CHRONIQUES PLUGGED / SIMON CHOSEROT PLUGGED #66 NICK CAVE & THE BAD SEEDS : Wild God ([PIAS]) (30/08) Vers l'avant Nick Cave a occupé nos oreilles pour une longue période, depuis cet été jusqu'à il y a encore quelques semaines, lors de son concert à Paris. Sorti fin août, son dernier album Wild God a été longuement analysé, decortiqué et encensé jusqu'à la scène de Bercy le mois dernier, sur laquelle lui et ses Bad Seeds ont prêché le public français dans une grande fête mémorable. Il faut dire que le disque se prête assez bien à la célébration, tant il semble appeler à l'espoir, la rédemption, autant de thèmes que le compositeur australien n'a jamais autant embrassé que sur ce disque. "We've all had too much sorrow, now is the time for joy", lui chante son fils disparu (ou son évocation) dans la sublime élégie Joy . Guidé vers la lumière, ode au progrès et aux joies de la perspectives, Wild God est épris de manière contagieuse d'un élan vers l'avant.Vrai regard tourné vers l'avenir, l'album comprend même des essais à l'autotune, la présence spectrale qui ponctue O Wow O Wow (How Wonderful She Is) . Toujours teintés d'une mélancolie simple, sobre et jamais radicale, les dix morceaux s'équilibrent, à l'image de la pochette du disque, tenue éloignée de tout excès et dont la simplicité écarte un raffinement inutile. Wild God est une oeuvre collective portée par des voix en communion, parfois alliées dans une euphorie communicatrice qu'illustre parfaitement le final de Conversion , en addition à la note de fin si apaisante, As The Water Cover The Sea, conclusion poétique d'un album qu'on écoutera encore à la sortie du prochain. SKEGSS : Pacific Highway Music (Loma Vista Recordings/ Concord Records/Universal) ( 18/10) Premières vagues Si vous vous retrouviez à écumer les bacs du disquaire de votre quartier, la pochette du nouvel album de Skegss vous taperait forcément dans l'oeil. Dessinée à la main, croisement entre un désert californien et une bataille spatiale éblouissante, le nom du groupe en capitales jaunes et celui du nouvel opus en rouge pourpre... Un joyeux bordel qui convoque déjà l'innocence ensoleillée du nouvel album Pacific Highway Music . Le road-trip auquel nous convie le groupe australien est plus planant que les précédents, et entrouvre la porte à des émotions plus complexes : la quête d'évasion, l'équilibre entre la vie à la légère et la profondeur de certaines pensées... Le tout mis en musique avec l'efficacité du surf-rock chaleureux ponctué des éléments qui font son identité : l'océan dans High Beaming , la route et ce qu'elle promet dans Brain On The Highway , ou la cheyenne de... Stuck In Cheyenne. GEORDIE GREEP : The New Sound (Rough Trade/Beggars France/Wagram) (04/10) Liberté, créativité, réussite Premier projet solo de Geordie Greep, ex-frontman de l'étonnante formation britannique Black Midi, The New Sound réunit les essentiels d'un disque réussi : une communion hallucinante entre les trente musiciens (au total!) qui y ont posé leur patte, une inventivité qui dépasse sans cesse les frontières du genre et et un bol d'air frais pour un mouvement qui pâtit d'une claustration dans ses limites. Imprégné des essais jazz-fusion et rock-expérimental déjà mis en place avec Black Midi, Geordie Greep endosse ici le rôle d'un guide animé par une transe passionnante. Ses paroles concurrencent l'extravagance des compositions, prononcés par un personnage déséspéré, quasi- mystique, et qui ne fait que brouiller la limite entre réel et fantasmé. Cette interprétation si intense justifie l'élan de Greep vers des travaux solo, tant on imagine difficilement son groupe à l'arrêt porter The New Sound avec justesse. Ce premier objet passionnera les aficionados mais, plus important, séduira les non-initiés. FATHER JOHN MISTY : Mahashmashana (Bella Union/[PIAS]) (22/11) Douce introspection Ex-membre de Fleet Foxes, Poor Moon, The Lashes, musicien pour Jesse Sykes ou Damien Jurado, comptant des collaborations avec Lana Del Rey ou Kid Cudi, cerveau derrière les noms J. Tilman et bien sûr Father John Misty, le musicien américain est l'un des plus prolifiques du genre, et son identité déjà bien marquée. C'est donc sans grande surprise qu'on écoute avec plaisir son nouvel album empreint de l'arrivée de l'hiver et d'une douceur harmonieuse qu'on lui attribue sans peine. Quête d'identité, recherche du soi, prise de recul ; autant de thèmes introspectifs que Tilman aborde avec sincérité, parfois même avec ferveur comme dans le surprenant Screamland , parfois plus subtilement comme dans la clôture apaisée du disque. Reste le titre énigmatique, un mot sanskrit qu'on traduirait par "grande terre de crémation"... à chacun son intérprétation. A noter la familiarité entre She Cleans Up et le tube des Viagra Boys Punk Rock Loser , que Tilman assume sans broncher, créditant même le groupe suédois comme co-auteur de la chanson. PLUGGED #65 WUNDERHORSE : Midas (Communion) (30/08) Des chansons en noir et blanc Attendue au tournant après le succès de leur premier album, la bande de Jacob Slater n'a pas déçu. Il faut comprendre la recette, avant de se laisser bercer par les mélodies mystiques qui accompagnent les sons bruts si anglais que confèrent les nouveaux morceaux de Wunderhorse. Les singles sortent du lot : Midas , Silver , Rain , Arizona ... Puis d'autres morceaux sonnent différemment : Cathedrals , excursion Pixies- esque , ou Aeroplane , longue ballade lancinante qui ferme le disque. La mélancolie du pop-rock anglais est moins mise à l'honneur que l'harmonie entre les quatre musiciens, qui font (tous ensemble) les choeurs du refrain de Girl . Il faut finir en mentionnant Paul Johnson Rojas, auteur de la sublime pochette, qui ressemble tellement au ton du groupe : toujours en mouvement, un bout d'énergie pure mise sur disque. THE BUG CLUB : On The Intricate Inner Workings Of The System (Sub Pop/Modulor) (30/08) Eternelle première fois Bien que le nouveau disque de The Big Club soit leur cinquième en moins de trois ans, cette dernière mouture des talents respectifs de ses membres a tout d'une première oeuvre. On The Intricate Inner Workings Of The System , onze titres et une durée de moins de trente minutes, exsude l'innocence d'un debut album , quand les morceaux s'enchaînent sans réel cohérence, si ce n'est celle d'être guidée par ses envies et pulsions. D'où une ouverture tout en power chords et batterie bûcheronnée, suivie d'un milieu de disque plus influencé par le lo-fi, puis d'un passage refroidi par la cold wave des eighties, avant un final qui ferme la boucle et revient aux inspirations punk. Quality Pints déchaînera les premiers pogos, Better Than Good émouvra les premiers amateurs du Velvet Underground , et on lancera Actual Pain pour respirer un dernier bol d'air avant de retourner dans le mojpit que lance le dernier morceau de l'album, éponyme. PLUGGED #64 VILLAGERS : That Golden Time (Domino Records/Sony Music) Sorcellerie sur partition A la grande lignée des songwriters irlandais, Conor O'Brien apporte depuis plusieurs années une touche de modernité à la tradition folk. Il faut écouter le premier morceau du nouvel album de Villagers, et y entendre le très léger vocodeur utilisé pour déformer la voix du chanteur. C'est à une minute et vingt-huit secondes, et le morceau Truly Alone apparaît déjà comme l'intro la plus mystique d'un disque du groupe. Les notes au piano évoquent les travaux de Thomas Newman, la basse prend de plus en plus d'espace jusqu'à un temps laissé en suspens qui clôt le morceau. On tient, en une chanson, une formule de sorcellerie mise sur partition. Puis l'album se déplie en une lignée de morceaux moins noirs, dans un élan qui revient aux ballades plus lumineuses auxquelles nous ont habitué le groupe. Plus ancré encore dans des morceaux folks orchestrés, le disque est même moins surprenant au fur et à mesure qu'il se déploie. PLUGGED #63 VAMPIRE WEEKEND : Only God Was Above Us Importance de texture. Le dernier album de Vampire Weekend s'écoute la fenêtre ouverte, et casque sur les oreilles, pour apprécier le nombre incalculable de détails d'arrangements, de sons vintage, d'emprunts à des pièces classiques, et d'un sound design magistral. Chaque morceau trouve une texture qui lui est propre, tantôt métallique et âpre, tantôt rebondissant et doux mais jamais inintéressant. C'est nouveau, et la voix souple d'Ezra Koenig crée l'illusion d'une œuvre du futur, un son qui n'appartient qu'à la décennie à venir. L'époque gentillette du premier effort est déjà loin, et la pochette d' Only God Above Us traduit seule les influences 90's mixées aux prouesses de mixage et de composition bien contemporaines. Vive les albums neufs comme celui-ci, et vive « Mary Boone », dont la ligne de batterie donne à espérer que l'été durera toute l'année. BILLIE EILISH : Hit Me Hard And Soft B-L-U-E Chaque sortie est un événement mondial, chaque concert une réunion sans pareille, chaque déclaration ou prise de parole fait l'objet d'études poussées. L'aura de Billie Eilish n'a jamais été d'aussi grande ampleur, et c'est encore plus vrai quelques semaines après la sortie de son troisième album, Hit Me Hard And Soft, au titre paradoxal et reflet du ton global du disque. Éprise d'une sage fatigue ou décidée à quitter définitivement l'adolescence, la jeune chanteuse prend la tangente et s'éloigne des inspirations du disque précédent pour revenir curieusement aux pulsions de ses débuts. Oui, When we Fall Asleep, Where do we go? était empreint de la voix d'une éphèbe, mais l'expérience accumulée se marie à la perfection avec les doutes et les travaux de son frère Finneas, déjà deux longs formats en arrière. Lui s'est bien entouré, et s'est même surpassé. À noter la présence palpable d'Andrew Marshall, batteur en tournée pour Billie, et ici pièce maitresse de l'album. BLUE conclut un nouveau chapitre de la vie de Billie Eilish et donne à penser que l'heure n'est plus à la plaisanterie, mais au questionnement, jusqu'à la prochaine chanson. Et quand pourrons-nous entendre la prochaine chanson? BLEACHERS : Bleachers Pop spring-steen-esque On se rappelle des élans pop du premier album de Bleachers et de « Wild Heart », qui ouvrait Strange Desire. Premier effort du projet solo de Jack Antonoff, le disque transpirait une simplicité tout droit sortie des années de tournée de fun., formation précédente du musicien. En plusieurs élans et un paquet de collaborateurs passés par les sessions d'enregistrement, l'identité sonore de Bleachers s'est densifié, inspirée par les collaborations annexes d'Antonoff; Lana Del Rey, Janelle Monae ou Taylor Swift et un album pour lequel il a gagné le Grammy de Producteur de l'année en 2024. Ses carrières parallèles aux côtés d'illustres voix se nourrissent et s'inspirent, dans la lignée du « songwriting à l'américaine » qu'il défend dans les pas de son non-moins illustre modèle, Springsteen. Reste Bleachers, dernier album éponyme de la formation, comblé par les ballades pop qu'Antonoff a gardé pour lui, les épopées springsteen-es-ques illustrées notamment par « Modern Girl », hymne dansant et saxophoné. A noter la présence de Bartees Strange, Lana Del Rey, Margaret Qualley ou Clairo, autant d'invités que de voix qui donnent à Bleachers son identité si marquée. CAGE THE ELEPHANT : Neon Pill Plus porcelaine qu'éléphant... Après la prouesse qu'était le quatrième album Tell Me I'm Pretty (notamment produit par Dan Auerbach, gage de qualité), Cage The Elephant a troqué la guitare du leader des Black Keys pour un caméo vocal du doux Beck sur Social Cues , sorti en 2019, et au ton plus sombre marqué par le divorce du chanteur Matt Shultz. Il en reste une embardée contrefaite et loin des faits d'armes les plus passionnants du groupe, que semble justifier le retour à un caractère sec et impactant en la forme de Neon Pill, publié en mai. Dès « HiFi (True Light) », aux paroles qu'on pourrait attribuer à David Byrne période Speaking In Tongues , c'est toute une histoire de leur carrière que Shultz ressuscite en quelques phrases. L'héritage des Pixies sur « Metaverse », l'attitude punk « batcave» de « Ball and Chain », puis la conclusion « Over Your Shoulder » et l'élan existentialiste pris par la formation américaine... C'est donc ça la sagesse ? PLUGGED #62 YARD ACT : Where's My Utopia? (Island/Universal) (01/03) Une question de sensation " We could all die any day, But before I'll let that happen, I'll dance my life away ". Les paroles que scande Prince dans 1999 se prêtent plutôt bien au ton du nouvel album de Yard Act : Where's My Utopia , ou un regard sarcastique sur un monde qui dérape et inspire un lot de productions loin d'être inintéressantes. Il y a les premiers morceaux très british, qui invoquent un univers en proie à la détresse et l'illusion, que talonnent les productions plus classiques que sont The Undertow ou Dream Job , qui évoque les beaux jours des Talking Heads. Puis vient Blackpool Illuminations, passionnant récit dans lequel James Smith troque son chant pour un spoken-word mystique. Et, quand une voix l'interrompt pour lui demander s'il improvise son texte, il répond "quelques passages, oui" et rappelle à l'auditeur que tout est une question de spontanéité, de groove et de sensation. Le dernier morceau A Vineyard for the North caresse l'idée de voir un jour Smith rapper, et le reste du groupe se renouveller autant qu'ils le font sur cet album, qu'on a hâte d'écouter en live. MGMT : Loss Of Life (Mom & Pop Rds/Universal) (23/02) Album-fable Dès les premières secondes de Loss of life (part2) , morceau qui ouvre l'album, on ne peut que se demander quel va être le ton du nouvel opus de MGMT. Une voix enchevêtrée dans un imbroglio psychédélique claironne un fameux poème anglais à l'auteur inconnu : I am Taliesin. I Sing Perfect Metre , dans lequel le protagoniste se proclame comme un être à la fois mystérieux et puissant, détenteur de connaissances ésotériques et capable de captiver les esprits avec son art poétique : un barde, figure à travers laquelle Andrew VanWyngarden et Ben Goldwasser rappellent l'honorable mission des artistes qu'ils représentent. Il faut cette introduction pour faire raisonner les morceaux qui suivent, dès Mother Nature jusqu'à la conclusion éponyme de l'album. L'homogénéité contestable qui lie les morceaux est excusée par l'exploration claire d'un son folk évolué et modernisé, mis en évidence dans les envolées de Nothing Changes . "Loss Of Life" semble offrir une synthèse de leurs différentes périodes créatives, combinant les éléments accrocheurs d'"Oracular Spectacular" avec la maturité artistique et l'expérimentation de leurs travaux ultérieurs. Les mélodies sont envoûtantes, les arrangements sont complexes et les paroles sont empreintes d'une introspection et d'une obscurité qui rappellent certains aspects de l'album éponyme "MGMT" ou "Congratulations". FRANK CARTER & THE RATTLESNAKES : Dark Rainbow (Awal/[pias] (26/01) Qu'on passe d'un riff explosif à une ballade contemplative, c'est un mélange d'influences punk, alternative et hardcore qui compose le dernier disque de Frank Carter & The Rattlesnakes. Ce cinquième album sombre et introspectif confirme que le groupe ne carbure qu'à une chose : l'urgence. Son ouverture semble ciselée par le riff de Honey , qui ne laisse aucun autre choix que celui de plonger dans un voyage d'à peine quarante minutes : de Man Of The Hour aux autres parades musicales qui composent l'album, d'un American Spirit proche d'une ballade punk " Led Zeppelé", à l'ego-trip vitaminé qu'est Superstar ... Jusqu'à sa conclusion, la musique dessine le ton vulnérable de l'album, que chaque chanson s'applique à étoffer. Bref, il y a, jusqu'à la dernière minute de "Dark Rainbow" une envie de ramener le néo-punk à ses racines, de superposer aux guitares déformées une voix qui fait ravage depuis le milieu des années 2010. On s'y croirait. THE LAST DINNER PARTY : Prelude To Ecstasy (Virgin/Universal) (02/02) Dans "Prelude To Ecstasy", il y a les tubes, que My Lady Of Mercy ou Nothing Matters représentent dans toute la splendeur d'un mainstream contrôlé, et les expérimentations audacieuses, plus nombreuses qui donnent sa couleur au premier album de The Last Dinner Party. La formation londonienne aura attendu trois courtes années pour sortir leur premier projet conséquent, un 12- titres qui explore presque autant de thèmes qu'il contient de chansons, et autant de tentatives d'explorer une réelle narration. Le fil rouge que composent les morceaux, -d'un mot qui se répète entre deux pistes à une boucle qui se boucle dans ses derniers moments, se défait durant toute sa durée. Puis la conclusion, les affres de la solitude et la figure fantomatique que décrit Mirror, se clôt en une phrase qui est inévitablement liée au premiers instants du disque ; o n a même droit à une réelle ouverture qui donne un sens au lexique classique de son titre, un prélude qui ouvre le premier album, qu'on espère celui d'une longe série. PLUGGED #60 Egyptian Blue – A Living Commodity Promesse au firmament du rock anglais L'effervescence entourant la sortie du premier album d'Egyptian Blue, "The Living Commodity", résonne comme un éclat prometteur dans le paysage rock actuel. Sillonnant le succès de leurs prédécesseurs britanniques, le quartet émerge avec une maîtrise exceptionnelle de son art, tissant une toile sonore qui évoque le ciel nuageux anglais et les rues animées de la banlieue de Brighton. Chaque chanson s'emboîte dans un ensemble harmonieux, révélant une profondeur émotionnelle et une complexité musicale qui dépassent les attentes. Les rythmes percutants, les guitares abrasives et les paroles évocatrices transportent l'auditeur dans un voyage captivant à travers les nuances de la vie quotidienne. La créativité débridée dont font preuve Leith Ambrose, Luke Phelps, Jacob Wayne et Andy Buss incarne l'esprit du rock anglais contemporain tout en s'affirmant comme une entité unique. The Living Commodity est bien plus qu'un album inaugural ; c'est une déclaration d'intention. Egyptian Blue érige une œuvre qui transcende les attentes, unissant avec habileté l'héritage du rock anglais à une vision musicale fraîche et passionnante. C'est une immersion dans l'effervescence créative d'un groupe prometteur, marquant le début d'une odyssée musicale qui promet d'illuminer le ciel du rock britannique The Drums – Jonny Odyssée solitaire vers l'avenir Seul à la barre des Drums depuis 2017, Jonathan Pierce semble avoir trouvé avec "Jonny" un équilibre cohérent, dans lequel cette reconfiguration s'exprime de manière poignante, et à travers lequel la solitude trouve sa place, en un thème central. Les chansons d'amour mélancoliques qui ont défini l'esthétique du groupe sont teintées d'une nuance plus sombre, capturant la solitude personnelle de Pierce. Les paroles résonnent avec une honnêteté crue, évoquant le poids de l'isolement. L'album, tout en rappelant inévitablement les travaux précédents du groupe, présente un nouveau son qui s'affirme comme une évolution naturelle. Les mélodies accrocheuses sont toujours là, mais elles sont imprégnées d'une profondeur émotionnelle supplémentaire. La production ingénieuse et la voix distinctive de Pierce se combinent pour créer une expérience sonore captivante, laissant entrevoir le potentiel d'une nouvelle ère pour The Drums. "Jonny" devient ainsi un objet musical qui cristallise non seulement la transition du groupe vers une formation solo, mais aussi la capacité de Pierce à transformer la solitude en une force créatrice. Cet album sert à la fois de rappel émouvant des racines du groupe et d'une promesse audacieuse pour l'avenir. The Drums, avec "Jonny", continue de redéfinir son identité musicale, laissant présager une nouvelle ère de mélodies indélébiles et de poésie introspective. Maple Glider – I Get Into Trouble Voyage mélancolique Le dernier ouvrage musical de la chanteuse australienne Maple Glider, est un équilibre délicat entre la douceur des sonorités indie américaines et une voix envoûtante, déjà mise à l'honneur dans son premier album To Enjoy Is The Only Thing . Mais I Get Into Trouble se distingue par sa capacité à fusionner la mélancolie des ballades de Widowspeak et l'audace lyrique de Blitzen Trapper, créant ainsi un projet qui résonne dans une harmonie rare. Captivant dès les premières notes, enveloppant l'auditeur dans une atmosphère réconfortante, l'album évoque presque une nostalgie mystérieuse envoûtante. La voix ensorcelante de la chanteuse est doublée d'un second degré intéressant, avec lequel elle décrit des épisodes douloureux (ou non) de sa vie. C'est cette combinaison de vulnérabilité et de perspicacité qui confère un charme particulier à chaque piste de l'album. Chaque chanson semble être une fenêtre ouverte sur l'intimité de Maple Glider, invitant l'auditeur à partager les vicissitudes de l'existence. Dans cet album, elle réalise l'équilibre délicat entre la beauté mélodique et la profondeur émotionnelle, créant un voyage sonore captivant. King Gizzard and the Lizard Wizard – The Silver Cord Pionniers transcendants "The Silver Cord" est une énigme musicale, une expérience à la fois fragmentée et homogène. Les sept chansons qui composent le nouvel opus de King Gizzard & The Lizard Wizard peuvent être appréciées individuellement, mais lorsqu'elles sont fusionnées dans la piste de 28 minutes, créent une odyssée sonore immersive. King Gizzard offrent à leurs auditeurs une liberté d'interprétation inédite. Continuant de repousser leurs limites, le groupe australien se désintéresse de sa réputation en ne cessant jamais d'explorer de nouveaux horizons sonores, et cet album est une illustration éclatante de leur audace. Le vaste fossé entre le rock et la musique électro n'a plus sa place. "The Silver Cord" est une alchimie parfaite de les deux mondes, une fusion magistrale qui propulse le groupe vers de nouveaux sommets de créativité, les érigeant en pionniers d'une ère où la frontière entre les genres est une invitation à l'exploration. Leur quête inlassable d'expérimentation et leur capacité à transcender les attentes suggèrent que, comme d'autres avant eux, ils pourraient bien accéder à une popularité universelle, consolidant ainsi leur place dans l'histoire de la musique contemporaine.