Vol. IX No. 2 – 13 août 2020 L’Indépendant vol. IX n°2 p. 2 L’exécutif national du ............ Jean - Philippe Molnar Président Thierry Vadnais - Lapierre Vice - président à l’organisation Représentant du FJBQ à la commission des circonscriptions éloignées Rose Lessard Responsable du contenu Représentante du FJBQ à la commission politique Guillaume Bédard Responsable des communications Marc - Antoine Carrière Responsable des cellules étudiantes et des groupes jeunes Félix L’Heureux - Bilodeau Représentant du FJBQ à la commission à la citoyenneté Carl Vaillancourt Secrétaire général Nos collaborateurs et rédacteurs dans cette édition Alexis Brunelle - Duceppe Yves - François Blanchet Sylvie Bérubé Louise Charbonneau Yves Perron Andréanne Larouche Caroline Desbiens Marie - Hélène Gaudreault Stéphane Bergeron Monique Pauzé Christine Normandin Simon - Pierre Savard - Tremblay Louis Plamondon Rhéal Fortin Luc Desilets Julie Vignola Luc Thériault Gabriel Ste - Marie Claude DeBellefeuille Sébastien Lemire Johanne Deschamps Paule Brunelle Josée Beaudin R aphaël Guérard Jean - François Veilleux Jean - Philippe Molnar Guillaume Bédard Orian Dorais R émi Lebeuf L’Indépendant vol. IX n°2 p. 3 Hommage du président Chers indépendantistes , Il y a de cela peu de temps, nous publiions sur notre page Facebook une vidéo célébrant les 30 ans de création du Bloc Québécois (bien que son congrès de fondation n’a eu lieu que le 15 juin 1991). Aujourd’hui , le 13 août 2020, est une date tout autant spéciale, sinon PLUS! Nous célébrons le 30 ième anniversaire de l’élection d’un premier député sous la bannière bloquiste. Ce député, vous l’aurez reconnu à gauche sur ma photo, c’est M. Gilles Duceppe. Vous l’aur i ez aussi facilement reconn u par son immense apport au parti et à la cause, car en plus d’avoir été député, il a été un grand chef pour le Bloc Québécois et pour cette raison, il était tout simplement inconcevable de ne pas le souligner. Ainsi, nous souhaitions faire de cette paruti on du journal L’indépendant , un hommage à M. Duceppe. Sur une note plus personnelle, M. Duceppe a été une inspiration pour moi dès l’âge de 10 ans. Je me rappelle d’ être en train d’écouter le débat des chefs et de me dire « Go Duceppe! Go Duceppe! », un pe u comme un partisan des canadiens crierait « Go Habs Go! » et en excellent débatteur qu’il est, à chaque fois qu’il donnait une réplique « dans les dents » à un adversaire, j’étais heureux comme si le canadien comptait un but ! (Vous comprendrez la référenc e au sport un peu plus loin.) Sommaire L’exécutif national du FJBQ p. 2 Hommage s à Gilles Duceppe p. 3 Les bonnes vieilles oreilles de crisse p.1 7 Pierre Falardeau (1946 - 2009), dix ans plus tard p.1 8 Messieurs, ça va faire! P. 21 Les solutions simples p.2 3 Le Canada n’est pas un paradis progressiste p.2 5 Le fédéralisme canadien à bout de souffle p.2 7 L’Indépendant vol. IX n°2 p. 4 Deux ans plus tard, lors de la campagne électorale de 2008, j’avais écrit une lettre à M. Duceppe pour lui témoigner de mon soutien et de mon appui indéfectible envers le Bloc Québécois. Je ne savais pas trop si le message allait se rendre. Je pensais qu’il allait se perdre dans les brumes, que quelqu’un d’important comme le chef du Bloc Québécois, qui passe régulièrement à la télé, recevait sans doute une quantité innombrable de courriels et qu e le message d’un jeune fan n’était pas sa priorité. Quelle ne fut pas ma surprise lorsque j’ai reçu le courriel que vous voyez ci - contre. Il y a 2 - 3 ans, j’ai retrouvé cette lettre , en faisant du ménage, dans une boîte de vieux papiers et j’en étais encore touché. J’ai accroché particulièrement sur le dernier passage lorsqu’il dit « qui sait, peut - être qu’un jour, t oi aussi tu t’engageras en politique active pour le Québec ». Je me suis dit « Câline! Il avait raison! » car c’est effectivement ce qui m’était arrivé et c’est entre autres grâce au modèle qu’a été pour moi M. Duceppe que je suis si passionné par cette im plication militante et que j’ai autant de plaisir à exercer mes fonctions avec mon extraordinaire équipe dynamique et motivée . Pour cela, je lui dis un énorme merci! Si M. Duceppe a réussi à m’intéresser à la politique et à l’indépendance alors que j’éta is si jeune, c’est entre autres grâce à ses talents de communicateur et de vulgarisateur. À mon avis, il est le gros bon sens incarné et il a su rejoindre de nombreux autres jeunes de cette façon. Le meilleur exemple que je peux vous donner est lors de sa visite à l’Université de Sherbrooke, pendant la campagne électorale de 2015. Il est venu sur l’heure du dîner donner une conférence aux étudiants. La photo ci - contre est l’exemple parfait de l’intérêt qu’il suscitait chez les jeunes. Quelques centaines d’é tudiants s’étaient déplacés pour l’entendre et le rencontrer. Je me rappelle que lors de la période de questions, à la fin, un étudiant sportif lui a dit : « Moi là, je trouve ça super intéressant ce que vous dites. Je suis d’accord avec vous sur à peu prè s tout, mais comme je suis tanné des conservateurs, pour éviter de diviser le vote, je compte voter pour le NPD (qui était en tête des sondages à l’époque) . Qu’est - ce que vous pouvez me dire pour me faire changer d’avis? » Aussitôt la question posée, M. Duceppe le regarde et lui dit à peu près ceci : L’Indépendant vol. IX n°2 p. 5 « Quel sport est - ce que vous pratiquez? Le football? Ça tombe bien ! J’ai joué au football moi aussi et il y a une chose que je sais : Quand t’as le ballon, tu fonces par en avant et tu le passes à ceux qui vo nt dans la même direction. Pas à ceux qui vont de l’autre bord. C’est pas ici qu’ils divisent le vote, c’est les libéraux pis le NPD dans le reste du Canada. On a dit longtemps aux libéraux pis au NPD "Pourquoi vous choisissez pas un candidat entre les deu x? Faites une sorte de primaire pis battez - le Harper ! " Ils nous disent "Non, non, non. Faut pas s’effacer." E UX ils veulent pas s’effacer pis ils voudraient que NOUS on s’efface pour les faire gagner? Moi j’dis non! (fort applaudissement de la foule) Allez - vous voter pour nous? (l’étudiant hoche de la tête et dit oui) Surtout si vous aimez le football, m oi j’va par - là (en pointant en avant), pas par - là (en pointant en arrière)!» Il s’en est suivi un rire généralisé d ans l’audience . C’est le genre d’exemple de franc parler et d’excellente vulgarisation dont je parlais et ça a marqué de nombreuses personnes ce jour - là Le temps filait et M. Duceppe s’en allait dîner dans la cafétéria de l’université. Un grand contingent de personnes le suivait (dont moi) et une fois arrivés, je m’assois devant lui et lui explique que j’ai cinq minutes avant le début de mon prochain cours , d ans la faculté d’éducation, mais que je tenais à venir lui parler P endant que nous discutions , des étudiants l’ayant aperçu sont venus lui demander de prendre une photo avec lui et au moment où il allait acquiescer et se lever de sa chaise, il les a regar dés et leur a dit « Écoutez, il a un cours dans cinq minutes L aissez - nous finir notre conversatio n et je suis à vous après ». C’était un autre bel exemple de l’importance qu’il accordait aux gens à qui il parlait. C’est un homme d’une grande écoute qui ét ait réellement là pour servir les gens et non se servir lui - même. Efficace, humain, sympathique, drôle, franc et dévoué ne sont que quelques qualités que l’on peut relever sur Gilles Duceppe. Il a marqué plusieurs générations de Québécois et de Québécoises et il est encore présent dans des événements et offre toujours son soutien au Bloc Québécois. Il a entre autres aidé des candidats lors de la dernière campagne électorale en faisant du porte - à - porte avec eux. Pour tout e cette générosité et plus encore, M. Duceppe, je voulais vous dire merci! Merci d’être au service du Québec depuis maintenant 30 ans. Ce n’est pas rien et les jeunes bloquistes vous en sommes grandement reconnaissants. Jean - Philippe Molnar Président du Forum jeunesse du Bloc Québécois L’Indépendant vol. IX n°2 p. 6 Le Bloc Québécois : plus qu’un parti, ma famille! Les trente dernières années ont passé à une vitesse fulgurante! J’avais à peine 11 ans lorsque notre parti fut fondé et je ne pouvais pas alors m ’imaginer que le Bloc Québécois deviendrait une part importante de ma vie et de ma famille. En cette date spéciale pour nous tous, je veux prendre la parole pour souligner le caractère très personnel que cet anniversaire a pour moi, car j’ai grandi dans l e sillon de cette formation politique grâce à mon père, Gilles Duceppe, qui l’a dirigé pendant près de 15 ans. Premier député élu sous la bannière du Bloc Québécois en 1991, il nous a entrainés depuis dans une montagne russe d’émotions qui n’a pas cessé à ce jour! Gilles, toujours motivé par la construction d’une société plus juste et plus indépendante, a mis au service du Québec sa rigueur et sa fougue. En 1997, il a pris les rênes du parti et est devenu chef de l’Opposition officielle. Sous son égide, le scandale des commandites a éclaté au grand jour, mettant en lumière ce qui manquait à de nombreux politiciens fédéraux : l’intégrité. C’est d’ailleurs un trait majeur de la personnalité de mon père et qui guide aujourd’hui chacune de mes prises de décision Cet héritage de probité, lui aussi il fait pleinement partie de l’ADN du Bloc Québécois. Gilles a également vécu tous les hauts et les bas de la politique avec une dignité exceptionnelle. Que l’on soit militant, député ou fils (ou les trois!), il a toujo urs fait figure d’exemple dans la victoire comme dans l’adversité. Enfin, ses années à Ottawa ont été ponctuées de certaines des plus belles années du mouvement indépendantiste, et je me plais à croire que son travail a jeté les bases de ce que doit être l ’action politique du Québec dans cette capitale qui n’est pas la nôtre : défendre nos intérêts parce qu’aucun gain n’est trop petit, et ce jusqu’à ce que, le moment venu, nos compatriotes choisissent l’indépendance! Alexis Brunelle - Duceppe Fils de Gilles Duceppe D éputé du Bloc Québécois dans la circonscription de Lac - Saint - Jean L’Indépendant vol. IX n°2 p. 7 Sylvie Bérubé Députée d’Abitibi - Baie - James - Nunavik - Eeyou Affaires autochtones| Bloc Québécois | Chambre des communes Yves - François Blanchet Député de Beloeil - Chambly et chef du Bloc Québécois Nous désirons souligner votre 30 e anniversaire en tant que premier député élu sous la bannière du Bloc Québécois. Tout au long de votre parcours, vous nous avez rendu fiers par votre immense implication et votre engagement indéfectible et fidèle. Félicitations et un énorme merci de nous a voir tracé la voie vers l’indépendance tant souhaitée! Louise Charbonneau Député e d e Trois - Rivières | Bloc Québécois | Chambre des communes L’Indépendant vol. IX n°2 p. 8 Yves Perron Député de Berthier - Maskinongé Porte - parole agriculture, agroalimentaire et gestion de l’offre Andréanne Larouche Députée de Shefford Porte - parole du Bloc Québécois en matière de condition féminine, d’égalité des genres et des aînés | Chambre des communes L’Indépendant vol. IX n°2 p. 9 Lorsqu’on nous annonce que l’on sera sur un panel d’échanges et de réflexions à propos du rôle de la culture dans l’espace socio - économique du Québec dans la cadre de la semaine de la culture à l’Espace Félix Leclerc avec Richard Séguin et Chloé Ste - Marie tous deux artistes ainsi qu’avec Gilles Duceppe chef du Bloc Québécois, on est bien sûr honorée et absolument ravie! C’est à ce moment - là que j’ai rencontré M. Duceppe po ur la première fois! Quelque peu intimidée par le statut mais surtout par l’intelligence vive qu’on lui connaît j’espérais à tout le moins susciter son intérêt par la ferveur engagée de mes propos entourant cette culture si chère à mon cœur! Et me suis dit au pire je lui chanterai une chanson! Quelle fut ma surprise à son arrivée de voir un grand homme souriant et décontracté, affable, enjoué et sans prétention aucune! Dès le début nous avons eu un contact simple, des échanges chaleureux et rempli d’humour! Ce fut heureux instantanément! Et ça l’est depuis ce jour à chaque fois que j’ai la chance, que dis - je le privilège d’être en sa présence ! Gilles Duceppe, le politicien et l’intellectuel, connaît le Québec bien sûr mais il connaît surtout ce que pourrait représenter le pays du Québec dans le monde! Gilles Duceppe l’humain, connaît le cœur du Québec et sa capacité de se réaliser pleinement dans un état souverain, ouvert sur le monde et bien en contrôle de son potentiel en matière de relation avec les pays voisins ou internationaux! Gilles Duceppe c’est la fontaine qui détient une source intarissable de connaissances et d’argumentaires en faveur de l’indépendance du Québec mais également et à l’appui tout un large spectre de savoir politique et éco nomique, c’est un fleuve de références et réflexions toutes aussi généreuses qu’aiguisées, et d’écoute aussi! ! Il y a certes et sans contredit, dans cette belle lignée Duceppe de Jean à Alexis en passant par Gilles, de ces humains - là que le Québec a besoi n pour devenir libre et indépendant! Et ma foi c’est très rassurant! Caroline Desbiens Députée du Bloc Québécois de Beauport - Côte de Beaupré - L’Île d’Orléans - Charlevoix Marie - Hélène Gaudreault Députée de Laurentides - Labelle L’Indépendant vol. IX n°2 p. 10 Stagiaire parlementaire à l’Assemblée nationale, en 1989 - 1990, j’effectue, avec mes collègues, un voyage à Ottawa pour y rencontrer un certain nombre de députés et de ministres, histoire d’approfondir notre connaissance du régime parlementaire canadien. Da ns ce contexte, nous avons l’occasion de rencontrer un député conservateur qui fait déjà figure de vétéran, un certain Louis Plamondon. L’échéance pour la ratification de l’Accord du Lac Meech approchant à grands pas, nous sentons déjà que celui - ci semble avoir du plomb dans l’aile... M. Plamondon aborde la question de front; si cet accord devait échouer, on n’aurait le choix, nous déclare - t - il, que de constituer un «bloc de députés québécois» provenant de tous les partis. Ce fut la première fois que j’entend ais parler de l’idée d’un «bloc québécois»... Par conséquent, si la démission de Lucien Bouchard, alors ministre fédéral, du caucus conservateur fit l’effet d’un véritable coup de tonnerre dans le paysage politique, je ne fus pas surpris de retrouver Louis P lamondon au nombre des députés « démissionnaires » lorsque l’Accord du Lac Meech vint s’échouer sur les récifs terre - neuviens... Mais l’été 1990 allait nous réserver un autre coup de tonnerre dans le paysage politique; l’élection d’un tout premier député sou verainiste à la Chambre des communes du Canada, un dénommé Gilles Duceppe, qui, contre toute attente et sans bannière politique encore bien définie, ravissait le bastion libéral de Laurier — Ste - Marie, jusque - là représenté par le regretté Jean - Claude Malépar t. Ces événements allaient paver la voie à l’élection du gouvernement de Jacques Parizeau à Québec et au référendum quasi - victorieux de 1995. Revenant à 1990, j’étais alors bien loin de me douter que, trois ans plus tard, je serais également élu à la Cham bre des communes sous les couleurs du Bloc Québécois, qui y fit une entrée en force et devint même la « très loyale opposition officielle de Sa Majesté »! Et, quatre ans après cette première élection générale du Bloc Québécois, je fus nommé, à l’âge de 32 ans, whip en chef de notre formation politique par celui qui en était devenu le chef, nul autre que... Gilles Duceppe. Jamais je ne saurai lui être suffisamment reconnaissant de la confiance qu’il m’a alors témoignée et dont j’ai toujours été très honoré. Pa r la suite, j’ai servi encore huit ans sous la direction de Gilles Duceppe. J’ai découvert un homme extrêmement rigoureux, doté d’une érudition encyclopédique et d’une mémoire éléphantesque, mais aussi d’un très grand sens de l’humour, ce qui ne lui était que trop rarement reconnu publiquement (étant très ricaneux, j’ai toujours été un excellent public pour Gilles; je garderai un souvenir impérissable de cette soirée au cours de laquelle il m’a raconté nombre d’anecdotes tordantes de cette époque où il mili tait au sein du réseau de la santé). J’ai beaucoup appris au contact de Gilles Duceppe et je crois pouvoir dire que, sans lui, je ne serais pas devenu l’homme que je suis... Pour mon plus grand bonheur, Gilles et moi avons gardé contact par la suite, ce qui fait que j’ai continué à pouvoir ponctuellement compter sur ses judicieux conseils. En 2015, j’ai salué le grand courage dont il avait fait preuve en acceptant, au pied levé, de revenir à la barre du Bloc Québécois pour cet appel aux urnes qui devait jeter les bases de ce retour en force que nous avons effectué en 2019. Il avait tout à perdre en se lançant une nouvelle fois dans cette aventure et il l’a donc fait pour la cause, pour notre parti... Il mérite toute notre reconnaissance, notre admiration et notr e amitié. Merci Gilles! Stéphane Bergeron Député de Montarville | Chambre des communes L’Indépendant vol. IX n°2 p. 11 Monique Pauzé Députée de Repentigny J’ai eu le plaisir de connaître monsieur Duceppe pour la première fois il y a déjà plus de dix ans. À l’époque, j’étais présidente des jeunes du Parti Québécois et il n’était pas si rare de croiser l’homme lors d’événements conjoints. C’était toujours un privilège de l’entendre parler, toujours un moment de bonheur lorsqu’il s’arrêtait avec nous le temps de croquer une photo. Pendant la campagne du Bloc de 2019, sa disponibilité de l’époque n e lui a pas faut défaut: il a été tout sauf avare de son temps et de ses judicieux conseils. 10 ans après une première rencontre, c’est toujours une joie de l’entendre et de lui parler, et je ne me fais toujours pas prier lorsqu’il s’arrête avec nous le te mps de prendre la pose: c’était, c’est et ce sera toujours un honneur. Christine Normandin Députée de Saint - Jean L’Indépendant vol. IX n°2 p. 12 Le 13 août 1990, le Bloc québécois fit élire son premier député dans la circonscription de Laurier — Sainte - Marie en la personne de Gilles Duceppe, négociateur syndical pour la CSN. Ce dernier rejoignait ainsi une coalition de députés démissionnaires, issus tant du Parti progressiste - conservateur que du Parti libéral, lesquels protestaient contre le traitement réservé au Québec par le régime canadien. Au début de l’été, l’Accord du Lac - Meech mourut, emportant avec lui le maigre statut de « société distincte » que le Canada rechignait à nous accorder, ce qui avait mené à la création du Bloc. Paradox e de l’histoire, le Canada nous refusait ce strict minimum alors même que le Québec célébrait sa Fête nationale. Jean Duceppe, père du futur député, avait pour l’occasion prononcé le discours patriotique devant des foules record, clamant que l’avenir du Qu ébec ne se déciderait plus qu’au Québec, par les Québécoises et les Québécois. En décembre de cette même année, Jean Duceppe est décédé, non sans avoir eu le temps de voir son fils accéder au Parlement. J’ai connu Gilles Duceppe en 2004 alors que je n’étai s qu’un jeune militant de 15 ans et que le chef bloquiste s’était déplacé pour l’investiture d’un député de la région élargie de Québec. Je n’aurais alors cru que monsieur Duceppe participerait un jour à ma propre campagne. Puis, le jour de mon seizième an niversaire, toujours en 2004, j’ai adhéré au Bloc. S’ensuivit, en juin de cette même année, une formidable campagne sur le thème de la corruption libérale (bien avant WE Charity, il y avait le scandale des commandites...), où le Bloc avait un slogan magnifiq ue, un véritable bijou (« Un parti propre au Québec »). Résultat : 54 députés. Une première expérience militante marquante! Puis, Gilles Duceppe fut mon chef, lorsque j’ai cheminé au sein du Forum jeunesse du Bloc québécois, ayant été président de cette in stance. Il fut également mon député, ayant eu la chance de voter trois fois en sa faveur. Nous avons ensuite pu nous connaître davantage. Monsieur Duceppe était présent à mes lancements de livres, est venu plusieurs fois à mon micro lorsque j’étais animate ur de radio, et nous nous parlons encore assez souvent. Côtoyer les grands de l’histoire récente du Québec est un véritable privilège. Le 13 août 1990, l’élection de Gilles Duceppe marquait un important coup d’envoi pour l’aventure du Bloc québécois. Ce qui aurait pu être un feu de paille n’en a pas été un. Devenu chef, Gilles Duceppe fut l’un des principaux acteurs de la construction d’une organisation redoutable. Trente ans après l’élection du premier bloquiste, nous offrons toujours cette force de résistance. Notre but n’est pas de nous installer pour toujours à Ottawa, loin de là. Notre objectif, c’est notre libération nationale. D’ici là, nous sommes de corvée. Simon - Pierre Savard - Tremblay, Ph. D. Député de Saint - Hyacinthe — Bagot Louis Plamondon Député de Bécancour - Nicolet - Saurel L’Indépendant vol. IX n°2 p. 13 Rhéal Fortin Député de Rivière - du - Nord | Chambre des communes Porte - parole du Bloc Québécois en matière de justice Luc Desilets Député de Rivière - d es - Mille - Îles Cher Monsieur Duceppe, Votre implication et votre passion pour le Québec, son économie, sa langue, sa culture, votre perspicacité et vos capacités d’analyse, ainsi que votre attention aux autres ne sont que quelques raisons qui font de vous un homme inspirant, un homme donnant le goût aux générations qui le suivent de promouvoir le Québec, ses forces et ses beautés. Il y a de vous dans mon saut en politique. Merci, Monsieur Duceppe! Julie Vignola Députée de Beauport - Limoilou L’Indépendant vol. IX n°2 p. 14 Luc Thériault Député de Montcalm Ce qui me marque profondément chez Gilles et Yolande, c’est leur sens du devoir : quand on croit qu’une cause est juste et bonne, on s’y engage jusqu’au bout, sans relâche. Gabriel Ste - Marie Député de Joliette Je dis souvent que j’ai appris mon travail de députée à l’école de Gilles Duceppe. La rigueur exigée aux députés, à lui - même et sa recherche de l’excellence par le travail et les efforts m’ont beaucoup marqué Pour moi , Gilles est l’antithèse de la paresse , de la facilité et de l’improvisation. Sa grande culture et sa mémoire d’éléphant m’impressionne. J’ai de beaux souvenirs qui me font encore sourire. Par exemple, nos quelques déplacements en avion , en région , où Gilles pouvait m’expliquer en détail un do ssier politique et terminer la discussion par sa recette de « Saumon Maitre d’hôtel » ou encore par me décrire en détail les plats qu’il avait cuisinés pour Yolande. Gilles Duceppe, c’est un grand, un homme d’exception. Heureuse d’avoir été à ses côtés. Claude DeBellefeuille Députée de Salaberry - Suroît Whip du Bloc Québécois | Chambre des communes L’Indépendant vol. IX n°2 p. 15 Cher Monsieur Duceppe, C'est un honneur et un privilège pour moi de participer à cet hommage, particulièrement en tant que député d'Abitibi - Témiscamingue. Quelque chose que je ne serais peut - être pas sans l'immense héritage que vous avez laissé à notre formation politique. Pour moi M. Duceppe, vous incarnez le savoir - êtr e. Comment être un député, comment être un tribun au Parlement. Bien forcément, moi qui ai 35 ans et qui a déjà été au Forum jeunesse, j'ai grandi politiquement en vous regardant et en m'inspirant beaucoup de vous. Une inspiration que j'ai pu poursuivre à vos côtés, car on a siégé ensemble sur un conseil d'administration. J'ai beaucoup appris de vos interventions, sur la façon dont vous abordez des situations parfois problématiques, sur la façon dont on se sort d'une situation avec la tête haute, avec dig nité. Ce que je retiens aussi de Gilles Duceppe, c’est cette grande fierté. J’espère que je saurai l'incarner pour plusieurs année s à l'intérieur du Bloc Québécois en votre honneur, et ce, bien évidemment, en compagnie de votre fils Alexis ! Merci pour t out Gilles !! Au plaisir, Sébastien Lemire Député d’Abitibi - Témiscamingue Johanne Deschamps Ex - députée et présidente du Bloc Québécois L’Indépendant vol. IX n°2 p. 16 Paule Brunelle Ex - députée de Trois - Rivières (2004 - 2011) À l’occasion de ce 30 e anniversaire, nous ne pouvons que saluer et reconnaître le travail acharné de Gilles Duceppe à défendre les intérêts du Québec à Ottawa. J’ai eu le privilège de travailler à ses côtés de 2008 à 2011 . Un chef pour lequel j’ai un immense respect et qui m’a inspirée par sa ténacité, sa rigueur et sa connaissance de tous les dossiers tout en préservant un équilibre de vie. Il m’inspire toujours ! Josée Beaudin Ex - députée et directrice générale du Bloc Québécois L’Indépendant vol. IX n°2 p. 17 Les bonnes vieilles oreilles de crisse Par Raphaël Guérard C’est le début du printemps, vous mettez vos bottes de caoutchouc noirs ainsi que vos habits les moins propres. Vous vous apprêtez à partir, mais vous pensez soudainement à apporter des serviettes pour les bancs de la voiture au cas où que vous vous saliss iez. Vous prenez alors le chemin de votre bonne vieille cabane centenaire préférée. Heureusement, on a pensé à vous et on vous a fait les fameuses oreilles de crisse, des bonnes fèves aux lards, les fameuses crêpes du temps des sucres, les petites sauciss es déjeuners, ainsi qu’une multitude de succulents produits d’érables. Au moment où vous croyez que votre ventre va exploser, on vous propose alors d’aller licher la palette et d’aller manger de la tire sur la neige. Vous repartez alors avec vos anecdotes , très heureux de votre première sortie d’automne, car c’est cela un bon repas de la cabane à sucre. Saviez - vous que le repas gastronomique français est devenu, en 2010, l’une des premières traditions culinaires enregistrées sur la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l'humanité? Cet enregistrement oblige alors à la France d’effectuer la transmission des valeurs du repas gastronomique des Français aux nouvelles générations, de faire le développement des instruments de recherche et de c oopération de dimension nationale et internationale ainsi que de faire la création d’établissements culturels dédiés. Et si le repas de la cabane à sucre le devenait également, qu’est - ce que ça changerait? Ça changerait bien des choses. Premièrement, les cabanes à sucre Québec deviendraient un attrait touristique incontournable puisqu’il en serait reconnu comme tel. Des musés ou bâtiments commémoratifs pourraient être créés afin de répertorier et expliquer l’histoire de l’acériculture. Deuxièmement, les ca banes à sucre « typiques » seraient alors préservées et ne seraient plus détruites au profit de cabanes à sucre commerciales. Les cabanes à sucre « typiques » sont des lieux culturels remplis d’histoires et font partie de la mémoire de notre société. Trois ièmement, l’acériculture bénéficieraient, en théorie, d’une reconnaissance de leurs acquis ainsi que d’une aide monétaire, leur donnant alors la possibilité de sauvegarder le repas à la cabane à sucre ainsi que les cabanes à sucre « typiques ». Toutefois , bien que la France l’ait enregistré, rien n’oblige le Québec de l’enregistrer avant de poser des actions concrètes afin de protéger ce patrimoine. L’enregistrement n’est qu’une façon formelle, mais ce sont les actions qui comptent réellement. Préservons ce patrimoine culturel, car nous avons le devoir de nous souvenir. L’Indépendant vol. IX n°2 p. 18 Pierre Falardeau (1946 - 2009), dix ans plus tard 1 Par Jean - François Veilleux, 35 ans, étudiant au doctorat en études québécoises à l’UQTR, citoyen engagé et membre du conseil d’administration de la Société Saint - Jean - Baptiste de la Mauricie. Décédé d'un cancer le 25 septembre 2009 à l'âge de 62 ans, Pierre Falardeau se servait de sa plume et de sa caméra pour réveiller les Québécois et les Québécois es , les inspirer pour faire advenir leur avenir politique . À l’occasion de l’anniversaire de sa mort, voici un bref retour sur la vie d’un sympathique militant qui n’avait (heureusement) pas la langue dans sa poche! Pierre Guillau me Falardeau, fils d’Alphonse Falardeau (1914 - 1984) et de Jeannine Ouimet, est né le 28 décembre 1946 dans l'est de Montréal et a grandi à Châteauguay. Membre du Rassemble ment pour l’ i ndépendance n ationale (RIN ) dès 1962, auteur de chroniques dans plusieur s journaux et revues dans lesquels il tend à illustrer sa conviction inébranlable de la nécessité voire l’urgence de faire l’indépendance du Québec, il est l’incarnation même de la liberté d’expression. Son style d’écriture mêlant à la fois la réflexion in tellectuelle, le joual et parfois même la vulgarité, est unique. Cependant, son talent de cinéaste va primer sur celui d’écrivain, la caméra n’ayant pas besoin de mots pour faire parler la vérité. Après des études d’ethnologie, c’est par le documentaire qu’il en vient au cinéma, puis ensuite il va s’intéresser à la fiction. En 2004, il fait paraître l’anthologie de ses premiers films (1971 - 1995) réalisés en collaboration avec son grand ami Julien Poulin qu’il a rencontré au Collège de Montréa l vers 1959. Falardeau est à la caméra et parfois endosse la narration alors que Poulin est l’ingénieur de son. Parmi ces chefs - d’œuvre, il y a notamment Continuons le combat (1971), À mort (1972, inédit), Les Canadiens sont là (1973), Le Magra (1975), À f orce de courage (1977, un film sur l’Algérie), Pea Soup (1978), Speak White (1980, ONF), Le temps des bouffons (1993), Une minute pour l’indépendance (1995), Elvis Gratton : président du Comité des intellectuels pour le NON (1995). Entretemps, il réalise a ussi Le Party (1989), une critique virulente et intense sur la violence du système carcéral, 1 Une première version de ce texte , beaucoup plus courte, est parue dans le Zone campus , journal étudiant de l’UQTR en septembre 2014 à l’occasion des cinq années de son décès. ainsi que Le Steak (1992, ONF), un film sur le boxeur Gaétan Hart coréalisé avec sa femme Manon Leriche Grand amateur de sport et de plein air depuis sa jeunesse, il aura au moins réussi à filmer l’une de ses passions. Fidèle à lui - même, il suivra cette quête d’authenticité toute sa vie. C’est peut - être là sa plus grande force : un incroyable dynamisme. À cela s’ajoute une exceptionnelle filmographie politique fala rdienne . Tout d’abord, la trilogie culte des Elvis Gratton (1985, 1999, 2004) rend hommage aux ennemis de la liberté et creuse une réflexion sur le paradoxe du « Q uébécois colonisé» qui idolâtre les États - Unis plutôt que son propre pays, la convergence médi atique (avec plusieurs clins d’œil évidents à Paul Desmarais, André Pratte et John James Charest) et les principes idéologiques un peu trop canadian à son goût de «Radio - Cadenas», selon une expression du député - poète trifluvien Gérald Godin. Ayant goûté à de multiples reprises la censure et les refus de Téléfilm Canada, Falardeau savait de quoi il parlait. Autrement, on retiendra surtout ses films à caractère historique, déjà trop peu nombreux dans le cinéma québécois: Octobre (1994) et son avant - dernier fi lm, le très touchant 15 février 1839 (2000), tous deux mettant en scène le talentueux comédien Luc Picard . I l s’agit de deux sujets tabous qu’il a pratiquement dû autofinancer après des années d’attente, y investissant même une partie de son salaire. Pour Octobre , il lui a fallu quinze ans avant d'avoir un financement . Pour 15 février , c'est d’abord grâce à une campagne populaire de levé e de fonds, avant de finalement re cevoir une subvention de la S odec. Lorsqu’il s’agit de faire connaître le passé du Québec, d’illustrer des pages sombres mais vraies du Canada à propos de notre minorisation, les robinets de subventions gouvernementales sont trop souvent fermés à ceux qui veulent montrer certains aspects de la réalité. « On va toujours trop loin pour ceux qui vont nulle part » affirmait - il haut et fort pour dénoncer les partisans de la L’Indépendant vol. IX n°2 p. 19 soumission, de l’aplaventrisme, de l’opportunisme et du carriérisme. Toutefois, au - delà de la caricature, il faut préciser q ue Pierre Falardeau refusait l’étiquette d’auteur ou d’artiste « engagé » car il disait n’avoir été engagé par personne pour dire ce qui lui tenait vraiment à cœur. F igure unique du cinéma québécois, il savait manier les mots avec adresse et en se donnant toute liberté. En plus d’avoir collaboré à plusieurs journaux et revues – l e mensuel satirique Le Couac , le journal indépendantiste Le Québécois, l’hebdomadaire ICI – il a fait paraître de nombreux livres dont Les bœufs sont lents mais la terre est patiente et, au printemps 2009, Rien n’est plus précieux que la liberté et l’indépendance , sans oublier quelques scénarios inédits aux Éditions du Québécois. Parmi les divers honneurs reçus, outre la récompense d’un Prix Génie du meilleur court - métrage et la sélection pour le Prix Génie du meilleur scénario , on compte le prix L. - E. - Ouimet - Molson (1994) pour Octobre , le prix littéraire Desjardins (1996) pour La Liberté n'est pas une marque de yogourt ainsi que le prix Pierre Bourgault (2009) offert par le M ouvement souverainiste du Québec pour la « défense du peuple québécois ». Polémiste, pamphlétaire, h omme de parole, homme de cœur, Falardeau était déterminé, assoiffé de liberté autant pour son peuple que tous les autres, luttant contre l’oppression grâce aux deux enfants de l’espoir selon S ain t - Augustin: la colère et le courage. « Pierre mérite plus qu’un hommage, il mérite un pays » disait fièrement le comédien Denis Trudel , actuellement député d u Bloc Québécois Falardeau était u n orat eur clair, limpide, capable de capter et de convaincre une foule. Tribun exceptionnel qui « a amené plus de jeunes à la cause de la souveraineté depuis dix ans que tout autre » a également déjà affirmé l’historien Gilles Laporte. À son décès en septembre 2 009, plus de 2 000 personnes ont assisté à ses funérailles à Montréal Le 11 octobre 2009, au Lion d’or, plusieurs artistes et personnalités publiques dont Loco Locass, Denis Trudel, Bernard Landry et Jacques Parizeau s’étaient réunis pour rendre hommage a u cinéaste décédé trop tôt, laissant dans le deuil sa femme et ses trois enfants (Jules, Hélène et Jérémie). Plus récemment, c’est au théâtre La Tulipe plein à craquer que s’est réuni pour célébrer son œuvre et s a vie, acclamé tant par des artistes talentu eux tels qu’Alexandre Belliard, Paul Piché, Émile Bilodeau, Christian Vanasse et Frédéric Dubé que le controversé Pierre - Karl Péladeau! I l est i ncontestablement une personnalité importante de l’histoire contemporaine du Québec . En 2011, German Gutierrez et Carmen Garcia réalisèrent un excellent film intitulé «Pierre Falardeau» (K - films Amérique, 86 min.) qui fut non seulement nominé aux grands prix du cinéma (Jutra s ) dans la catégorie meilleur documentaire mais fut aussi le grand gagnant. À voir ou à revoir absolument. *** Au référendum d’octobre 1995, j’avais seulement onze ans. J’aurais bien voté OUI mais j’éta is trop petit. De mon vivant, j e n'ai pas eu la chance de connaître les Patriotes de 1837 - 38 ni tous les autres militants nationa listes et / ou indépendantistes qui ont donné leur vie pour la cause du Québec - pays comme Jules - Paul Tardivel, Omer Héroux, Armand Lavergne, Henri Bourassa, Joseph - Napoléon Francoeur, René Chaloult, André D'Allemagne, Lionel Groulx, François d'Aquin, Pierre Vallières, Michel Chartrand et sa femme Simonne, Pierre Vadeboncoeur, les Frères Rose, Gérald Godin et sa femme Pauline Julien, Pierre Bourgault, René Lévesque, Gaston Miron, Fernand Dumont... Mais toi Pierre, je t'ai connu. Dès 2005, tu faisais la tournée des Cégep s et je t’ai vu à Drummondville puis à Trois - Rivières. J'ai manifesté dans la rue avec toi , en 2008 , afin de protester contre la perte des 40 milliards de dollars de la Caisse de dépôt ou contre la célébration de la défaite des Plaines d’Abraham 250 ans plus tard . J e t'ai aussi vu en conférence dans quelques villes et j'ai même aidé à te faire venir au café - bar Le Charlot à Trois - Rivières, le 2 avril 2009, pour nous parler avec amour de la patrie. J’ai d’ailleurs publié intégralement cette solide performance sur ma chaîne YouTube. Tu m'as toujours donné du courage, de l'espoir et de la force, choses dont nous avons bien besoin en ces temps troublés , pendant lesquels l’identitaire est confondu avec le racisme , ou le nationalisme (la fierté de sa pro pre culture) avec la xénophobie (la peur des autres) Je comprends de plus en plus pourquoi l’indignation sociale devient nécessaire, car c’est le ferment de « l’esprit de résistance ». Tu nous disais d’ailleurs que « celui qui gagne, c’est celui qui se ta nne en dernier, qui reste debout ». J’ose espérer que dans un siècle ou deux, le L’Indépendant vol. IX n°2 p. 20 Québec sera toujours le premier État français d’Amérique du Nord et indépendant . En ces temps de frauduleuse austérité et d’acharnement contre le nationalisme québécois, le citoyen doit – plus que jamais – défendre tous ses droits et exiger l’exemplarité de la part des élites, mais aussi accomplir ses devoirs pour agir et revendiquer autant la justice sociale que le respect du bien commun, afin d’obtenir une mei lleure société québécoise. Je m' ennuie terriblement de toi ces temps - ci, de ton franc - parler, de ta vision du nationalisme, de ta fougueuse résistance envers le colonialisme, de ton ouverture aux autres peuples en lutte dans le monde, de ton indépendantism e jusqu’au - boutisme ! Déjà dix ans que tu es parti, mais je pense à toi tous les jours. Merci d'avoir donné (comme beaucoup d'autres avant toi) ta vie pour notre cause, celle de la libération du peuple québécois, et d'avoir milité ardemment pour que le Québ ec atteigne enfin sa maturité, sa liberté politique absolue, bref son indépendance. Grâce à toi, nous continuerons ce combat jusqu'à la victoire finale! Repose en paix Pierre. « La lutte pour l'indépenda nce est une lutte quotidienne, faite de petits gestes quotidiens. C'est une lutte à tous les niveaux, dans tous les secteurs de l'activité humaine. Pas seulement une lutte parlementaire. Il s'agit d'être, de vivre. Notre lutte est une lutte pour la culture , dans le sens anthropologique du terme, pas dans son sens réducteur des " zarts zartistiques ". Chaque geste, chaque mot, chaque action, aussi minime soit - elle, qui fait exister la culture québécoise, un peu plus chaque jour, est un fait de résistance, un pas vers la libération. Quel que soit le secteur d'activité, sport, mécanique, agriculture, vêtement ou poésie. Il s'agit d'être le grain de sable dans la machine bien huilée du néo - colonialisme canadian , de l'impérialisme américain, de l'esclavagisme climatisé des multinationales. Courage! » – Pierre Falardeau (1946 – 2009) Notre tournée nationale reprend dès septembre avec les assemblées régionales jeunes. Soyez là!