 7 TRADU IT EN FRANCAIS P AR DAR AL BITCOIN 1 . Capacité d’être stocké ( iddikhār ) Bitcoin existe numériquement et peut être sécurisé dans des portefeuilles digitaux. Il peut être conservé puis utilisé ultérieurement pour des paiements ou comme investissement. Cela répond clairement à la condition d’iddikhār. 2 . Reconnaissance sociale ( tamawwul ) Bitcoin est mondialement reconnu comme réserve de valeur et moyen d’échange, avec une adoption croissante dans divers secteurs et marchés financiers. Même si cette reconnaissance n’est pas universelle, elle est suffisamment large pour satisfaire la condition de tamawwul Les textes précités mentionnent explicitement que la reconnaissance partielle est suffisante. 3. Licéité d’usage ( taqawwum ) Bitcoin ne comporte pas intrinsèquement de riba ( intérêts ) , de maysir ( hasard) ou d’éléments interdits. Comme pour les monnaies fiat ou autres actifs, sa licéité dépend de son usage , non de sa nature. Conclusion intermédiaire Ces points démontrent collectivement que Bitcoin satisfait les définitions shar ʿ ī de la richesse ( m ā l ) et de la valeur ( taqawwum ), ce qui fonde sa l é gitimit é en tant qu ’ actif selon la loi islamique. Les objections comme son intangibilité ou s a supposé manque de valeur intrinsèque seront abordées dans les sections suivantes. 8 TRADU IT EN FRANCAIS P AR DAR AL BITCOIN II. Comment les Cryptomonnaies d oivent - elles être c lassées en d roit Islamique (Sharī ʿ ah) ? Après avoir établi que Bitcoin remplit les critères de la richesse (māl) en Sharī ʿ ah, la question suivante concerne sa catégorisation Bitcoin est - il une monnaie (thaman) ou simplement un actif ( ʿ ar ḍ ) ? Pour répondre, il faut examiner les types de richesses en Sharī ʿ ah, les caract é ristiques du thaman, puis d é terminer si Bitcoin r é pond à ces crit è res. i) Les catégories de Richesse ( Māl ) en Sharī ʿ ah La Sharī ʿ ah divise la richesse en trois cat é gories principales. Ḥ a ṣ kafī (m. 1088) écrit : « La richesse est de trois types : (1) le premier est considéré comme monnaie ( thaman ) en toutes circonstances. Cela s’applique à l’or et l’argent — que la lettre bā’ soit utilisée ou non [ 2 ] , et qu’ils soient échangés avec leur propre genre ou non. (2) Le deuxième est toujours considéré comme un actif ( ʿ ar ḍ ), comme les vêtements ou les animaux. (3) Le troisième est [une catégorie hybride] : monnaie sous un aspect et actif sous un autre, comme les biens fongibles ( mithliyyāt ). S’ils sont introduits avec la préposition bā’ , ils sont traités comme monnaie ; sinon, comme actifs. Quant aux fulūs (pièces en métal ), lorsqu’elles sont largement utilisées, elles sont considérées comme monnaie, et lorsqu’elles ne le sont pas, elles sont traitées comme marchandises. » ( Al - Durr al - Mukhtār , 448) Historiquement, l'or et l'argent servaient de monnaies naturelles. Les vêtements, le bétail et les marchandises constituaient des ʿ urū ḍ (actifs). La troisième catégorie fait référence aux biens qui peuvent fonctionner comme monnaie ou comme actif , selon le contexte — notamment les biens fongibles comme la farine ou le sucre, interchangeables par nature, ce qui est une caractéristique du thaman 9 TRADU IT EN FRANCAIS P AR DAR AL BITCOIN Les fulūs (pièces en métal commun) entrent également dans cette catégorie : ils peuvent devenir monnaie si la société les adopte collectivement ( i ṣṭ ilā ḥ ). Une fois ce statut accordé, ils sont considérés comme fongibles. i i) Le c oncept de Fulūs et d’ I ṣṭ ilā ḥ Les pièces appelées fulūs n’avaient pas de valeur intrinsèque mais fonctionnaient comme monnaie grâce au consensus social . Leur statut n’était ni naturel ni permanent. Comme l’explique l’auteur d’ Al - Ikhtiyār : وَ أَمَّا ِ الْفلوس ف َ لِِ َنَّهَا إِذَا ِ ِ رَ اجَت ِ ْ الْتَحَقَت ِ ِ بِا لْْ َثْمَان « Quant aux fulūs , lorsqu’elles circulent ( rājat ), elles acquièrent le statut de monnaie ( athmān ). » ( Al - Ikhtiyār li - Ta ʿ l ī l al - Mukht ā r , 3:14) Ceci montre que leur fonction dépend entièrement de l’usage social. Al - Ba ḥ r al - Rā’iq ajoute : ِ قَوْ له ) ِ َ لِ َ و ِ يَتَعَيَّن ِ ِ بِالتَّعْيِين لِكَوْ نِهَا أَثْمَانا ( يَعْنِي مَا ِ ْ دَامَت تَروج؛ لِْ َنَّهَا ِ ِ لََ ح ِ بِا لِِ صْط ِ ْ صَارَ ت أَثْمَانا فَمَا ِ َ دَام ِ َ ذَلِك ِ لََ ح ِ ا لِِ صْط مَوْ جودا ِ َ لِ ِ تَبْطل ِ الثَّمَنِيَّة ِ ِ لِقِيَام ِ الْمقْتَضَى « Elles (les fulūs ) ne deviennent pas des actifs désignés tant qu’elles sont en circulation, car leur statut monétaire provient d’ i ṣṭ ilā ḥ . Tant que ce consensus existe, leur statut de monnaie ne disparaît pas. » ( Al - Ba ḥ r al - Rā’iq , 6:218) Lorsque l’i ṣṭ ilā ḥ disparaît — lorsque les gens cessent de les utiliser — elles perdent leur statut monétaire et redeviennent des marchandises ( ʿ ur ū ḍ ) Ce phénomène est attesté historiquement lorsque certaines fulūs devinrent sans valeur ( kāsidah ) [3] i i i) Les é tapes de la m onétisation Des économistes contemporains décrivent un processus de « monétisation » pour expliquer comment certains actifs deviennent progressivement une monnaie. Quatre étapes sont généralement identifiées : 1. Étape de collection : l’objet est acheté et vendu mais ne sert pas à conserver de la valeur. 2. Réserve de valeur : l’objet commence à être utilisé pour préserver la richesse. 3. Moyen d’échange : l’objet est suffisamment accepté pour faciliter les transactions. 4. Unité de compte : les prix sont directement exprimés dans cet actif. 10 TRADU IT EN FRANCAIS P AR DAR AL BITCOIN Bitcoin se situe actuellement à l’étape de réserve de valeur , principalement utilisé pour préserver le capital ou comme investissement.[4] i v ) Le s tatut de Bitcoin comme m onnaie Le statut monétaire de Bitcoin ( thamaniyyah ) dépend de son usage généralisé et de son acceptation sociale ( i ṣṭ ilā ḥ ). Bien que Bitcoin soit utilisé comme moyen d’échange dans certains contextes — surtout pour les transferts internationaux — son adoption dans le commerce quotidien reste limitée. Sans i ṣṭ ilā ḥ , Bitcoin ne peut atteindre le statut complet de thaman et reste une forme de ʿ urū ḍ (actif). Comme mentionné dans Al - Durr al - Mukhtār : وَ أَمَّا ِ الْفلوس ِ ْ فَإِن ِ رَ ائِجَة ِ ٍ فَكَثَمَن ِ َّ لِ ِ وَ إ ِ ٍ فَكَسِلَع « Quant aux fulūs , lorsqu’elles sont largement utilisées, elles sont considérées comme monnaie ; sinon, elles sont comme des marchandises. » Bitcoin n’est pas encore suffisamment circulant ( rā'ij ) pour être considéré comme monnaie en Sharī ʿ ah. Cependant, à mesure que son adoption progresse, Bitcoin peut avancer dans le processus de mon é tisation et potentiellement atteindre un statut mon é taire à l ’ avenir. Conclusion , à ce jour , nous classerions Bitcoin comme ʿ ar ḍ — un actif — car sa fonction principale est la préservation de valeur , non l’usage généralisé comme moyen de paiement. Il possède le potentiel de devenir une monnaie à l’avenir, mais , selon nous, il n’a pas encore atteint le niveau d’ i ṣṭ ilā ḥ nécessaire pour être considéré comme thaman en droit islamique. 11 TRADU IT EN FRANCAIS P AR DAR AL BITCOIN III. Répondre aux Objections Courantes concernant Bitcoin en Sharī ʿ ah Bien que Bitcoin réponde aux définitions de la richesse (māl) en Sharī ʿ ah, plusieurs objections sont souvent soulev é es concernant sa permissibilit é . Cette section r é pond à ces objections et montre qu ’ elles ne remettent pas en cause le statut de Bitcoin en tant qu ’ actif valide et licite selon le droit islamique. i ) Bitcoin est immatériel Une objection fréquente affirme que Bitcoin est immatériel, n’existant que sous forme digitale dans un réseau décentralisé. Certains soutiennent que la tangibilité est essentielle pour qu’un bien soit considéré comme richesse ( māl ) en Sharī ʿ ah. Cependant, cet argument ne tient pas lorsqu’on l’examine de près. Les économies modernes ont largement accepté la vente d’actifs immatériels tels que les logiciels, les noms de domaine, les e - books, ou les monnaies fiduciaires sous leurs formes digitales. Les transactions en monnaie fiduciaire digitale, par exemple, ne sont que des modifications de comptes électroniques sans lien direct avec de l’argent tangible. Pourtant, elles sont universellement reconnues comme valides, et les érudits contemporains n’y voient généralement aucune objection majeure. De plus, les juristes classiques n’ont jamais posé la tangibilité comme condition à la richesse. Leurs définitions — comme mentionné plus tôt — mettent l’accent sur la reconnaissance sociale ( tamawwul ) et la possibilité de stocker la valeur ( iddikhār ). Ces critères reposent donc sur la fonction et la reconnaissance sociale plutôt que sur la matérialité. Ainsi, l’immatérialité ne peut pas, à elle seule, rendre Bitcoin non conforme en Sharī ʿ ah. i i ) Bitcoin n’a pas de valeur intrinsèque Une autre critique répandue est que Bitcoin n’aurait pas de valeur intrinsèque. Mais que signifie réellement « valeur intrinsèque », et cette notion est - elle requise en Sharī ʿ ah ? Les juristes classiques n’ont jamais utilisé la valeur intrinsèque comme critère de richesse. Ils se sont plutôt focalisés sur : • la reconnaissance sociale ( tamawwul ), • la capacité d’être conservé ( iddikhār ). 12 TRADU IT EN FRANCAIS P AR DAR AL BITCOIN L’idée d’une valeur intrinsèque prétend que certains objets — comme l’or et l’argent — auraient une valeur « en eux - mêmes ». Mais en réalité, les choses ont de la valeur parce que les gens leur accordent collectivement de la valeur. De même, les monnaies fiduciaires, bien qu’elles ne soient pas adossées physiquement à de l’or ou à d’autres actifs tangibles, conservent de la valeur grâce à la confiance et à l’accord mutuel entre les individus. Historiquement, les monnaies fiduciaires é taient des jeto ns représenta nt de l’or ou de l’argent. Avec le temps, cet adossement a été abandonné, laissant les monnaies fiduciaires sans réserve tangibles. Les critiques des monnaies fiduciaires soulignent souvent que ce changement a contribué à l’instabilité financière et aux crises [ 5 ] . Cependant, les monnaies fiduciaires restent largement acceptées comme richesse. Cette acceptation renforce l’idée que la valeur dépend fondamentalement du consensus social ( ʿ urf ) , et non des caractéristiques intrinsèques. La critique concernant le manque de valeur intrinsèque de Bitcoin provient souvent de sa montée fulgurante en valorisation au cours des 15 dernières années, que certains attribuent principalement à la spéculation. Les détracteurs soutiennent que ses hausse s de prix sont instables et déconnectées d’actifs tangibles. Cependant, cette vision ne correspond pas aux définitions de la richesse en Sharī ʿ ah , centrées sur la capacité de stockage et la coutume sociale, plutôt que sur la valeur intrinsèque. Contrairement à la monnaie fiat : • Bitcoin n’a jamais été conçu comme un jeton représentant un autre actif, • Sa valeur provient de son utilité (réseau décentralisé), • De sa rareté (21 millions), • Et de son adoption croissante comme réserve de valeur. Cette indépendance vis - à - vis d’un adossement tangible rend Bitcoin plus résilient face aux critiques traditionnellement adressées aux monnaies fiduciaires. Certains critiques pourraient tenter d’identifier Bitcoin à des droits incorporels ou à des usufruits, que les juristes Ḥ anafī restreignaient généralement à la vente indépendante sauf s’ils étaient adossés à un actif sous - jacent, supposant donc que Bitcoin devrait également être adossé. Cependant, Bitcoin diffère fondamentalement de ces droits. Alors que les droits incorpore ls ne répondent pas à la définition de richesse en Sharī ʿ ah en raison de leur impossibilité de stockage, Bitcoin remplit pleinement ces critères. De 13 TRADU IT EN FRANCAIS P AR DAR AL BITCOIN plus, les droits incorporels étaient parfois considérés comme richesse par les juristes en raison de la coutume ( ʿ urf ). Comme l’explique le Muftī Taqī Usmani : واختلفت أقوال المشايخ فى حق الشرب، فمنعه بعضهم لكونه حقا مجردا، وجوزه بعضهم بحكم العرف وهذا يدل أن للعرف ِ لِ مجا في إدراج بعض الحقوق والمنافع في الْموال، ويقول ِ ابن عابدين رحمه الله تعالى : و المالية تثبت بتمول الناس كافة أو بعضهم، والتقوم يثبت بها ، وبإباحة الِنتفاع به شرعا « Les avis des savants différaient concernant les droits d’irrigation ( ḥ aqq al - shirb ). Certains l’interdisaient au motif qu’il s’agissait d’un droit incorporel, tandis que d’autres le permettaient en se basant sur la coutume ( ʿ urf ). Cela montre que la coutume joue un rôle dans l’inclusion de certains droits et usufruits dans la catégorie de la richesse [même si ces droits ne remplissent pas tous les critères de la richesse au sens strict]. Ibn ʿ Ā bid ī n dit (Radd al - Mu ḥ tār, 4:501) : « La richesse ( māl ) est établie par la reconnaissance de tous ou de certains individus, et la valeur ( taqawwum ) est confirmée par cette reconnaissance ainsi que par la permissibilité de son utilisation selon la Sharī ʿ ah . » (Fiqh al - Buyū ʿ , 269) La reconnaissance par les juristes de certains droits incorporels comme richesse, malgré leur incapacité à satisfaire pleinement la définition classique de la richesse, était justifiée uniquement sur la base de la coutume ( ʿ urf ). En revanche, Bitcoin bénéficie non seulement d’un ʿ urf clair et indéniable, mais remplit également entièrement les critères de la richesse en Sharī ʿ ah : il est reconnu comme richesse ( tamawwul ), peut être stocké ( iddikhār ) et son utilisation est permise ( taqawwum ). Étant donné que les juristes ont fait preuve de souplesse en classant certains droits comme richesse uniquement en raison de la coutume, il existe un argument encore plus fort pour reconnaître Bitcoin comme richesse selon la Sharī ʿ ah , surtout qu’il satisfait pleinement à la définition classique. Tout doute sur son statut de richesse est donc injustifié. En fin de compte, la valeur de Bitcoin n’est pas liée à sa tangibilité ni à un adossement à un autre actif. Son acceptation, son utilité et sa reconnaissance comme richesse sont conformes aux principes de la Sharī ʿ ah , qui privilégient la coutume sur la valeur intrinsèque. Ainsi, l’objection selon laquelle Bitcoin manquerait de valeur intrinsèque semble inappropriée lorsqu’elle est évaluée à la lumière des principes de la Sharī ʿ ah 14 TRADU IT EN FRANCAIS P AR DAR AL BITCOIN i ii ) Bitcoin n’est pas émis ou soutenu par un gouvernement Une autre critique courante affirme que Bitcoin n’a pas de validité car il n’est ni émis ni régulé par un gouvernement, contrairement aux monnaies fiduciaires. Mais les juristes définissent la richesse ( māl ) selon : • la reconnaissance sociale ( tamawwul ), • la capacité de stockage ( iddikhār ). Aucune de ces conditions n’exige qu’un actif soit émis par un État. Historiquement, au temps du Prophète ﷺ , la Péninsule arabique n’avait pas sa propre monnaie. Les Arabes utilisaient les dinars byzantins et les dirhams sassanides [ 6 ] — non pas par reconnaissance politique, mais parce que l’or et l’argent avaient une valeur . Ces monnaies circulaient donc par usage et coutume ( ʿ urf ), non par autorit é é tatique. [ 7 ] Même après la frappe des premières monnaies islamiques sous ʿ Abd al - Malik ibn Marwān ( m . 86) , [ 8 ] c ’ est toujours l ’ usage social qui leur donnait l é gitimit é Les critiques soutiennent souvent que l’approbation gouvernementale garantit la stabilité et la légitimité des monnaies. Bien que l’intervention de l’État puisse faciliter la confiance dans une monnaie, des exemples historiques montrent que le simple souti en gouvernemental n’est pas suffisant. Les monnaies ayant connu une hyperinflation, comme le dollar zimbabwéen ou le bolívar vénézuélien, ont perdu la confiance de la société et ont cessé de fonctionner comme moyen d’échange malgré le soutien continu des g ouvernements.[9] Cela démontre que c’est la reconnaissance par la société, et non la régulation étatique, qui constitue le facteur déterminant pour établir la légitimité d’un actif. Les gouvernements ont également un intérêt particulier à maintenir des monopoles sur l’émission monétaire, car ils tirent d’importants revenus de pratiques telles que le seigneuriage — le profit issu de l’émission de monnaie fiduciaire — et des emprunts au près des banques centrales, qui créent de l’argent à partir de rien.[10] Cette dépendance financière peut expliquer pourquoi les gouvernements critiquent souvent Bitcoin, qui remet en cause leur contrôle sur l’émission monétaire. Malgré cela, Bitcoin a obt enu une reconnaissance significative de la société, indépendamment de l’approbation étatique, ce qui montre que le soutien gouvernemental n’est pas une condition nécessaire à sa légitimité. De plus, de nombreux gouvernements ont implicitement reconnu la valeur de Bitcoin. Par exemple, Bitcoin est soumis à l’impôt dans plusieurs pays, ce qui démontre que les 15 TRADU IT EN FRANCAIS P AR DAR AL BITCOIN gouvernements le considèrent comme un actif précieux. Certaines nations, comme le Salvador, sont allées plus loin en reconnaissant Bitcoin comme monnaie légale.[11] La légitimité de Bitcoin se reflète également dans son adoption par des institutions financ ières, l’approbation des ETF Spot Bitcoin,[12] et son utilisation comme actif de réserve par certains pays, y compris les États - Unis.[13] Ces évolutions montrent que Bitcoin est de plus en plus accepté au sein des systèmes financiers mondiaux. Même dans des villages reculés en Inde, les gens investissent dans Bitcoin, reflétant son attrait croissant auprès de diverses populations et régions. La capitalisation boursière de Bitcoin a dépassé le PIB de plusieurs États souverains,[14] démontrant enc ore son importance à l’échelle mondiale. Ce niveau de reconnaissance et d’adoption par la société dépasse celui de nombreuses monnaies fiduciaires, même sans soutien officiel des gouvernements. En fin de compte, la légitimité de Bitcoin découle de son utilité, de sa rareté et de son acceptation par la société. Si l’approbation gouvernementale peut aider à favoriser l’acceptation, elle n’est pas une condition pour la validité d’un actif selon la Sharī ʿ ah . La nature décentralisée de Bitcoin et son adoption généralisée confirment son statut de richesse légitime selon la loi islamique, indépendamment de sa relation avec les gouvernements. Les gouvernements peuvent faciliter la confiance, mais ils ne peuvent pas sauver une monnaie qui perd la reconnaissance du public. Les cas du Zimbabwe ou du Venezuela montrent que même avec un soutien gouvernemental total, une monnaie peut perdre toute val eur. i v ) Bitcoin contient du gharar (incertitude) Une autre objection soulevée contre Bitcoin est que sa volatilité constitue une incertitude excessive ( gharar ), ce qui est interdit en Sharī ʿ ah . Le gharar se réfère à l’ambiguïté ou à l’incertitude concernant l’objet ou les conditions d’une transaction, pouvant conduire à l’injustice ou à l’exploitation. Parmi les exemples cités par les juristes figurent la vente de poissons encore dans l’étang ou de lait e ncore dans la mamelle de la vache, où l’existence ou la livraison de l’actif est incertaine. Comme le décrit Maydani ( m . 1298) dans son Lubāb : لِ و يجوز بيع السمك في الماء قبل صيده؛ لْنه بيع ما ليس ِ عنده ... لِ و بيع اللبن في الضرع ... للغرر؛ فعساه ِ انتفاخ 16 TRADU IT EN FRANCAIS P AR DAR AL BITCOIN « Il est interdit de vendre des poissons dans l’eau avant qu’ils ne soient pêchés, car cela constitue la vente de ce que l’on ne possède pas... De même, vendre du lait encore dans la mamelle est interdit en raison du gharar , car il pourrait simplement s’agir d’un gonflement [de la mamelle]. » (Al - Lubāb fī Shar ḥ al - Kitāb, 2:25) Cependant, Bitcoin n’est pas comparable à ces exemples. Son existence, sa propriété et sa transférabilité sont garanties à chaque transaction, assurant qu’il n’y a aucune ambiguïté concernant la livraison ou les conditions. Les transactions impliquant Bitc oin sont claires, immédiates et définitives, ce qui les distingue des formes classiques de gharar interdites par la loi islamique. La volatilité en elle - même n’est pas un concept nouveau en jurisprudence islamique. Historiquement, les juristes ont traité des situations où les fulūs (pièces de métal de base) perdaient de leur valeur ou étaient dévaluées ( kasād ).[15] Cela montre que les fulūs ont connu de la volatilité tout en étant toujours considérés comme une richesse valide lorsqu’ils circulaient. Leurs décisions ont évolué avec les changements dans la reconnaissance sociale, illustrant que la volatilité seule ne rend pas un actif interdit La volatilité est évidente dans des actifs comme l’argent, dont la valeur a considérablement fluctué au fil des ans. De même, des monnaies comme la livre turque ou le bolívar vénézuélien ont connu une dépréciation et une instabilité extrêmes, pourtant leur commerce n’a pas été mis en garde par les savants. Ces exemples montrent que la volatilité en elle - même n’est pas un facteur d’interdiction. La Sharī ʿ ah reconnaît également le principe selon lequel le risque et la récompense sont inhérents au commerce, comme le caractérise la maxime juridique suivante : ِ الْغرْ م ِ ِ بِالْغنْم ) ِ ْ أَي ِ الْمَضَرَّ ة ِ ِ بِمقَابَلَة ِ ِ الْمَنْفَعَة ( « La responsabilité correspond au bénéfice » (c’est - à - dire que le préjudice est compensé par l’avantage et qu ’ il n ’ y a pas de ga ins sans prise de risque – Radd al - Mu ḥ tār, 4:373). La volatilité de Bitcoin fait naturellement partie de son adoption en tant que classe d’actifs relativement nouvelle et de sa taille de marché limitée. À mesure que son adoption et sa capitalisation augmentent, sa volatilité a diminué, suggérant que ce pro blème est transitoire plutôt qu’intrinsèque. Bien que la volatilité puisse justifier la prudence en matière d’investissement, elle n’affecte pas la permissibilité de Bitcoin selon la Sharī ʿ ah . En replaçant la volatilité de Bitcoin dans le cadre plus large du commerce permis et des précédents historiques, il apparaît clairement que cette objection ne rend pas Bitcoin interdit. Au contraire, sa transparence, la clarté de sa 17 TRADU IT EN FRANCAIS P AR DAR AL BITCOIN propriété et sa reconnaissance en tant que richesse confirment sa conformité aux principes de la Sharī ʿ ah v ) Bitcoin facilite des activités illégales Certains opposants affirment que Bitcoin est utilisé pour des activités illicites, telles que le blanchiment d’argent, l’évasion fiscale ou l’achat de biens illégaux. S’il est vrai que Bitcoin a été détourné dans certaines entreprises criminelles, cela ne le rend pas intrinsèquement interdit. Tout outil ou actif — qu’il s’agisse d’argent liquide, d’or ou de comptes bancaires — peut être détourné. La Sharī ʿ ah ne juge pas la permissibilité d’un actif en fonction des actions de certains de ses utilisateurs, mais en fonction des caractéristiques intrinsèques de l’actif lui - même. Bitcoin est une technologie neutre, et son utilisation éthique dépend des intentions et des actions de ses utilisateurs. De plus, l’idée selon laquelle Bitcoin serait principalement utilisé à des fins illégales devient de plus en plus infondée. Les études montrent qu’une infime fraction seulement des transactions en cryptomonnaies est liée à des activités criminelles,[16] l’ argent liquide restant le moyen préféré pour les activités illicites en raison de son anonymat. Contrairement à l’argent liquide, les transactions Bitcoin sont enregistrées sur un registre transparent et décentralisé ( blockchain ), permettant à quiconque de tracer et de vérifier les opérations. Cette transparence rend Bitcoin peu pratique pour les criminels, car les transactions restent enregistrées de manière permanente et traçables, permettant aux autorités de surveiller les act ivités illicites plus efficacement que par l’argent liquide.[17] En conclusion, bien que Bitcoin ait été détourné dans des cas isolés, sa nature transparente et décentralisée décourage les activités criminelles et offre un haut niveau de responsabilité. Sa permissibilité en Sharī ʿ ah repose sur ses caractéristiques intrinsèques et ses usages légitimes, et non sur les méfaits d’une minorité de ses utilisateurs. v i ) L’origine inconnue de Bitcoin Une inquiétude fréquemment soulevée est que l’origine de Bitcoin est inconnue. Le logiciel a été publié pour la première fois en 2009 par un individu utilisant le pseudonyme Satoshi Nakamoto, dont l’identité réelle n’a jamais été révélée. De ce fait, 18 TRADU IT EN FRANCAIS P AR DAR AL BITCOIN certains craignent qu’il s’agisse d’un complot des riches pour asservir les pauvres, créé par un acteur malveillant, ou truffé de portes dérobées secrètes destinées à prendre le contrôle de la richesse mondiale. Des croyances et suspicions de ce type peuvent justifier une certaine prudence au niveau individuel si une personne les trouve convaincantes, mais elles ne constituent pas des raisons suffisantes pour déclarer Bitcoin interdit, sauf si elles sont étayées p ar des preuves vérifiables. Comme indiqué précédemment, Bitcoin remplit toutes les conditions d’un actif valide selon la Sharī ʿ ah et ne contient aucun élément intrinsèquement prohibé. Il est donc permis en soi. Si un préjudice réel devait être établi, un jugement d’interdiction pourrait être prononcé en raison d’un facteur externe de nuisance publique ( mafsadah ). Cependant, cela nécessite que le préjudice soit réel et prouvé, et non basé sur des suppositions ou conjectures.[17a] Les craintes concernant l’origine de Bitcoin, aussi sincères soient - elles, semblent reposer exactement sur ce type de conjectures non f ondées. Ce qui importe, c’est ce que cela fait, pas qui l’a créé L’anonymat du fondateur de Bitcoin n’implique pas en soi tromperie ou préjudice. Même si le fondateur avait de mauvaises intentions, l’outil doit être jugé par ses effets réels. Une personne au caractère douteux peut inventer quelque chose d’utile, et cett e invention n’hérite pas des défauts moraux de son créateur. Tout au long de l’histoire islamique, les musulmans ont adopté des technologies, instruments et systèmes provenant de civilisations non musulmanes, évaluant leur permissibilité selon leur usage e t leur conformité à la Sharī ʿ ah , et non selon l’identité de l’inventeur. De plus, le design de Bitcoin est open - source et auditable publiquement. Son code est transparent et a été examiné par des milliers de développeurs, cryptographes et chercheurs en sécurité depuis plus de quinze ans. Aucune faille majeure ou porte dérobée n ’a jamais été découverte. Bitcoin fonctionne également selon un modèle de consensus : aucune personne ou autorité unique ne peut changer secrètement ses règles. Toute modification doit être acceptée par la communauté mondiale d’utilisateurs, d’opérateurs d e nœuds et de mineurs. Ce design — basé sur la transparence, la décentralisation et des règles imposées par les utilisateurs — suggère fortement que le fondateur n’a pas conservé de contrôle secret. Et même si des intentions malveillantes