Le génocide au Rwanda : petit résumé des faits D’avril à juillet 1994, environ 1M de personnes vont être exterminés pour la seule raison qu’ils étaient T utsis. Des H utus qui s’opposaient à ces massacres seront aussi tués. Ces crimes seront qualifiés de génocide à partir de fin mai 1994 par l’ONU. Les causes Le Rwanda est colonisé de 1894 à 1959. Les Allemands puis les B elges en assurent l’administration. La colonisation va de pair avec une racialisation de la société. A la faveur de ces théories raciales, les Tutsis (15% de la population du Rwanda) furent rangés dans la catégorie des peuples évolués, alors que les Hutus (84%) sont dans celle des « sauvages ». Avec l’indépendance en 1959, les questions ethnico -raciales prennent le premier plan des débats politiques. En 1963- 1964, ces tensions conduisent à une série de massacres contre les Tutsis (environ 15000 selon la Croix Rouge). Cette différenciation « raciale » se prolonge. En 1981, les cartes d’identités du Rwanda conservent la mention de l’appartenance (Tutsi, Hutu, twa, naturalisé). Celle -ci devait être supprimée au début des années 90, mais la presse extrémiste (Radio-télévision des mille collines) contesta cette décision. En 1990, des tensions entre Tutsis (FPR) en exil et Hutus (FAR) apparaissent. Cette guerre d’octobre apparait comme le point de départ de la « violence génocide ». Les FAR sortent victorieuses grâc e à l’appui de forces militaires occidentale s. Une période de guérilla s’ensuit qui est close par les accords d’Arusha de 1993. Ces derniers ne seront jamais appliqués par le parti présidentiel. Les faits Le 6 avril 1994 , l’avion du président Habyarimana (Hutu) est abattu. C’est le début des violences anti -Tutsi. Le 12 avril , on passe d’une logique de vengeance à une logique de génocide. Le génocide se déroule sur une période extrêmement courte : dans certaines préfectures, 75% des victimes sont tuées entre le 10 et le 18 avril. L’angoisse suscitée par la mort du préside nt ainsi que le racisme anti Tutsi permet de faire triompher l’idée d’une guerre totale des Hutu s contre les Tutsis. La question de l’intentionnalité et de la planification se pose ici. Il parait évident qu’une continuité existe entre les discriminations et les violences, de 1959 à 1994. Les tueries se sont déroulées lors de grands massacres collectifs qui entrainent la création de fosses communes juste à côté des lieux de culte. La totalité du territoire était quadrillé par des barrières de contrôle ethnique : ce sont des points de rassemblement pour les bandes qui pouvaient aller, après les massacres collectifs, faire des expéditions punitives dans les collines. Ces tueries sont le fait de plusieurs types de groupes : Les milices : affiliées à des partis politiques, souvent leurs mouvements de jeunesse, elles se militarisent durant les années 90. Elles sont au cœur des violences politiques, attentats et pogroms antitutsi. Les voisins : 60% des victimes ont été tuées sur leur colline, près de 10% dans leur maison. Cela rend ce « génocide de proximité » extrêmement efficace puisqu’il est ainsi plus simple d’atteindre ses cibles du fait de leur bonne identification. La conséquence principale est que les civils sont les premiers acteurs de ce génocide. On estime le nombre de génocidaires à environ 16% de la population adulte masculine Hutu. Les témoignages de ces génocidaires (personnes ayant infligé la mort ou de sérieuses blessures à des non-combattants) laissent apparaitre deux facteurs : la peur et la colère suite à la mort du président et la pression exercée par l’entourage et les autorités. Les bandes de tueurs (Ibitero) : les massacres sont la plupart du temps publics et commis en groupe. Ces groupes opèrent dans les cellules (plus petite unité administrative du pays). Les réfugiés burundais dans les communes du Sud : des Hutus burundais se joignent aux bandes de tueurs, ils se vengent des massacres réalisés dans les années 70 sur les Hutus par le gouvernement Tutsi du Burundi. La réaction de la communauté internationale : Les B elges retirent leurs troupes de la MINUAR (2500 hommes sous commandement ONU) suite à l’assassinat de 7 de leurs hommes. Le 21 avril, le conseil de sécurité réduit la MINUAR à 270 hommes. Le 24 avril, les membres du personnel international de Médecins Sans Frontières quittent le Rwanda faisant suite à toutes les ONG présentes. Seule la Croix Rouge reste présente. En mai, le conseil de sécurité de l’ONU vote une résolution pour l’envoi de troupes (MINUAR II) Le 17 juillet 1994, les affrontements ont lieu. Le FPR (parti des exilés Tutsi) met fin au génocide. Le pays est exsangue, des milliers de morts jonchent les collines, les administrations publiques sont détruites, des millions de déplacés sont à compter. Le génocide en Yougoslavie : petit résumé des faits - Au début des années 1990, suite à l’implosion de l’URSS, les démocraties populaires (régimes communistes alliés de l’URSS) s’effondrent à leur tour. C’est le cas de la Yougoslavie, Etat fédéral communiste né en 1945 : elle est composée de 6 républiques socialistes (Serbie, Bosnie, Croatie, etc.) et 2 provinces autonomes (Kosovo). La capitale fédérale était Belgrade, et le pouvoir central était exercé par les Serbes. - A partir de 1991, le réveil des nationalismes déclenche plusieurs guerres. Car si les différentes républiques proclament leur indépendance (Croatie en 1991, Bosnie en 1992), la Serbie intervient militairement pour maintenir l’unité du pays sous son contrôle. De plus les Républiques devenues indépendantes sont multinationales. Les peuples qui cohabitent difficilement se distinguent par leur culture, notamment religieuse (Serbes de culture orthodoxe, Croates de culture catholique, Bosniaques musulmans). D’où d’importantes tensions communautaires internes. Au point qu’en Bosnie, alors que cette République vient de faire sécession, un territoire en son sein fait lui-même sécession : la République serbe de Bosnie, dirigée par Radovan Karadzic et soutenue par Belgrade. - Dans ce contexte de guerres enchevêtrées, chaque communauté désigne les autres communautés comme responsables de ses difficultés. Parfois, surtout chez les Croates et les Serbes, un endoctrinement massif est déployé pour justifier une purification ethnique anti-bosniaque : les Serbes de Bosnie chassent ainsi par la force les autres nationalités des territoires où ils sont majoritaires, avec le soutien de Belgrade et du président Serbe Slobodan Milosevic : destruction des habitations et exécutions des réfractaires (la terreur devant conduire les Bosniaques au départ). Les forces serbes ont ainsi expulsé 100 000 Croates en Croatie entre 1991 et 1992, et environ 700.000 musulmans furent expulsés de leur domicile par les forces serbes de Bosnie-Herzégovine. - Ces violences de masse dégénérèrent parfois en génocide commis par les Serbes contre les Bosniaques. En 1995 fut ainsi perpétré le massacre de Srebrenica en Bosnie, au cours duquel plus de 8.000 bosniaques furent exécutés par des unités de l'armée de la répu blique serbe de Bosnie (VRS), commandées par le général Ratko Mladić, appuyées par une unité paramilitaire de Serbie. Au total, en juillet 1995, le nombre de bosniaques tués par les Serbes s’élève à environ 33.000 personnes. - Dès 1992, l’ONU déploie les Ca sques bleus dans la région. Mais ils ne parviennent pas à empêcher les massacres.